I/érofmn
des eaux les
a féparées.
Veftiges de
ces érofions.
& elles s’écarten§»comme celles du Jura, environ de i <; degre's
de la ligne verticale, pour defcendre aufli du côté du Levant
L a pofition de ces couches eft fi remarquable, elle eft fi
finguliérement & fi précifément déterminée, qu’elle prouve à
mon g ré , autant qu’une chofe de ce genre puifle fe prouver,
que le Vouache & le Jura étoient anciennement unis , ne
formoient qu’une feule & même montagne, & ne laifloient
par conféquent aucun paflage, aux eaux renfermées dans notre
baflïn.
M ais comment cette ouverture s’eft-elle formée ? Une fecoufle
de tremblement de terre eft une explication commode ; mais
c’eft prefque le Deus in machina ; il rie faut l’employer que lort
qu’on en voit des indices indubitables, ou lorfqu’il ne refte
aucune autre explication. Ici nous pouvons, je crois, nous
en paifer ; il fuffit que le haut de la montagne ait été un peu
plus abaiiïe dans cet endroit, qu’elle ait formé là une efpece
d e gorge ; les eaux auront pris cette route', & auront peu-à»
peu rongé & excavé leur lit, jufques au point où nous le
voyons.
, J a i cherche les traces de ces érofions ; j’ai côtoyé le lit du
Rhône, en defcendant depuis l’endroit où il commence à ferrer
de près les rochers du Jura, jufques au deffous du Fort. J’ai
vu avec plaifir les larges & profonds filions, qu’il a gravés fur
ces rochers calcaires. On trouve fur un rocher au defifus du
Rhône , entre Colonge & le Fort de l’Eclufe , une ancienne
mafure, que les gens du pays nomment le Château de la Folie.
Le . Rhône mouille le pied du rocher qui fert de bafe à cette
mafure, & c’eft là fur-tout que l’on peut obferver quelques
traces d’une partie de la hauteur à laquelle le Rhône s’eft anciennement
élevé. La plus remarquable de ces traces eft un
fillon creufé dans le r o c , à-peu-près horizontalement. Ce
fillon a 4 ou <j pieds de hauteur, & forme dans le roc
une excavation profonde au moins de deux pieds; fes bords
8c tous fes contours font arrondis, comme le font toujours
les excavations produites par les eaux. 11 eft fitué à plus de
20 pieds au deffus du point où s’élève aujourd’hui le R h ôn e ,
dans le tems de fes plus hautes eaux.
J ’ e s p é r o i s qu’en remontant directement des bords du Rhône
I au Fort de l’E c lu fe , je verrais fur des rochers plus é levés, de
i femblables traces de l’érofion des eaux ; j’ai bien vu en effet
que tous ces rochers étoient émoulfés & arrondis ; qu’ils montraient
même quelques excavations horizontales, que l’on pourrait
regarder comme des filions creufés par les eaux: mais je
[ n’ai pourtant rien trouvé qui fût abfolument décidé & démonf-
| tratif. Sur le V o u a ch e , à l’oppofite d u - F o r t , on ne voit pas
non plus de filions bien marqués ; mais cependant on y re-
i marque de grandes échancrures, dont la concavité regarde le
lit du R h ô n e , & qui font peut-être d’anciens veftiges de fes,
i éroiions.
Au re fte , lors même qu’il feroit certain que le paffage
de l’Eclufe a été formé par l’action des e a u x , il faudrait
plutôt s’étonner de trouver des traces de cette aétion- que
de n’en trouver pas. Les injures de l’a i r , les p lu ie s , les
ruiffeaux qu’elles forment, d o iv en t, dans, l’efpace de tant de
fiecles, effacer peu-à-peu ces veftiges : ils ne peuvent fubfifter
que fur des rochers très-durs & taillés à p ic , cornme celui du
Château de la Folie & d’autres qué nous verrons dans la fuite.
Ces ve&î-
ges ne peuvent
Te cotv
fer ver qu©
fur des faces;
verticales