
lies Ca roline s.
D e l’homme
comme
individu.
Tatouages. » Leur peau est ornee de différens tatouages ordinairement
bleus, quelquefois noirs, dont ia régularité et l’élégance sont des
plus étonnantes. [Voyez pl- 53- 54. 5 5 et 57). Quelques individus
ont treize raies sur chaque jambe, ce qui donne à cette partie de ieur
corps l’apparence de ces bas rayés qu’on portoit autrefois en France : il
n’est pas rare de leur voir sur l’avant-bras le même nombre de raies, que
des intervalles égaux séparent constamment : tel porte , au-dessous de
chaque mamelle, une simple barre garnie en dessous de petits traits perpendiculaires
, figurant comme une sorte de peigne; tel autre a des
lignes transversales sur la face antérieure de chaque épaule; il en est
qui portent sur les bras des figures de poissons grossièrement dessinées
, ou bien qui se font à la face interne de chacun de ces membres ,•
des marques transversales et un moins grand nombre de raies longitudinales,
qui se terminent toutes à ia même hauteur : celui-ci n’est presque pas
tatoue; celui-là reunit sur son épiderme tous ces divers genres d’agrémens.
Nous avons conjecturé que le plus ou moins de tatouage étoit toujours
en rapport avec le rang social de l’individu : mais cette opinion est opposée
à celle de Kotzebue, qui dit expressément ( i ) que ies nobles ne
se tatouent pas plus que les gens du peuple. Le chef carolinois que nos
camarades visitèrent à Tinian, avoit ie corps bariolé de la sorte avec un
art admirable. » [Voyez pù 57-)
Les seules femmes carolinoises que nous ayons vues sont représentées,
i une pl. 53, 1 autre pl. 57. Celle-ci, née à Lamoursek, se trouvoit alors à
Tinian, et y fut dessinée : nous avons parlé plus haut du rang qu’elle
occupoit. La première vint à Guam dans une pirogue de Satahoual, avec
son enfant, jeune fiiie de six ans, dont la figure étoit intérèssante ; mais
ia physionomie de la mère, âgée de vingt-cinq ans, respiroit sur-tout la
douceur et la bonté : elle avoit les mains et les pieds d’une dimension et
d'une régularité parfaites. On ia fit vêtir à son arrivée; car, au langouti près ,
elle ne portoit, comme ses compatriotes, aucun vêtement. Elle n’eut point
l’air embarrassé dans ce nouveau costume : son caractère étoit gai, vif et
et d ’une grosseur proportionnée: ¡a plupart ont les cheveux crépus, le nez gros, de grands
y eu x trcs-perçans et la barbe assez épaisse. ->
( i ) A Voyûge o fd ic o v e r y , in t S i y— , 8,S , t. J I l .
D e i’hoinme
comme
n d ividu.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e .m e n t . 95
spirituel; eiie nous amusa beaucoup par sa pantomime expressive. A en lie s Ca roline s
juger par ces deux-là, il seroit présumable que les femmes ont l’habitude
de se tatouer moins que les hommes, et que c’est particulièrement aux
jambes quelles placent ce genre d’ornement ; sur ies épaules de i’une
d’elles, on remarquoit aussi cependant de légères mouchetures artificieiles.
Leurs oreilles avoient le lobe percé et non moins distendu que chez les
]iersonnes de l’autre sexe,
Hommes blancs. On se rappelle que, pendant notre séjour aux îles
des Papous, nous reconnûmes qu’il existoit, parmi la race brune de ces
contrées, quelques individus d’une peau sensiblement aussi blanche que
celie des Européens : cette singulière anomalie vint de nouveau frapper
nos regards, lorsque nous traversâmes l’archipel des Carolines; ià nous
aperçûmes un insulaire dont la blancheur étoit également bien prononcée.
Plusieurs navigateurs ( i ) ont fait des remarques analogues dans
les mêmes parages , et à une époque même fort ancienne. Il ne paroît
pas que, jusqu’ici, ce phénomène ait été expliqué d’une manière satisfaisante.
Dimensions du corps. — M. Gaimard mesura les différentes parties du
corps de deux Carolinois, et les détails de cette opération sont consignés
dans le tableau suivant. L ’un de ces individus , désigné par le n.° i , étoit
un grand et bel homme, fortement constitué, ayant une heürcuse physionomie,
que relevoient de beaux cheveux noirs bouclés et un tatouaoe
( 1 ) Sans parler d e Sa av ed ra , qui a été cité plus haut ( pag. 48 ) , vo ic i ce que raconte l’historien
da voy age de M a r io n , le capitaine C ro z e t : « J ’ai vu à la N o u v e lle -Z é lan d e trois ou
quatre Indiens qui avoient les cheveux rouges. ]1 y en avoit parmi eux qui étoient aussi blancs
que nos matelots; et nous a von svu souvent, sur nos vaisseaux, un grand jeune homme bien fait,
de JI’ I i i '° [ I"’ ,9 2 2 ] , qui eût pu passer pour un E u ro p é e n , par sa couleur et par ses traits.
J ai vu une fille de quinze ou seize ans aussi blanche que nos. Françaises. ..
^ « Il y a parmi eux ( les habitans d’e l’île Go ulia y [ U lé e ] ) , dit le P. C an to v a dans les Lettres
édifiantes, beaucoup de métis et quelques nègres qui leur servent de domestiques. 11 est v r a isemblable
que les nègres viennent de la N o u v e lle -G u in é e , où ces insulaires ont pu aller du
côté du Sud ; pour ce qui est des b lan c s , sans m’arrêter aux moyens dont la divine Providence
a pu se servir pour les conduire dans ces île s , je rapporterai seulement mes conjectures. „ O r ,
ces conjectures sont justement celles que j’ai fait connoître et que j ’ai combattues plus haui
(pag- 7 7 ).
L e même auteur dit encore ( loc. cit. ) que, parmi les habitans d’HogoIeu , il se trouve desnègres,
des niukitres et des blancs.