
uni !t tni !}■ ' S I ! T
Histoire,
(suite).
liUll
l? r
Iles Maikinnes. des bonnes dispositions des naturels : celui-ci envoya en conséquence les
PP. Médina et Casanova à terre, et ies y suivit bientôt. Ils furent bien
reçus d’un des premiers chefs du pays, nommé Kipoha, qui, natif de Sen-
haron, sur l’ile Tinian, savoit assez d’espagnol pour se faire comprendre.
Le premier soin du P. Sanvitores fut de bâtir une église à Agagna, qui,
étant la viiie capitale, devoit être aussi ie centre de l’établissement. Bientôt
commencèrent ses travaux apostoliques, qui furent poursuivis avec ardeur
au milieu de difficuités de toute espèce. Un des plus grands obstacles
que l’on eut à combattre, et celui peut-être auquel on s’attendoit le
moins, prit naissance dans l’orgueil excessif des chefs , qui, se croyant
d’une condition fort supérieure à celle du bas peuple, ne vouloient pas lui
être assimilé dans la distribution des bienfaits du christianisme. « Si ie
» baptême, disoient-ils, est un avantage dont vous vouliez nous faire jouir,
» pourquoi le répandre aussi sur cette classe abjecte ! » Il fallut leur faire
comprendre que telle étoit la loi du Créateur, qui, départissant la lumière
et la chaleur de l’astre du jour à toutes ies créatures , vouloit aussi qu’elles
participassent également aux faveurs de la religion. Le premier adulte qui
se laissa convaincre et reçut le baptême, fut ce même Kipoha, qui avoit
si bien reçu ies missionnaires , et auquel ils devoient la concession du
terrain sur leqiiei on construisoit alors i’église.
Bientôt on eut à s’opposer à un ennemi plus dangereux et pius opiniâtre.
Le Chinois Choco Sangley, comptant aller en 1648 de Manille à Ter-
natte, fut jeté par ia tempête sur ies iles Mariannes, où son vaisseau se
brisa. Échappé aux vagues, et reçu avec amitié à Goam, il se mit à y
prêcher ie culte des idoies. Déjà un assez grand nombre d’insulaires
étoient convertis à sa doctrine, quand l’arrivée des missionnaires, iui
paroissant menacer ses projets et son crédit, développa sa haine contre la
religion chrétienne et ses ministres.
Or, plusieurs enfans baptisés étant morts, et divers adultes malades
ayant succombé après avoir aussi reçu le baptême, Choco imagina de suggérer
aux habitans que ce sacrement étoit une opération diabolique, qui
entrainoit nécessairement la perte de ceux qui y étoient soumis ; que s i,
par ia vigueur de l’âge et de la santé, quelques personnes pouvoient résister
momentanément à 1 action de l’eau empoisonnée dont on faisoit
Histoire.
1668 ( su ite ).
LIVRE III. - - D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 17 3
usage, elle finissoit tôt ou tard par produire l’hydropisie. Pour appuyer l ies Ma r ia n n e s
ces insinuations perfides, Choco citoit en témoignage les parens des enfans,
des vieillards et des malades qu’il supposoit avoir péri victimes de
ce qu’il désignoit comme un maléfice. L’effet de ces manoeuvres fut de
porter ies habitans à se refuser au baptême et à y soustraire leurs enfans,
puis à s’armer contre les Espagnols, qui ne parvinrent qu’avec peine à
apaiser les esprits et à rétablir l’ordre.
A peine ces premières difficultés furent-elles aplanies, que ies missionnaires
pensèrent à visiter les autres îles de l’archipel pour s’occuper de la
conversion de ceux qui les habitent. Chacun se rendit au poste qui lui
avoit été assigné, et ie P. Sanvitores lui-même partit, le 20 octobre,
pour seconder ses compagnons.
Les impostures de Choco, déjà parvenues au loin , avoient considérablement
indisposé les insulaires de Tinian et de Saypan : on y reçut donc
les prédicateurs de la foi avec de fâcheuses préventions, qui donnèrent
enfin lieu à diverses rixes au milieu desquelles un missionnaire fut biessé
et deux Espagnols massacrés. Le P. Sanvitores, étant encore parvenu à
rétablir la paix, effectua son retour à Goam, en passant par Rota, le 5 janvier
1669.
A son arrivée à Agagna, il s’occupa de l’établissement d’un séminaire
propre à élever dans ia religion et ies bonnes moeurs les enfans des
Mariannais. L’église ayant été terminée le 2 février, on put, aux fêtes de
Pâques, y célébrer ie service divin avec grand appareil ; et ce fut une douce
récompense pour ces zélés ministres de i’Évangile, de voir les naturels
accourir de toute part, se joindre à eux et soienniser les saints mystères
par leurs chants et par leurs danses.
Au milieu de tant de soins, le P. Sanvitores ne négligeoit pas les moyens
d’assurer et de rendre meilleur le sort de la nouvelle colonie ; à cet effet, il
cnit devoir solliciter encore les secours de la reine d’Espagne, alors régente.
Dans le mémoire qu’il lui fit parvenir ie i 5 avril, il la supplie de vouloir
bien protéger et doter un séminaire de garçons, et nn antre pour ies filles ;
il l’instruit du succès de ses soins, et annonce que ses compagnons et lui
ont baptisé cette première année plus de 13 000 insulaires, et instruit
au-delà de 20 000 catéchumènes.
1669.
• il