
Iles Mariannes. analogie avec nos ballets pantomimes, furent exéciite'es devant le palais
1819.
A v r il.
du gouverneur, sur une place (pl. 60) iliuminée de flambeaux et de lampions
remplis de résine. L ’empereur Montézuma, la couronne sur la tête,
un éventail de plumes ou une palme à la main (voyez pl. 7 2 ) , suivi de deux
pages richement vêtus, est le principal personnage; viennent ensuite, le
front ceint d’un diadème et couverts d’habits également riches, douze
danseurs, parmi lesquels l’empereur se mêle dans de certains momens ;
ils forment tous des marches, des évolutions et des groupes de dessins
variés, dont nous indiquons ici un petit nombre :
Les danseurs ont à ia main tantôt un éventail de plumes, tantôt une ou
deux castagnettes.
Au second acte, les douze acteurs, séparés deux par deux, tiennent
chacun les extrémités d’un demi-cerceau fort grand, garni en soieries
brillantes. Iis exécutent diverses figures gracieuses, seuls ou avec ¡’empereur
et ses deux pages, qui se placent toujours de manière à produire
un effet pittoresque; ies cerceaux dessinent successivement des
guirlandes, des berceaux, Scc. Les deux derniers actes de cette pièce,
qui en a cinq , sont remplis de danses guerrières. Des bouffons se chargent
d’égayer la scène, pendant les entractes et même durant le spectacle,
par des gambades et mille folies grotesques qui excitent le rire des
enfans et de la populace. Ces bouffons, masqués et costumés ridiculement,
portent à ia main un sabre en bois, dont ils s’escriment à droite
et à gauche; leur masque, qui est blanc, a des dimensions si élevées,
que le nez descend jusqu’au menton de celui qui le porte; ies yeux
sont difformes , inégaux et d’une grandeur démesurée. Il auroit fallu
avoir présente à la mémoire toute l’histoire de l’infortuné Montézuma,
pour saisir les allusions qu’on prétend rencontrer dans ces diverses scènes ,
pu bien qu’on nous en eût fourni le programme. Sans chercher à contester
l’origine qu’on donne à ces danses, je leur trouve une ressemblance fort
l i v r e I I I D e T im o r AUX M a r i a n n e s INCLUSIVEMENT. i 4 5
. v „ „< i» o n en Provence lâs o h ,m , [les olivettes], II,. 1.1.™ .« ,,
qui étoient usitées bien avant la conquête du Mexique ( i ).
Aux danses de Montézuma succéda celle qu’on nomme en Espagne el
p a l o vestido y desnudo [iemât vêtu et dépouillé], et que ies Provençaux
connoissent sous le nom déi cordelas [des cordons]. Un mat est plante,
au sommet duquel sont fixés, par un bout, huit ou douze rubans longs
et larges, les uns rouges, les autres jaunes ou bleus : suivant le nombre
des danseurs, les couleurs sont plus ou moins variées. Chacun de ceux-ci
tient le bout d’un de ces rubans, et doit tourner en rond, en passant
alternativement derrière celui qui est à sa droite, puis devant celui qui
vient après ; les danseurs de rang pair tournent dans un sens, et ceux
de rang impair dans i’autre (2). II résulte de ces passes et contre-passes
que l’on fait autour du mât, un réseau ou entreiacs dont l’agrément naît
de la diversité des couleurs et de la régularité du dessin. Pour dépouiller
le mât, les danseurs doivent s’entremêler une seconde fois , mais en
sens contraire , et avec assez d’habileté pour ne pas embrouiller les rubans.
Ordinairement deux chefs conduisent tous les personnages ; un ies pairs,
et l’autre les impairs. Cette danse, quoique très-simple, paroît de prime
abord compliquée; car cette multitude de cordons qui se croisent à droite
et à gauche avec rapidité, laisse difficilement la liberté d’en saisir les
combinaisons et ia marche.
Ce jeu fini, les mêmes écoliers qui avoient été acteurs dans les scenes
précédentes revinrent encore; quelques-uns étoient habillés en femmes:
tous ensemble se mirent à exécuter des danses européennes, et s’en acquittèrent
pareillement fort bien.
Trois pirogues carolinoises de l’île Satahoual arrivèrent le 1 5 à ©mata,
et se mirent bientôt en route pour Agagna, où elles prirent terre le 17 .
Notre respectable gouverneur, qui s’étudioit sans cesse à nous procurer
d’aimables distractions, engagea les nouveaux-venus à nous donner le
spectacle d’une de ces danses aux bâtons que nous avons décrites, ce qui
fut exécuté avec une précision parfaite. L’un d’eux, atteint d éiéphantiasis,
( 1 ) D ’ après M . le comte de V illen eu v e , l’origine de cette danse pa roîtroit remonter au
temps de Ju le s -C é sa r. {V o y e z Statistique du département des B o u ch e s-du -R h ôn e , t. I I I . )
( 2 ) Ordinairement les uns sont des filles et les autres des garçons.
Voyage de VUranie. — Historique. T . II. T