
De I’homme
comme individu.
Maladies.
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Suppression de transpiration. — Nous avons fréquemment vu à Goam
des hommes qui, après avoir pagayé iong-temps dans une pirogue, n’hé-
sitoient point à se jeter à l’eau tout suans, sans qu’ii parût en résulter pour
eux aucun inconvénient notable. II est vrai que, même lorsqu’ils pouvoient
n’avoir de i’eau que jusqu’à la ceinture, iis se hâtoient de plonger
sur-le-champ. C’est à cette précaution, je pense, qu’ils devoient de n’être
pas malades, en passant, par une transition si prompte, d’une température
à une autre très-différente.
« Une personne fort respectable nous a assuré avoir employé souvent
avec succès, pour guérir les points de côté, cinq ou six kankerlas
bouillis dans deux verres d’eau , jusqu’à diminution de moitié du liquide :
le résidu devoit être avalé d’un seul trait. L’effcacité de ce dégoûtant
breuvage étoit puissamment secondée, ajoutoit-elle, par l’emploi d’un
cataplasme d’excrémens de porc frits dans i’huile, appliqué avec la sauce
sur la partie douloureuse. Eiie citoit une fouie de cures opérées dans
i’espace de vingt-quatre heures. II est vrai qu’une des conditions essentielles
étoit que le topique fût employé extrêmement chaud, ce qui explique
les succès du traitement. » ( M. Gaimard. )
Fièvres. — Ces maladies, fréquentes mais peu dangereuses à Gaam ,
ont iieu sur-tout aux changemens de saison, avant ou après l’hiver. Les
naturels se servent de ia feuille amère et souvent même du bois de
iffldfflgao, pour guérir les fièvres intermittentes. Après avoir pilé ces substances,
et les avoir fait infuser à chaud , on en fait usage en boisson.
Dysenterie. — La dysenterie , qui tue encore ici assez de monde , étoit,
à ce qu’il paroît, beaucoup plus meurtrière avant lypd- On ne remarque
pas d’époque réglée dans l’invasion de cette maladie, qui attaque principalement
les enfans et les gens pauvres qui se nourrissent d’alimens
nuisibles. Peu de temps avant notre arrivée, ce fléau redoutable avoit
exercé de grands ravages , sur-tout parmi les individus ies moins avancés
en âge.
Les naturels traitent cette maladie par l’empioi de divers spécifiques.
Les cendres des filamens du cabo negro, délayées dans l’eau tiède, sont,
disent-ils, un remède efficace. Iis se servent aussi d’un mélange de farine
de gapgap, d’eau et de sucre. Lorsque le malade ne digère pas bien, on
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LIVRE III. — De T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 283
lui donne de ia farine de riz, grillée avec des toiles d’araignée, et il faut Iles Mariannes.
qu’il boive cette poudre dans de l’eau tiède. La difficulté de digérer
n’existe-t-elie pas, il suffit, toujours suivant ies médecins du pays, de
frotter le ventre du malade avec un liniment composé d’un mélange de
graisse de porc et de cendres ordinaires. On dit que la banane sauvage,
prise en nourriture , convient au traitement de cette infirmité ; c’est pourquoi
on conseille d’en piler le fruit et de boire ensuite le jus qui en
résulte.
Cale, — Selon la tradition , cette maladie dégoûtante n’est connue
aux Mariannes que depuis l’arrivée des Espagnols. En se frottant, soit
avec une décoction des bourgeons du goyavier, soit avec du lait de coco (i),
un mélange de soufre et d’huiie, ou bien avec ïamargosa, plante qu’on
fait préalablement frire dans l’huile , les habitans parviennent à s’en
débarrasser.
Dartres. — Lafeuiiie du cassia alata, ouplante d’AcapuIco, étant pilée,
sert, comme topique, dans ie traitement d’une espèce de dartre (2). Un
remède plus estimé s’obtient en mettant au feu la coque d’une noix de
coco; quand elle est bien allumée, on la place sous une capsule renversée
en forme de cloche; la fumée, en se condensant sur les parois,
se résout en une eau noire et épaisse, dont on fait usage pour frictionner
ie malade.
N O T I C E S U R L A L È P R E (3).
« Un fléau terrible afflige les habitans des Mariannes, et, dans la
génération actuelle, qu’il décime, menace déjà la génération à venir;
c’est de la lèpre que je veux parler. Plus malheureux que les peuples de
Timor, des Moluques, de Vaigiou et des Carolines, les insulaires de
Goam sont en butte à trois variétés de cette maladie, tout-à-fait différentes
par leurs symptômes et par leurs effets.
( 1) Le lait de coco s’obtient en exprimant, dans un vase, ie suc de la râpure récente de
ce fruit.
(2) Les Espagnols appellent cette maladie empeyne, mot qui est en effet chez eux le nom
générique des dartres,
(3 ) Par M, le docteur Quoy.
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