Experien-
•ce fur l’ë-
leftricité.
Conduiieur
poitatif.
voue que je ne me ferois pas attendu h voir fortir de -la boui
che de ce Berger, un argument contre la- liberté d'indifférence;
§ .' 2 9 4 . C ’ e s t fur le fommet du Môle que je f is , le
Juin 1 7 6 6 , une expérience ïntérefiante fur l’Eleciricité. Jf,
Ami L u l l ïn , digne Membre d’un de nos Tribunaux de Ju.
dicature , m’avoit prié de préfider à des T h e fe s , qu’ il vouloit
foutenir fur l'Electricité. Il étort alors Etudiant en Philofophie;
& fes fuecès dans les études annûnçoient déjà ce que fa Patrie
Üevoit attendre de fon zele & de fes talens. Pour que nos
Thefes ne 'faffent pas une fimple Compilation, nous fîmes en.
femble des recherches nouvelles fur l’E ledricité.’ Nous en
fîmes en particulier fur l'électricité de l ’a i r , au fommet des
montagnes.
J ’im a g in a i pour cela de faire d’une canne à pêcher d'Ang
le te r re , un conducteur portatif. ; Grt connoît ces cannes; elles
font coriipofées dé plufieürs baguettes de coudrier éVüidées, qui
rentrent les unes dans les autres, & forment ainfi une gfoifc
Canne de 4 pieds dë longueur ; mais quand on met ces baguettes
bout à bout, elles donnent une perche de i ç à i i pieds de
hauteur. Une pointe de fer que je fichois en terre ,. portait
un petit cylindre de bois féc'hé au four & vernis , fur lequel
s’implantoit la canne, qui étoit ainfi ifolée. Trois fils de foye
attachés , par un b o u t , au haut de la première divifion de h
canne, par l ’autre, à de petit crochets -fichés en terre; & tendus
fortement dans des diredions oppofées, rendoient tout cet
appareil très-folide. Enfin un petit éledrometre , r e n fe rm é :dànis
une bouteille, m’indiquoit malgré l’agitation de P a ir , l’éleftri-
Cité même la plus foibie,
- J’ÉRIGEAI
J’érjgeài donc ce condudeur fur lé fommet du Môle., & je
js communiquer fa pointe métallique avec une petite barre
de fer blanc ifo lé e , dont je pouvois commodément éprouver
l’électricité. I l étoit environ 10 heures du matin, il foufloit
un petit vent de S u d , le tems étoit parfaitement fè r e in , à l ’exception
de quelques nuages épars. L e S o le il, dont les rayons
frappoient la m on ta gn e , faifoit de tems en tems fortir de fon
pied , & des prairies qui font au deifous de la pointe , de petits
nuages blancs, qui montoient lentement en rafant la furfape
de la montagne, venoient palfer à,la pointe, & de là :s’élevant
verticalement, ou fe diifipoient en fe dilfolvant dans l’a i r , ou
alloient fe joindre aux autres nuages qui ilottoient au deffus de
nos têtes. Dans les intervalles où aucun nuage ne paifoit auprès
du co n d u d eu r, il ne donnoit aucun figne d’éledricité ;
de même lorfqu’un de ces nuages étoit allez grand pour envelopper
tout le condudeur depuis fa pointe: jufques à te r re ,
l’éledrometre demeuroit dans un repos parfait: mais quand il
venoit rafer la pointe du co n d u d eu r, ou même palfer un
peu au deifous d’elle fans toucher en niême tems. à terre ;
alors nous appercevions des lign es, foibles à la vé rité , mais pourtant
indubitables, d’éledricité.
C e t t e expérience me parut intéreffante, parce qu’ elle fem-
bloit donner quelqu’accès à la ; connoilfance de la caufe qui
produit l’éledricité dans les nuages. Celle de ces petites
nuées paroilfoit s’être formée par leur palfage au travers de
l’air; car elle ne pouvoit pas venir de la terre, dont elles for-
toient, ni même s’être produite dans le moment de leur formation;
puifque toutes les fois que le nuage étoit contigu à la
terre, il ne donnoit au condudeur aucune éledricité. Je con-
jedurai donc que c’étoit ou le frottement du nuage contre
H h
Electricité
'ds nuages
nouvellement
formés
®