
Jle s des Papous. Des si.x têtes que l’on voyoit devant le même tombeau [pl. 4 ^), cinq
D e l’honuiie avoient un angle facial de y s degrés.
c o m m e i n d i v i d u . o / / o
Si jusquici nous n’avons donné aucun détail relatif aux femmes, c’est
qu’on a toujours eu soin de les cacher à nos yeux, et même de les emmener
dans ies bois lorsque nous nous approchions de quelque village.
La seule que nous vîmes, étoit une jeune fille que le kapitan Guébé nous
proposa d’acheter; elle avoit les cheveux lisses, la peau basanée, et des
formes assez agréables, quoique ses charmes fussent diminués par son
air triste et souffrant. A ia vérité, nous ignorons si elle étoit née aux
îies des Papous, à Guébé, ou ailleurs.
Maladies. Ces insulaires sont en proie à un fléau terrible, à la lèpre, que les
Papous nomment hahardi, et les habitans de Guébé, matai; elle influe
particulièrement queiquefois sur leur physionomie et sur la couleur de
leur peau. Ses ravages sont tellement étendus, qu'on peut, sans exagération,
dire que le dixième de la popiiiation en est infecté. Quelque horrible
et dégoûtante que soit cette maladie, sur-tout à cause de ia chaleur du climat,
elle ne paroît guère incommoder ies malheureux qui en sont affligés, et
ils se livrent, commeles autres, à leurs courses et à ieurs travaux habituels.
« Cette infirmité commence, autant que j’ai pu l’observer, par une
dartre blanchâtre dont la consistance et l’étendue augmentent insensiblement.
Bientôt la partie où s’est manifestée l’éruption se couvre d’une
écaille sèche, légèrement adhérente par un de ses bords à l’épiderme, et
se recourbant tant soit peu en dehors par le bord opposé, de sorte cju’on
peut la détacher avec les doigts. Cette lèpre paroît attaquer indifféremment
toutes les parties du corps, ou plutôt elle finit par les envahir toutes :
quelquefois c’est la face, ia poitrine sur-tout; mais chez le plus grand
nombre, ce sont les bras, ies cuisses, &c., qui sont atteints. Une de ses
* particularités, c’est de produire des écaillés à raies concentriques et à raies
ondulées, comme l’indique le dessin de notre planche 44-
» Elle sévit contre les individus de tout âge. Malheureusement je n’ai pu
ia suivre dans ses progrès, ni savoir si les malades ont quelques moyens
de se guérir, ou sont dans la triste nécessité de subir avec résignation les
effets de sa malignité. II m’a encore été impossible, et je le regrette vivement,
d’essayer sur eux ies remèdes qui étoient à ma disposition.
» Cependant les ravages de cette cruelle maladie sont moins répandus Ile s des Papous,
ici qu’à Timor; car nous vîmes à Coupang des enfans teilement rongés
par des ulcères croûteux, aux sourcils, à la figure, et un entre autres à la
cheville du pied, qu’iis étoient pour tout le monde un objet de dégoût
et d’horreur.
Causes occasionnelles de la lèpre. — » Nous croyons que cette affection a
pour causes occasionnelles la nature du soi, celle de l’atmosphère, et ia
nourriture. Les habitans du Nord de Vaigiou vivent sur des côtes en
partie submergées, ou par l’Océan, que la marée fait refluer sur les
terres, ou par des rivières dont le lit a peu de profondeur; l’île Boni elie-
même est basse et marécageuse. Dans tous ces lieux couverts de bois
règne une humidité constante, et l’on sait quels résultats peuvent avoir
les effluves délétères de marais qui communiquent avec la mer ( i ). Aussi
nous avons attribué à l’insalubrité de leur voisinage l’abandon où paroissoient
être depuis long-temps certaines cases que nous rencontrions dans
nos courses; de nombreux tombeaux les entouroient, indice très-probable
que ceux qui avoient survécu s’étoient réfugiés sur une terre moins
inhospitalière. Lorsqu’une fatale nécessité les enchaîne à ces bords,
les naturels tâchent du moins d’en atténuer l’insalubrité, par la précaution,
presque générale parmi eux, de construire leurs maisons sur des
pieux hauts de six à sept pieds, mais souvent plantés dans l’eau, comme
à Rawak.
” Quoique l’influence d’un tel séjour suffise pour déterminer cette
éruption pernicieuse, je crois que la nourriture dont ils font usage en est
une cause plus active. Leur manière de retirer la fécule du sagoutier est '
si grossière, que le pain qu’iis en font contient toujours une forte quantité
de parties ligneuses; encore leur arrive-t-il, ainsi que nous l’avons constaté,
de ne manger ce pain que lorsqu’il est aigre : et cependant c’est peut-être là
leur meilleur mets, avec le poisson. Que sera-ce si l’on considère qu’iis font
une consommation prodigieuse de coquillages (2), soit parce qu’ils en sont
naturellement avides, soit parce qu’ils n’ont aucune peine pourles recueillir!
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( i ) Voyei t. I , pag. 164 .
(2 ) C e sont les mollusques appartenant aux genres des bénitiers, des b uc cin s, des placunes,
des pernes, des trochus, & c .