
Iles des Papous, ie babi-roussa, que l’on dit y exister, une petite espèce de sanglier ou de
Productions, cochon sauvage.
■ » Les oiseaiLx sont tous de la grande espèce; on en voit très-rarement
de petits, sur-tout parmi les granivores. La nature, en multipliant dans
ces lieux les ombrages, a empêché ou du moins diminué la multiplication
des plantes à graines, et éloigné, par conséquent, les nombreuses
tribus d’oiseaux qui s’en nourrissent. Les forêts ne sont donc peuplées
que de calaos, dont les ailes, garnies de grandes plumes séparées aux
extrémités, font, lorsqu’ils volent, entendre au ioin un bruit très-fort ;
ils se plaisent sur ies muscadiers, dont ils mangent les fruits, ainsi que
ceux d’un autre arbre qui nous est inconnu.
» La famille des perroquets est beaucoup plus nombreuse ; celle des
loris , la plus jolie et la pius brillante. Tous, pendant leur vol, poussent
des cris perçans ; si on les chasse de i’arbre qui fournit à leur nourriture,
ils y reviennent en troupe peu d’instans après. Les kakatoès noirs et
blancs, qui peuplent les sommités des arbres, nous étourdissoient par
leur voix criarde : bien différens des loris, ils sont d’une telle défiance,
que nos meilleurs tireurs n’ont jamais pu en tuer.
» Des martins-pêcheurs à gros bec, qui habitent les rivages et les
bois; des cassicans, dont les chants sont extrêmement variés; d’énormes
tourterelles; des éperviers fauves à ventre blanc, d’autres dont tout le
plumage est gris; divers corbeaux ; une sorte de gallinacée (mégapode)
entièrement noire, et qui ne vole presque pas : tels sont les oiseaux les
plus multipliés, sur-tout à Rawak. Peut-être les .oiseaux de paradis y
viennent-ils queiquefois; mais nous n’en avons aperçu que sur Vaigiou,
où se rendent aussi de préférence les magnifiques pigeons couronnés ,
précieux à-la-fois par leur grosseur et par la bonté de ieur chair.
.. Je n’énumérerai point tous les genres de poissons que nous nous procurâmes;
ils sont en grand nombre et exceliens; plusieurs offrent des
formes singulières et les couleurs les pius variées.
» La mer fournissoit encore à nos tables divers beaux crustacés,
quelques coquillages ( i ), et des tortues.
( I ) L ’huître perlière se trouve aussi dans ces parages ; mais parmi les perles que les naturels
nous ont apportées, il n’y en avoit que de médiocres.
LIVRE IIL — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 4 7
nNous prîmes à terre plusieurs gros iézaicls noirs, pointillés de lie s des Papous,
jaune; ils ont la tête assez semblable à celle du lévrier, des ongles re- Producttons.
courbés et très-longs. M. Bérard fut cruellement mordu par un de ces
animaux, sans qu’il soit résulté de sa blessure aucun symptôme alarmant.
» Dès le lendemain de notre installation à Rawak, on tua cinq seipens,
tous d’une petite espèce ; je ne les crois pas dangereux. Les jours suivans
ils devinrent très-rares, et disparurent peu à peu, effrayés sans doute
par notre présence. » (M. Quoy.)
§. I V .
De l ’homme considéré comme individu.
Les Papous de Vaigiou et de Boni sont, à ce que nous assura notre
ami Abdalaga, de la même race que les indigènes de la Nouvelle-Gui-
née; ils se donnent eux-mêmes le nom de papouas, mot dont j ai déjà fait
connoître le sens (1 ). « Sauf un petit nombre d’exceptions, dit M. Peilion,
ils sont généralement laids; plusieurs ont des figaires régulières, et même
assez expressives; quelques-unes annoncent ia finesse, d’autres la douceur;
mais, chez le pius grand nombre, on ne voit qu’un assemblage de
traits hideux et effrayans. ( Voyez pi. 4] ■)
» Le front aplati, le crâne peu proéminent, i’angie facial de 75 degrés,
la bouche grande, ies yeux petits et enfoncés , ies pommettes saillantes,
le nez gros, écrasé du bout, et se rabattant sur la lèvre supérieure, la
barbe rare, particularité déjà remarquée chez d’autres habitans de ces
régions, les épaules d’une largeur moyenne, ie ventre très-gros et les
membres inférieurs grêles ; tels sont les caractères distinctifs de ce peuple.
« Leur chevelure est de nature et de forme très-variées : le plus communément
c’est une volumineuse crinière composée d’une couche de
cheveux lanugineux ou lisses, frisant naturellement, et n’ayant pas
moins de huit pouces d’épaisseur; peignée avec soin, crêpée, hérissée
en tous sens, elle décrit, à l’aide d’un enduit graisseux qui la soutient,
une circonférence à-peu-près sphérique autour de la tête; souvent iis y
(i) Voyei 1.1, p. 521.
Qualités
physiques.