
Dé cembre interessant de signaler les produits alimentaires et les
Ile Pisang entres ressources que peut offrir un îlot qui se montre comme isolé au
milieu d’un espace immense.
» La famille des palmiers rédame le premier rang. Indépendamment
des bananiers, qui ont fait donner à cette île le nom qu’elle porte (i),
et qu’on doit y trouver en abondance, on y remarque une muititude de
sagoutiers, dont les feuiiles en éventail ont plus de 5 pieds de diamètre ;
on sait combien ces arbres sont précieux, en raison de la grande quantité
de fécule que chacun d’eux peut fournir. Les aréquiers, les vacouas et
les cycas, tous splendidement dotés de richesses nutritives, n’y croissent
pas en moins grande quantité.
>6 En seconde ligne, nous placerons naturellement ies aroïdes, qui
donnent presque toutes des buibes alimentaires , ou susceptibles de le
devenir par des opérations à-la-fois simples et faciles.
« Viennent enfin les fougères, extrêmement multipliées aussi, dont les
tiges, et sur-tout les racines, prennent des dimensions extraordinaires;
leur fécondité, toujours croissante , présente un intérêt qu’au besoin il
seroit facile de développer par ia culture , &c. » ( M . Gaudichaud. )
Nous citerons, parmi les oiseaux remarqués à Pisang, une Itiron-
delle dont ia robe, d’un brun vioiet, brille de reflets métalliques; une
espèce de rossignol, un gobe-mouche et plusieurs gros oiseaux noirâtres.
Les oreilles de nos amis furent frappées d’un cri semblable à
celui du babouin du Cap de Bonne-Espérance, ou à l’aboiement d’un
gros chien qu’on entendroit de loin; mais M. Gaudichaud ayant ouï
depuis le chant sourd et plaintif du pigeon couronné (2), ne douta plus
que ce ne fût celui de cet oiseau.
Su ite Les caimes nous contrarièrent encore pendant une partie de la jourjusqu’à
R aw a k . '^^e du 9 décembre; le vent enfin s’étant élevé, nous permit, quoique
foiblement, de continuer notre route, et de franchir, le 1 2 , le passage
de Giloio, formé par l’île Guébé, d’une part, et ia petite île
( I ) L e nom de P isa n g signifie banane en malais, et l’on doit le p r o n o n c e r A u reste,
ce nom est ici peut-être plutôt justifié par la forme particulière qu’affecte l’île ou les rochers
prismatiques qui l’a voisinent, que par les bananes qu’elle produit.
(2 ) Kcrc^pl. 4 '-
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 17
Mouhor, de l’autre. Cette dernière paroît tenir par un banc à ia pointe
Tabo, c’est-à-dire, à l’extrémité orientale de i’île Giloio. De là nous
continuâmes de courir à l’Est.
Quoique je fusse le soir dans le voisinage d’îles jusque-là peu connues,
je n’hésitai pas cependant à forcer de voiles pour profiter d’un vent favorable
et d’un brillant clair de lune qui permettoit de distinguer nettement
les objets. Nous ne tardâmes pas à découvrir ies basses terres de
Balabalak, et l’îie Rouib , dont le morne élevé se fait apercevoir de
loin. Au Nord, un autre groupe d’îles assez étendu se développoit à nos
yeux; c’étoient les îles Vayag.
Engagés, pendant un instant de calme, dans le détroit qui sépare ces
dernières de l’île Rouib , nous fûmes maîtrisés par des courans rapides
qui, nous rapprochant assez vite des îies Vayag, nous donnèrent des
inquiétudes pour la sûreté du navire. A 3 heures — du matin, ia
lune , long - temps cachée par les nuages, se découvrit tout-à-coup , et
nous permit d’apercevoir , autour de nous , des taches alternativement
blanches et brunes ; je ies pris d’abord pour des reflets de lumière; mais
remarquant bientôt que ces taches varioient de forme et de position, je
ne pus douter qu’eiies ne fussent occasionnées par ia présence d un banc
sur lequel nous naviguions. La sonde, jetée aussitôt, confirma cette idée:
d’abord elle ne rapporta que 9 brasses sur un fond de sable et de rochers
; mais on eut 8 brasses immédiatement après. Tourmentés par la
double crainte d’échouer ou d’être jetés à la côte par ies courans , nous
nous hâtâmes de mettre à l’ancre. Nous pûmes plus tard envisager de
sang-froid notre position, et apprécier toute l’importance de cette rencontre
fortuite qui nous avoit empêchés de laisser dériver la corvette entre
quelques-uns des canaux vers lesquels la marée nous poussoit ; il est en
effet difficile de dire quelles eussent été les conséquences de cette manoeuvre
désespérée. Nous attendîmes au mouillage , sur ce banc sauveur ,
le retour de ia brise, qui n’arriva, le i 3, que sur les i i heures du matin,
accompagnée d’un fort orage : nous en profitâmes pour appareiller.
Vayag n’étoit indiqué, sur nos meilleures cartes, que comme une
seule île , tandis que c’est réellement un assemblage de près de cinquante
îlots ou rochers, constituant la limite septentrionaie d’iin détroit
Voyage de l ’Uratiie. — Historique. 'E.H. Q
R o u te
de Pisang
à R aw a k .