
Ile s Ca rolin e s. profondément en paroissant devant iui ; du pius ioin qu’ils arrivent, ils
D e l’homme
en société.
Administration
de la ¡ustice.
marchent ie corps tout courbé et la tête presque entre les genoux, jusqu’à
ce qu’ils soient auprès de sa personne : alors iis s’asseyent à terre,
et, ies yeux baissés, reçoivent ses ordres avec la soumission la plus
absolue.
" Quand il les congédie, iis se retirent en se courbant de ia même manière
qu’à leur arrivée, jusqu’à ce qu’ils soient hors de sa présence. Ses
paroles sont autant d’oracies qu’on révère, et i’on exécute ses commandemens
avec une obéissance aveugle ; enfin on lui baise les mains et les
pieds avant de iui demander quelque grâce (i). »
« Les principaux chefs carolinois , dit Kotzbue (2), jouissent d’une
grande autorité, et exercent ia justice pénale seion ies principes les
plus stricts du talion : oeil pour oeil, dent pour dent. » Selon Cantova [op. cit.),
on ne punit ies criminels ni par la prison ni par des peines afflictives ,
mais on se contente de les exiier dans une autre ile.
A Gouliay, les successions, à ia mort des parens, arrivent d’abord aux<
frères, puis aux enfans mâies du fils aîné (3).
Les habitans de la troisième province, et particulièrement ceux des
groupes de Gouliay et de Lamoursek, sont d’humeur assez pacifique, et la
gmerre est rare chez eux. Voici sur ce point le témoignage du P. Cantova :
« Lorsque des inimitiés s’élèvent entre des particuliers, dit-il [loc. cit.),
d’ordinaire quelques présens les apaisent; mais quand eiles sont publiques
et de bourgade à bourgade , la guerre seule peut les terminer. Iis n’ont
d’autres armes que des pierres (4) et des iances armées d’os de poisson (5).
( 1 ) M . Q u o y reçut à Guam la visite d’un C a rolinois q u i, voulant obtenir quelques hameçons,
se prosterna devant lui la fa ce contre te rre , lui prit le p ied , et l’ayant soule vé, se le posa
sur la tête.
(2 ) A Voyage o f discovery, in i8 i y - i 8 i 8 , t. I I J .
( 3 ) Kotz ebue, loc. cit.
(4 ) Ils les jettent avec des frondes en tout semblables à celles que nous avons fa it dessiner
pl. 7 9 , f i g . 6 .
{ 5 ) D ’après nn&lunre du V .C ld àn (Lettres édifiante s), ils garnissent aussi leurs lances avec
des pointes d’ossemens humains. Les b âtons, semblables à celui qui est représenté (pl. 5 8 ,
fig. 1 3 ) , ne servent que pendant les danses déjà d é crite s , et point du tout à la guerre : celui
que tient le tamor de la pl. 5 7 n’appartient pas aux peuples qui nous occupent ; c’est un casse-
tête d’une île plus éloignée dans l’Est et le S u d , dont nous ne savons pas précisément la position.
Guerre et armes.
D e l’homme
en société.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r l a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 1 3 5
Leur manière de faire ia guerre ne donne lieu, pour ainsi dire, qu’à des Ile s Ca roline s
combats singuliers, chacun ne se battant qu’avec l’ennemi qu’il a en tête.
» Lorsque deux peuplades ennemies ont résolu d’en venir à une action
décisive, on s’assemble de part et d’autre en rase campagne ; et dès que
les deux troupes sont en présence, chacune forme un bataillon de trois
rangs de profondeur : les jeunes gens occupent le premier; ceux dune
pins haute stature, ie second, et les plus âgés, le troisième. L affaire
s’engage entre les deux premières lignes, où chacun se mesure d homme
à homme à coups de pierre et de lance. Un des guerriers est-ii blessé
et hors de combat, aussitôt il est remplacé par un du second rang, et
celui-ci l’est ensuite par un du troisième. A la fin de la guerre, c’est-à-
dire , après la soumission ou la défaite d’un des deux partis , ies vainqueurs
insultent aux vaincus par des cris de triomphe. »