On ne voit
pas reifortir
les corps légers
qui flot-
toient au
deffus de la
perte.
Pourquoi.
mais comme le canal qui le renferme, continue d’étre extrêmement
profond , comme ce canal n’a vraifemblablement pas
beaucoup de pente , fes e a u x , à l’endroit où l ’on commence à
les re v o ir , paroiffent prefque ftagnantes ; on y remarque feulement
quelques légers bouillonnemens ; ce n’eft que peu à peu
& à une certaine diftance, que le Rhône reprend la rapidité
qui le caraétérife.
O n dit qu’on a eflayé de jetter des corps légers' dans le
Rhône , pour Voir fi ces corps relfortiroient a v e p 'le s eaux,
mais que jamais on n’a pu en revoir aucun. O n dit même
qu’on y a jetté un Cochon v iv a n t, comme un des animaux
terreftres les plus habiles à la n a g e ; mais qu’il n’â point
rèparu. ' f «
O n devoit bien prévoir que ce pauvre animal feroit écrafé
contre les rçchers entre lefquels ' le Rhône fe pré cipite , &
qu’ainfi fon habileté à la nagé ne pourrait le préferver de la
m o r t, ni le ramener à la furface de i ’eau. Quant aux. autres
corps que leur légéreté feule devroit ramener à f lo t , il faut
confidérer que le Rhône ne reparoît pas tout entier dans une
feule p la c e ; mais que relferré comme il l ’eft dans une fente
é tro ite , fes eaux acquièrent une très-grande vîteffe, & remontent
par des lignes o bliqu es , dont plufieùrs s’écartent beaucoup
du premier endroit où l’on commence à le revoir. D ’ailleurs
ces eaux doivent prendre dans ces gouffres profonds, dès rnou-
vemens de tournoyement , qui ôtent pendant long-tems aux
corps lé g e r s , le pouvoir de remonter à 'la furface; & comme
cependant elles fuiventë toujours la pente qui lés entraîne, ces
corps ne peuvent fyrnager qu’à de grandes diftances. Il n’eû
donc pas étonnant qu’on ne les ait pas vu reffortir auprès de
l’endroit où le Rhône commence à renaître.
§. 4.06. Si l ’on'demande la raifon de ces excavations profondes
que le Rhône a formées dans ces rochers . je croirai
pouvoir la trouver dans la nature même de la pierre dont
ces rochers font compofés. C’ eft une Pierre ca lcaire , qui fe
ramollit dans l’eau , & qui par con féqu ent, fe laiffe ronger
par elle avec beaucoup dé facilité. Cette difpofition de cette
pierre, fe manifefte de mille maniérés différentes.
Q j ja n d on eft defcendu fur la co rn ich e , & qu’on côtoyé
les parois intérieures du grand c a n a l, on voit les rochers qui
forment ces parois , ramollis par les eaux . qui diftillent des
terres qui les couvrent, s’exfolier d’eux-mêmes , & les feuillets'
qui s’en détachent, fe brifer | entre les doigts.-
C’est le peu de folidité de c e tte , pierre, qui eft caufe qu’il
s’en détache ces grands fragmens, fous lefquels le Rhône fe
perd. L e pont que l’on avoit cru bâtir avec folidité, fur les
grandes affifes de rochers qui bordent le cana l, s’éboula il y a
quelques années avec les rochers qui le p o rta ien t, & l’on a
été obligé de le reconftruire plus h au t, & de l’affeoir fur une
large bafe -de maçonnerie.
L a facilité de ces rochers à fe laiffer ronger par les eaux,
fe manifefte encore par un nombre de trous ou de puits ronds,
de plufieurs pieds de la rg eu r , & d’une grande profondeur,
que l’on rencontre en divers endroits fur les bords du grand
canal. .
T t i
La nature
de la pierre
eft la caufe
des profondes
excavations
j du
Rhône.
Exfoliation
des rochers.
Leurs éboa-
leraens.
Puits creti-
fés par les
eaux.