
Ile s des Papous.
D e l’homme
com m e in d iv id u .
Caractère
des Papous.
H abitations.
» En Europe, où l’usage d’un tel aliment est loin d’être aussi ge'nérai, il
est cependant considère' comme très-malsain ; et c’est une opinion reçue
que le poisson, inde'pendamment des vertus aphrodisiaques qu’on lui
accorde, dispose aux maladies cutane'es, qui, par cette raison, se présentent
plus fréquemment chez ceux qui vivent aux bords de la mer.
A ces deux causes principales on peut joindre la malpropreté habi-
tueile de ces insulaires , malpropreté que le défaut presque absolu de
vêtemens rend peut-être encore plus repoussante.» (M. Quoy.)
Fièvres. — «Nous avons peu parcouru i’île Vaigiou, et ceux de ses
habitans qui nous ont visités sont à-peu-près les seuis sur lesquels nos
regards aient pu s’arrêter ; il n’est donc pas étonnant que nous n y ayons
observé aucune trace des fièvres intermittentes et rémittentes qui se déclarèrent
parmi nous (i) après notre départ de cette station. Mais quand
même ces insulaires en seroient tous exempts, il faudroit en chercher ia
raison dans l’habitude, assez puissante pour neutraliser en eux les funestes
effets des exhalaisons marécageuses ; car il est constant que nous n’avons
puisé que dans leur île ie germe de ces terribles maladies.» (M, Gaimard.)
Le kapitan Guébé, qui paroît bien connoître ces contrées, nous a
assuré qu’il existe des anthropophages à la Nouvelle-Guinée; assertion
qui suppose un degré de cruauté et de barbarie dont nos Papous de Vaigiou
ne nous ont pas semblé capables. Quoique intelligens, et même très-
spirituels, la timidité et la crainte sont les nuances dominantes de leur
caractère. Rien ne nous a autorisés à croire qu’iis fussent enclins à faire
le mai ou à dérober; au contraire, iis se sont montrés bons et hospitaliers;
et dans une circonstance importante, où iis auroient pu. abuser
de notre confiance, nous avons eu occasion de nous louer de leur
bonne foi.
§. V .
De l ’homme vivant en famille.
Ainsi que nous l’avons déjà dit, ies cabanes des Papous, à peu d’ex-
( i ) D ’après l’ordre chronologique des fa its , l’histoire de cette épidémie doit appartenir au
chapitre suivant.
ceptions près, sont constmites sur pilotis, soit à tetto, soit en mer près
du rivage ; coutume suggérée sans doute autant par la crainte des ema-
nations malsaines que par celle des reptiles venimeux. M. Duperrey a
remarqué que, sur Vaigiou, les habitations étoient en grand nombre dans
ies iieux où ie débarquement est impraticable ou très-difficile, et que
sur ceux d’un abord aisé, eiies sont au contraire rares, abandonnées et
en ruine, ce qui sembleroit à-la-fois une preuve et une conséquence du
caractère de pusillanimité qui distingue ies naturels.
Ces maisons se composent toutes de pieux enfoncés en terre, soutenant
des traverses auxquelles sont fixées, avec des liens d’écorce, les
côtes principales des feuilles de certaines espèces de palmiers , taillées et
serrées ies unes contre ies autres. Les feuilles des mêmes arbres, artistement
imbriquées , forment le toit. Il n’y a ordinairement d’autre ouverture
que la porte. Quand les cases sont construites au-dessus de i’eau,
eiles communiquent avec la terre a 1 aide d une espece de plan incline,
garni d’une rampe (pl. 48), et également supporté par des pieux, ou bien
on se sert d’une échelle que ies propriétaires retirent après eux pendant ia
nuit pour ieur plus grande sûreté. Dans les maisons de ce genre que .nous
avons vues à Rawak, près de notre observatoire, une galerie, divisée en
deux dans toute sa longueur, précédoit le logement principal, et une autre
régnoit du côté de la mer. Quoique petites, ces cabanes, si elles étoient
pius propres et mieux entretenues, seroient assez commodes , car on y est
à l’abri de l’humidité, qui rend si malsaines celles qui reposent sur le sol.
Les habitations delà baie d’Inabiave ( i ) avoient été abandonnées lors de
notre arrivée ; mais peu-à-peu ies habitans, s’étant accoutumés à nous voir,
revinrent en prendre possession. L’une d’elles, située à quelque distance
de ia côte , et non ioin de la rivière où nous faisions aiguade , fut visitée
par MM. Peilion et Gaimard : on l’aperçoit dans le lointain à gauche, sur
notre pl. 49-Également bâtie sur pilotis, elle étoit remarquable par sa heile
apparence, par ses parois faites de planches parfaitement jointes, par son
parquet et sa toiture en feuilles de cocotier et de latanier. Elle avoit, au
milieu de sa face antérieure, une porte à deux battans, surmontée d’une
( 1 ) D an s le Sud-Ouest de R aw a k , sur l’ île V a ig io u . ( Voyeç^ la planche j de notre Atla s
nautique. )