Grès defcendent fort b a s, en recouvrant toujours les rochers
calcaires ; il eft même vraifemblable qu’ils recouvroient ancien-
nement la montagne dans une étendue beaucoup plus confi.
dérable ; mais que le peu d’union de leurs parties a caufé leur
deftruétion, Peut-être même les fables que l ’on trouve entre
la Croifette & le P ito n , en font-ils des débris. Je n’ai pu
découvrir dans ces Grès aucune matière étrangère, fi ce n’eft
du F e r , qui s’annonce dans quelques places par la couleur de
rouille qu’il donne à la pierre.
O n trouve auifi fur les derrières du Petit S a le v e , des cou-
ehes de G r è s , mais moins pur que celui que je viens de décrire.
Sa couleur eft grife ou bru n e , le fable qui le compofe
eft mélangé de Mica & d’Argille. Ces couches peu épaifles
& bien d ia in fte s , repofent fur le roc calcaire & defcendent
comme lui du coté du Levant. Le jo li côteau en pain de
fucre , au fommet du quel on voit les ruines du Château de
M o u rn e x , eft en entier compofé de la même matière, difpofée
par couches dont l’inclinaifon eft auifi la même-
C e s Grès s’étendent à quelque diftance du- pied de Saleve,
fe joignent par deffous terre à ceux du côteau d’E fe r y , &
eonfervent toujours la même direclion.
L e ruiffeau qui porte le nom de V ié z o n , & qui coule au
Levant de Saleve, le lon g de fon pied & parallèlement à lui,
s’eft creufé un lit très-profond dans ces M o la f le s q u i dans cet
endroit defcendent à l’Eft - Sud - Eft fous des angles de ay à
4 0 degrés. L ’Arve s’eft auifi frayé un chemin au travers de
ces Grès tendres, elle vient f e . jetter dans le- lit du Yiézon,
& baigner avec lui le pied de la: montagne-
§. s4 z a. Sous ces MolalTes; les derrières du Petit Saleve
préfentent des couches d’une efpece de Breche calcaire, qui
recouvrent les bancs de la pierre folide & compacte, dont eft
eompoie le corps de la. montagne.
On peut reconnoitre le paifage de ces Breches aux Grès
q u i leur font fuperpofés. Les Breches qui font contigues au
G r è s , font mêlées comme lui de quelques petits graviers quar-
tzeux, mais celles qui font plus profondes, font purement calcaires.
Les fragmens de Marbre groifier dont elles font com-
pofées, font ici plus g ran d s , là plus p etits, ici angulaires, là
arrondis.
J’a i obfervé de même en divers endroits, & dans les Alpes
& ailleurs, des couches de Breches ou de Poudingues, fuper-
pofées aux couches folides des montagnes. M. l’Abbé F ortis
en a vu fur prefque toutes les montagnes, de b Dahnatie..
§. 3 4 3 . C e s ebfervations femblent indiquer, que quelque
tems avant la retraite totale des eaux de la Mer , b furface de
la Terre éprouva une fecouffe extraordinaire, qui caufa la
rupture de quelques rochers ; que les fragmens de ces ro chers
furent enfuite réunis & confolides fous 1a forme de Brèches,
pendant le féjour que la Mer fit encore fur ces parties;
du Globe : qu’enfüite les fables furent à leur tour chariés &
& agglutinés fous 1a forme de Grès; après quoi il fe fit une;
fecouffe encore plus violente , qui bouleverfa & fracafià des montagnes
entières, & occafiona cette retraite brufque & rapide?
Coucher
de Breche
calcaire.
des eaux de b M e r , par bquelle furent entrâmes les grands
fragmens de ro ch e r s , que nous trouvons difperfés dans nos,
xallées & jufques fur nos montagnes-
Conjectures
fur la forma*
tion de ces;
couches.