làéc générale
des
montagnes
de St. Gin-
goupb.
Mine de
Charbon de
Pierre.
Toutes ces
montagnes
font trèS'ef-
•carpés.
J e pris pour guide un employé de la Dou an e , nommé
François R o c , à qui on doit la découverte de ces Mines de
Charbon, & je remontai jufques au plus haut de la vallée de
St. Gingouph ; je paffai par derrière les dents d’O c h e , je fis
une grande tournée dans ces montagnes, & revins tomber à
E vian , en paffant par le beau village de Vachereffe.
§. 3 24. J e ne veux point donner ici le détail de mes ob.'
fervations fur ces montagnes, cette digreffion me meneroit trop
loin ; & je pourrai les décrire avec plus d’exactitude, après un
fécond voyage que j’ai réfolu d’y faire.
J e dirai feu lement, qu’ elles font toutes de nature calcaire;
qu’elles font généralement efcarpées contre le L a c , mais qu’en
divers endroits elles ont à leur pied des couches, ou verticales,
ou appuyées contre le bas de leurs efcarpemens, femblables à
celles que j’ai obfervées au Mont Saleve ( §. 235 & fui vans),
qu’on y apperçoit pas le plus léger indice de V o lc an s ; mais
qu’on y trouve des Mines d’un Charbon de pierre d’une excel.
lente qualité, dont les couches font entremêlées de couches.
d ’A rg ille , renfermées entre les bancs de la Pierre calcaire &
inclinées, comme ces bancs , en defcendant vers l ’intérieur des
Alpes. La carrière la plus confidérable de ce précieux foifile,
eft fituée au m id i, & au delfus des C h a le ts , que l ’on nomme
les Chalets de B i z e , fur la chaîne qui fépare la vallée où foat
ces pâturages d’avec la vallée à'Abondance. ®
§. 3 2 y. J ’o b s e r v e r a i enfin, que les montagnes de Meillerie
& de St. G in g o u p h , font beaucoup plus efcarpées, & moins
régulières dans la fituation de leurs couchés, que celles de
Saleve & des Voirons.
L a raifon de cette différence eft que celles-la, font, beaucoup
plus voifines du centre des A lp e s , §. 287 : le Lac en fe
'retournant à l’E f t , fe rapproche confidérablement des chaînes
[centrales: je ferois même porté à croire qu’il manque dans
cette p a r tie , quelques-uns des gradins inférieurs du grand àm-
jphithéatre des Alpes ; & qu’ici le L a c , qui eft l’aréne de cet
[amphithéâtre , occupe la place de ces marches, qui ont été
(détruites par quelque révolution.
C e qui me fait avancer cette conjefture , ce n’eft pas feule-
Lient la rapidité des efcarpemens , & l’irrégularité des couches
de ces montagnes; c’ eft encore leur grande hauteur ; parce
qu’il eft très-rare de voir les chaînes des montagnes fe terminer
par des fommités fi élevées.
M. le Général P f i f f e r a fait cette obfervation importante |
j&- le; beau plan des Alpes voifines de Lucerne , qu’il a exécuté
en re lie f, met fous les yeux cette même obfervation;.
c’eft qu’à l ’exception de quelques irrégularités locales , les montagnes
vont en s’abaiffant graduellement, depuis leur centre
jufques à la plaine ; enforte que fi l’on combloit toutes les
vallées, on pburroit monter par une pente douce & prefqu’in,-
pnfible, jufques au fommet des plus hautes cimes des. Alpes.
( Lors donc que l’on voit des chaînes fe terminer brnfque-
|ment par de hautes montagnes, on doit croire que quelque
puiifante caufe , ici par exem p le , le grand courant qui def-
cendoit par la vallée du R h ô n e , a renverfe & détruit les marches
les plus baffes de l ’amphithéatre.
§. 3 2 6 . J e ne quitterai pas les montages de St. Gingouph» Anecdote