Terraffe au
fommet de
la Dele.
Fête: qui
fe célèbrent
fur cette ter-
rafle.
tout-à-coup la fuperbe vue du Lac & de fes bords, riants, cul.
tivés, couverts de petites villes & de beaux villages.
§. 3 O n trouvé au fommet de la D o le un terre-plein
allez étendu, qui forme une belle terraffe, couverte d’un tapis
de gazon.
C e t t e terraffe e fl depuis un tems immémorial aux deux
premiers Dimanches d’Août, le rendez-vous de toute la jeu.
neffe de l’un & de l’autre fe^e des villages du Pays-de-Vaud,
qui font fitués au pied de la Dole. Les Bergers des Chalets
voifins réfervent pour ces deux jours, du lait, de la crème,
& préparent toutes fortes de mets délicats qu’ils favent corn-
pofer avec le fimple laitage.
O n goûte là mille plaifirs variés ; les uns jouent à des jeux
d’exercice, d’autres danfent fur le gazon ferré & élaftique,
qui repoufTe avec force les pieds robuftes & pefans de ces
bons Helvétiens. D’autres vont fe repofer & fe rafraîchir fur
le bord du rocher, jouir du beau fpeétacle qu’il préfente. L ’un
montre du doigt le clocher de fon village, il reconnoît les
vergers & les prairies qui l’entourent, & ces objets lui retracent
les événemens les plus intéreffans de fa vie. Un autre
qui a voyagé, nomme toutes les villes du pays ; il indique le
paffage du Mont-Cenis, le chemin qui conduit à Rome, cette
ville célébrés même pour ceux qui n’en tirent ni pardons, ni
difpenfes. Les plus hardis font preuve de courage en marchant
fur le bord du précipice fitué de ce côté de la montagne.
D’autres moins vains & plus galants, n’employent leur
adreffe qu’à ramaffer les fleurs qui croiffent fur ces rochers ef-
çarpés ; ils cueillent le Leoutopodium, remarquable par le duvet
cotonneux qui le recouvre ; le Senecio a’p im s , bordé de grands
ra yon s dorés; l’Oeillet des Alpes qui a l ’odeur du Lys; le Sa-
tyritim nigrutn, qui exhale le parfum de la Vanille : & les
échos des montagnes voifines rétentiffent des éclats de cette
I joie vive & fans contrainte, compagne fidele des plaifirs {impies
& innocents.
M a i s un jour cette joie fut troublée par un événement fu-
nefte: deux jeunes époux mariés du même jour étoient venus à
] cette fête avec toute leur nôce : ils voulurent pour s’entretenir
1 un moment avec plus de liberté s’approcher du bord de la
montagne; le pied gliffa à la jeune mariée, fon époux voulut
Ja retenir ; mais elle l’entraîna dans le précipice , & ils terminèrent
enfemble leur vie dans fon plus beau jour. On montre
I an rocher rougeâtre qu’on dit avoir été teint de leur fang.
§. 3 y 7. L e rocher de la Dole 8c ceux des environs, font
de cette pierre calcaire compacte , d’un gris bleuâtre, dans laquelle
on rencontre peu de pétrifications. Mais on trouve en
divers endroits à la furface de ces rochers des couches minces
d’une pierre moins d u re , qui renferme un grand nombre de
corps marins pétrifiés.
S u r le haut du Jura, au pied du monticule de la D o l e , efi:
un rocher femblable en petit à ce monticule, compofé comme
lui de couches qui font coupées à pic du côté du Lac, & qui
I font inclinées en arriéré & fur les côtés. C ’eft fur ce rocher
qu’eft bâti le Chalet de la Dole.
C e même rocher eft recouvert d’une couche de Pierre calcaire
jaunâtre à gros grains, mêlée de fragmens de Térébra-
O o a
Nature dit
Rocher de la
Dole,
Chalet de
la Dole.
Couche
coquilliere'.