Ceux de
n o s 'en v irons,
ont été
chariés & arrondis
par
les eaux.
volume. L e Prince de B iscaris , qui mérite d’être connu &
honoré par-tou t, comme il l’eft en S ic ile , par la nobleffe de
fon ca rad e re , fan hofpitalité , fon goû t éclairé pour les Antiquités
, pour l ’Hiftoire, Naturelle jgjj pour les A r t s , & par les
ouvrages comparables à ceux des Romains, qu’il a conftruits à
fes dépends, pour l’embelliiTement & pour l’utilité de Catane
fa p a tr ie , a entrepris de reconquérir fur les Laves de l’Etna,
de beaux jardins à la porte de la v i l le , qui avoient été engloutis
par ces L a v e s , dans l’éruption de 1 69 6. Depuis cette
éruption , cette même place , au lieu des O ra n g e r s , des Citron-
n ie r s , ¿ es. fleurs & des fruits dont elle é ta it o rn é e , ne pré-
fentoit plus que le hideux fpedacle de rochers noirs & ftéri-
le s , trifte monument du ravage que fit cette éruption terrible.
L e Prince avec une dépenfe ro y a le , a commencé à mettre de
niveau la furface raboteufe de ces montagnes de Lave ; il a
couvert cette furface de terre vé gé tale , & il y a fait des plantations
de la plus grande efpérance. On a jette dans la Mer
qui baigne le pied de ces nouveaux jardins, les malTesde Lave
qu’il a fallu faire fauter. Quelques-unes de ces maffes , b r i que
jè les vis en 1 7 7 2 , étaient depuis deux ans expofées à
l ’aétiou des v a gu e s , & déjà elles étoient toutes arrondies,
comme fi on les eût taillées au eifeau.
. §. 20 6. M ais pour nous rapprocher de Geneve , fi l’on examine
avec attention la nature & là pofition des cailloux roulés &
des fragmens de ro ch e r s , que l’on rencontre dans la vallée de
notre Lac & fur les montagnes voifines , on fe perfuadera
bientôt qu’ils ont été .chariés & arrondis par les e a u x , & qu’il
eft hors de toute vraifemblance, qu’ils ayent pu être formés
dans les lieux mêmes où an les trouve.
On verra que le plus grand nombre de ces cailloux & de
ces rochers eft de Gfanit, de Roche feuilletée, ou d’autres
pierres alpines & primitives , tandis que le fond fur lequel ils
ont été dépofés, eft de Pierre calcaire , ou de Grès, & par
conféquent d’une nature abfolument différente. On obfervera,
| que ces cailloux & ces grands fragmens ne fe rencontrent
jamais qu’à la furface des bancs de Pierre calcaire , ou de Grès,
[&, que ces mêmes bancs, n’en contiennent pas la moindre par-
[celle dans leur intérieur ; qu’au contraire, fi l’on compare cha-
Icune de ces pierres avec celles dont on trouve des montagnes
Idans les Alpes,, on les reçonnoît au point de pouvoir pref-
Iqu’affigner le Rocher dont elles ont été détachées. On
[remarquera, qu’elles n’ont aucune adhérence avec le fo l, fur
¡lequel elles font jettées , aucune relfemblance avec la terre qui
[les entoure ; que le même, fol en porte de qualités totalement
| différentes ; & qu’enfin, on, n’en trouve point fur le revers du
[jura, niais feulement fur celles de fes faces, qui regardent
[les;’Alpes. Après avoir pefé ces confidérations, on ne pourra
[pas, s’empêcher de reconnoitre,, que ces fragmens n’o.nt point
[été formés dans notre vallée, ni fur les montagnes qui la bor-
[dent ; mais que ce font des çorps étrangers,, adventifs, arra-
[chés des Alpes leur lieu natal, par un agent puiffant qui les,
[a tranfportés, arrondis & entalfés confufément.,
; §. 2q7* Que l’eau- foit cet agent,, c’eft ce dont on ne peut
[non plus douter en aucune maniéré ; parce que ces cailloux
grands & petits, fe trouvent dépofés par bancs horizontaux,
mélangés de fable & de gravier, tels que les eaux les charient.
Car fi l’on voit quelqu’un de ces fragmens à nud fur un rocher
, Pinfpection feule du lieu démontre clairement, que les
On prouve
qu’ils font
étrangers à
notre fol.
Et que ce*
font les eaux
qui les on&
chariés.