C es divifions naturelles font l’effet d’une retraite qu’a pro.
duite le defféchement de la matière, dont la pierre à été
formée ; comme les formes "régulières des Bafaltes volcaniques
proviennent d’une retraite occafionée par le refroidiffement.
Et les formes particulières qùé prennent ces différens corps
dans leurs différentes retraites, font déterminées par la figure
de leurs petites parties, & par la nature de ' leur aggrégation,
de ' §. 4<?y. A une petite lieue de C lu fe , on paiïe au deffous
d’une caverne, fîtuée dans la montagne, à'gauche de la grande
route ; elle mérite de nous arrêter quelques momens. On
voit du chemin fon ouverture, qui reffemble à la bouche d’un
four , & qui -éft fituée au' milieu des efcarpemeûs des couches1
horizontales d’une | m ontagne calcaire. Le village qui eft au
pied de cette ca v e rn e , a re çu d’elle le nom die Barme ou'de
Balme.
--Je la vifttaî pour la première fois le ££<?. Juin 1 7 5 4 ; je
ne crois pas qu’aucun obfervateur l’eut vue avant moi ; je n’en
eus même connoiffanCe que pat un hafard affez fingulier. Un
Berger qui me fervoit de guide dans une courfe que j e faifois
fur le Mont V e r g i , vouloit me prouver qu’il y avoit eu anciennement
des Fées qui étoient fouveraines de tout ce pays ;
& comme je refufois de me rendre à fes raifons, il finit.par
me dire „ Que répondrez-vous, fi je vous fais voir de leurs
ouvrages,, des chofes que des puiffances furnaturelles peu-
„ vent feules avoir exécutées” ?■ Je fus curieux, comme on peut
le croire, de favoit ce que c’étoi-t que ces ouvrages.!
„ Premièrement, dit-il, je vous mènerai dans un endroit 0«
„ elles fe font amufées à tailler toutes les pierres en forme
„ d’Efcargots,
Il d’Efcargots, de Serpents, & de toutes fortes d’animaux extraordinaires
” . Je compris qu’il vouloit parler de pétrifications, &
copmie je n’en connoiffois point dans ces environs, je fus charme
que notre difpute fur les Fées nous eût mené là. Effectivement
, après que nous eûmes achevé notre cou r fe , il me con-
duifit à un rocher tout près de Clufe , fur la route de cette ville
k St. Sigifinond : je trouvai fur ce rocher de1 grandes Cornes
$ Amman, c’eft ce qu’il appelloit des Serpents roulés fur eux-
mêmes , des Turbinites, qui étoient fes Limaçons ; & un foflîlc
plus ra re , au moins pour notre pays, des fragmens de grandes
Ortbocératites, dont les articulations ramifiées relfemblent à
des herborifations.
Ma is ces pierres taillées n’étoient pas fuivant mon guide
l ’unique ouvrage des Fées ; elles avoient creufe dans le roc
une caverne immenfe avec des chambres, des co lon n e s , & c .
Je voulus aufïi voir cette caverne, niais mon homme n y avoit
pas é té ; il fallut chercher un autre guide. Je pris des informations
dans la ville de Clufe , dont cette grotte ne devoit
pas être éloignée. On m’indiqua un homme, le feul furvivant
de douze habitans de cette v ille , qui avoient fait anciennement
dans cette caverne une tentative dont on avoit beaucoup parlé.
J’allai voir cet homme ; il étoit trop âgé pour nie fervir de
g u id e , mais il me fit l’hiftoire de fon expédition.
I I I 111e d i t , que cette grotte étoit. depuis long-tems connue
dans le p a y s , que fa p o r te , fituée au milieu d’un rocher ef-
carpé , étoit d’un accès difficile ; mais que dès qu’on y étoit
parvenu , on entroit fans aucune difficulté dans une grande
gallerie qui pénétroit dans la montagne à une très-grande profondeur
; que cette gallerie fe divifoit en d’autre s, & qu on
Rocher auprès
de Clufe,
rempli de
pétrifications.