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Dé cembre .
Incursion
sur l’ île Pisanf
petite île par MM. Quoy, Gaudichaud, Arago, Railliard et Bérard. Le
canot qui les portoit revint le soir même.
Ainsi qu’il est facile d’en juger, même lorsqu’on est encore à quelque
distance de terre, Pisang a ses rivages absolument à pic. Les gros bâtimens
pourroient donc l’approcher sans danger, car on ne trouve même
pas le fond par 30 et quelques brasses, à demi-encablure de terre. Nos
compagnons éprouvèrent des courans tellement forts dans son voisinage,
qu’il ne fallut rien moins que tous les efforts de leurs rameurs pour
atteindre ia plage de galets vers laquelle ils se dirigeoient. D’abord
il crurent reconnoître que la base de l’iie étoit granitique, mais un
examen plus attentif prouva à M. Quoy quelle est au contraire
entièrement volcanique. « Ses laves trachitiques, dit-il , se décomposent
facilement en une terre végétale, dont tout annonce la fertilité. C ’est
probablement entre ies deux petits mamelons indiqués par le dessin
(pi- 3 7 ) , qu’étoit placé ie cratère du volcan qui a donné naissance à
cette île. Dans sa partie Sud , on aperçoit des rochers séparés de i’île
principale, dont queiques-uns ont une forme prismatique ; l’un d’eux
s’inclinoit à l’horizon d’environ i o degrés.
>’ Sous les eaux, à la profondeur de 20 pieds et plus, les madrépores
travaillent sur ies roches à l’exhaussement du fond, et y forment
ces blocs de matière caicaire qui, détachés par l’effort des tempêtes, et
roulés ensuite, sont enfin jetés sur la plage, où nous en avons trouvé de
plusieurs espèces. »
M. Railliard en a rapporté quelques échantillons recueillis dans un
ravin, à 10 , 15 et 20 toises au-dessus du niveau de la mer; iis y étoient,
dit-ii, en trop grand nombre pour qu’on pût supposer qu’ils y eussent été
transportés par des hommes.
«La végétation qui décore cette masse conique est vraiment admirable.
Les piantes qui la recouvrent étendent leur verdure du sommet à
la base, de telle sorte que beaucoup d’arbres dont les racines sont baignées
par ia mer, projettent encore ieurs tiges inclinées et leurs rameaux à
30 ou 40 pieds au large, formant ainsi un rebord de verdure qui semble
reposer sur les flots. A cette circonstance est due la grande diificulté qu’on
éprouve à contourner l’île à pied: les bords, en effet, en sont tellement
LIVRE III. — De T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . i 5
obstrués, soit par les arbres vivans et inclinés, soit par ceux qui gisent
abattus pas i’âge et par les ouragans, que souvent on est obligé de se
mettre dans l’eau , ou de se frayer un passage à travers des broussailles
fort épaisses.
» De la principale échancrure de la montagne, part une petite ravine
qui se prolonge jusqu’à la mer; eile étoit à sec lorsque nous la visitâmes ,
mais, dans ies temps de pluie, elle doit fournir beaucoup d’eau.
” Quoique nous n’y ayons pas vu de sources, je me garderai bien de
conciure qu’il n’y en a point; peut-être sommes-nous restés à terre trop
peu de temps pour en découvrir, S’il étoit nécessaire d étayer sur des
probabilités i’opinion qu’il existe de l’eau sur cette plage, je dirois que
nous y avons trouvé des débris de quelques palmiers nouvellement coupés,
des feux à peine éteints , des coquillages fraîchement vidés, &c., indices
qui attestent suffisamment que si elle n’est pas habitée, les naturels des
îles voisines ia visitent parfois. II est à croire même que le kimalaha de
Guébé, qui nous avoit accostés la veille , s’y étoit arrêté ; sans cela, comment
ies deux cents hommes dont se composoient ses équipages, n’ayant
que quelques bambous remplis d’eau, eussent-ils osé s’aventurer en
pleine mer , sans être certains de renouveler cette mince provision sur
tous les points choisis par eux pour y relâcher. La liqueur sucrée des
palmiers , objectera-t-on , peut y suppléer suffisamment. La question ,
si l’on veut, restera donc encore indécise ; heureusement sa solution n’est
pas d’un fort grand intérêt.
« Un sentier étroit, dirigé vers le sommet du morne, et garni, dans
ies endroits les plus abruptes, d’une sorte d’escalier taillé dans le roc , ou
de quelques marches en pierres artistement ajustées, nous eût probablement
conduits à une source d’eau vive, si nous eussions eu le loisir de
nous livrer à cette reclterche. Mais entouré d’objets nouveaux, offerts par
le règne végétal, leur vue absorba toute mon attention.
» Les arbres sont presque tous ici d’une hauteur prodigieuse ; aussi
n’ai-je pu me procurer que des échantillons de ceux qui, par accident ou
par toute autre cause, étoient couchés ou plus ou moins inclinés vers la
mer.
» Dans des parages semés d’écueils, fréquens en calmes et en orages,
Ile Pisang.