Beaux
points de
vue du haut
des Voiions.
le Thaliürum aquilegifolium , & c . ; & une grande variété de
M ou fle s , de Jungermannia, de L ich en s , de Champignons : j’y ÿ
cependant autrefois trouvé la Lirm <ea, qui rïeft pas commune
dans nos mon ta gn e s, mais je ne fais fi on l ’aura détruite ea
abattant des fo rê ts , au moins n’a i - je pas pu la retrouver.
L e feul animal un peu rare que j’aye vu fur cette monta
g n e , c ’eft la jolie Méfange h u p p é e , Lams crijlatus, qui vol.'
tige dans les forêts de fapins, & vit des petits fruits de leur cônes,
§. 2 78 . O n a du haut des V o iro n s , divers points de vue
intéreflans. D u . C o u v en t , on voit a gauche le Lac qui fe
préfente ici dans toute fa la r g e u r , fous la forme d’un grand
baflin ; on diftingue fur fes bords E v ian , T h o n o n , la riche &
fameufe Chartreufe de R ip a ille , qui a dû exciter bien forte-
ment l ’envie des pauvres Bénédictins, fi l’envie peut entrer dans
le coeur d’un Religieux. Plus près du pied de la montagne,
on découvre le coteau de B o ify , qui forme de là un très-
jo li point de vue.
À droite , on voit la première chaîne des Alpes,, qui dans
cette p ar tie , n’ eft féparée du Lac que par -des collines ; &
comme cette chaîne eft moins élevée que le fommet des Voirons
, & que les chaînes qui l a ; fuivent ne s’élèvent que par
gradations, on plonge de ce côté fur un entallement de monta
g n e s , étonnant pour ceux qui ne font.pas accoutumés à ce
genre de fpeâacle.
E n t r e les Alpes & le L a c , on voit la plaine dû Chablais,
au milieu de laquelle les deux petites montagnes des Alinges,
Yues en ra ccou rci, paroiflent deux pyramides ifo lé e s , quoiqu’elles-
1 foient alongées fuivant la direction du Lac : elles font calcaires,
1 & leurs couches defcendent vers les A lp e s , comme prefque toutes
¡celles de la chaîne extérieure.
Le plus haut point de la montagne eft élevé de 1 19 toifes
iau deflus du Lac. Les Moines l’avoient baptifé le Calvaire:
[il eft couvert d’une forêt de fapins fi épaiffe, que l’on ne peut
[point y jouir de la vue. Mais en continuant de fuivre la
Ifommité de la montagne , on a çà & là des échappées très-
Jfarillantes. . O n pafle au bord d ’un précipice d’une hauteur
jprodigieufe, tourné du côté du L a c , que l ’on nomme le faut
Me la pucelle. On prétend qu’une fille dont la vertu étoit in-
Ijuftement foupçonnée, voulut b ie n , pour prouver fon inno-
Icence, fe foumettre à l ’épreuve de ce fa u t , & que grâces à la
[Madonne qu’elle avoit in voqué e , elle arriva foutenue par des
Anges, faine & fauve au bas de la montagne.
Comme le fommet des Voirons eft très-étroit, on a en di-
Ivers endroits la vue des deux côtes ; mais la plus belle fitua-
I t io n , je ne dis pas feulement des V o iro n s , mais peut-être de
Itoutes nos montagnes-, eft celle d’une petite fommité ifolee ,
qui eft à l’extrémité la plus occidentale de la montagne , au
raidi & au deflus du Chalet de Pralaire. D e ce point on découvre
à fa droite , le Lac & toute la plaine qu’il arrofe; à gaucheries
grandes Alpes ; devant foi la vallée des Bornes, qui s’élève en
amphithéâtre : les yeux arrivent à ces grands objets, & en retiennent
par des gradations charmantes ; à droite l’oeil defcend
au Lac par une pente douce & cu ltiv é e , ornée de beaux villages
, qui préfentent des points de vue raproches & champêtres,
& à gauche l’oeil attiré d’abord par la grandeur & la
majefté des A lp e s , vient fe repofer-de ce grand fpeélacle dans
E e a
Point le
plus élevé
de la m o n tagne.