Ces couches
n’ont
pas étédref-
fées par le
foulevement
de la montagne..
§. 2 4 1 . M a i s ceux qui feroient difpofés à croire avec I..,
z a r o M o r o & M. P a l l a s , que les montagnes qui s’élèvent
à plus de cent toifes au deflTus de la furface actuelle de la
M e r , ont été ioulevées à la hauteur où nous les voyons,
l ’adion des feux fouterreins, croiroient trouver dans ces cou.
clies perpendiculaires , appuyées contre le pied du Mont
S a le v e , un argument bien fort en faveur de leur fyftême,
Car quoi de plus naturel que de fuppofer, que quand l’effort
des feux fouterreins fouleva cette montagne, une partie de fes
couches fupérieures, féparée & déchirée par cet effort, eft deJ
meurée adhérente au fond du terre in, & s’appuye encore eonJ
tre la bafe de la montagne 1.
P o u r apprécier cette h yp o th e fe , au moins dans ce cas par-
ticulier, j’ai, comparé nos couches verticales avec les bancs fu.
périeurs du Mont Sa lev e , dont fuivant l’hypothefe, elles auraient
dû être anciennement la continuation : mais quoique b
pierre foit également calcaire, & qu’elle foit même générale,
ment d’une femblable efpecU de Marbre groffier, cependant on
y trouve bien des. différences. La plus- frappante & qui eftj
même abfolument décifive, eft celle de leur épaiffeur. Les
couches horizontales du Mont Saleve font par intervalles-, d’une
très-grande épaiffeur : on y voit des bancs épais de plus de
60 pieds , au lieu que nos couches perpendiculaires ont rarement
plus d’un, ou deux p ied s , leur couleur & leur texture,
font un peu différentes de celles des bancs horizontaux ,& on
n ’en voit point qui fe divifent d!elies-mêmes en fragmens rhonr-
boïdaux , comme les grands bancs du haut de la montagne*
Indépendamment- de- ces différences- , on ne pourrait concevoir
, que, des bancs déchirés - & féparés ainff des couebes
fupérieures de la montagne, puffent s’élever à une fi grande hauteur
; les couches fupérieures paroîtroient diminuées d’autant, &c.
Ain s i , quoique je reconnoiffe qu’il y a bien des cas dans
Slefquels on eft forcé de convenir, que des agens fouterreins
sont contribué à donner à des montagnes la fituation dans laquelle
nous les v o y o n s , cependant je ne penfe pas que le
[Mont Saleve foit de ce nombre ; on peut expliquer fa ftruclure
[fans faire jouer ces grandes machines.
! §. 2 4 2 . O n trouve fur les derrières du Mont Saleve , des
[couches d’une matière bien différente de celle du refte de la
jmontagne. Ce font des Grès tendres ou des Molaffes. On
4en voit en divers endroits.
S u r le haut du Grand Saleve, vis-à-vis de Crevin, on rencontre
de grands b lo c s , d’un beau Grès blanc, compofé de
fable cryftallin très-pur, dont les grains ont entr’eux très-peu
jde liaifon. J’ai eu long-tems des doutes fur l’origine de ces
jblocs, parce qu’ils font détachés les uns des autres, & ne pa-
roiffent avoir aucune adhérence avec le fol fur lequel ils re-
pofent. Mais enfin, j’ai trouvé fur les derrières de la montagne
, entre les Chalets qui portent les noms de Grange Tour-
mer & de Grange Gabri, un grand rocher compofé de ce
même G r è s , fuperpofé aux couches calcaires de la montagne.
Ce Grès peu cohérent a été divifé par les injures de l’air en
grandes maffes, qui femblent entaffées fans aucun ordre , & où
l’on a de la peine à retrouver des veftiges des bancs dont il
a été compofé. J’ai pourtant cru reconnoître que ces bancs
plongeoient du côté des A lp e s , comme les autres couches de
la montagne, & fous un angle d’environ 25 degrés. Ces
Aa a
Bancs de
Grès ou de
Molaffe.