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en société.
Usages sociaux.
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370 VOYAGE AUTOUR DU MONDE,
nes. des sociétés particulières, dont le but, comme on voit, étoit un épicurisme
grossier. Ils avoient un langage mystérieux et allégorique [fino gaa-
lafon ] , principalement destiné à leurs chansons amoureuses, dont eux
seuls pouvoient comprendre le sens. On les voyoit, les jours de fête ,
avons-nous dit ailleurs ( i ), marcher sous une enseigne symbolique fort
ornée, et connue, chez eux, sous le nom de tinas.
C ’étoit une chose établie à Pago , et probablement aussi dans d’autres
villes de Goam, qu’une fille ne devoit pas se marier étant vierge ; ordinairement
on chargeoit un des amis du père de lui épargner cet affront ,
lorsque , ce qui étoit rare, eile pouvoit en être menacée.
Occupations. — Nous allons ajouter ici quelques détails qui compléteront
ceux que nous avons déjà donnés sur les rapports sociaux des
habitans entre eux.
Les mataas établis sur les côtes possédoient, avons-nous dit, ie privilège
exclusif de la navigation et de la pêche maritime ; il étoit assigné
à chacun d’entre eux, pour se iivrer à cette dernière occupation, une
certaine étendue de mer qu’il n’avoit pas le droit de dépasser sans l’agrément
des concessionnaires voisins : ils pouvoient seuls aussi faire le
commerce avec les îles voisines. Les mataas de l’intérieur s’adonnoient
habituellement à la culture des terres et à la pêche sur les rivières; mais,
pour pêcher en mer, il falloit qu’ils y fussent autorisés expressément par
ceux à qui leur position locale sembloit en garantir la jouissance.
Onaccordoit parfois à l’atchaot ou demi-noble un bénéfice, soit sur les
pêches auxquelles il prenoit part, soit sur les cultures, quoique au fond
le maître qu’il servoit ne lui dût que la nourriture : mais on cherchoit,
par ces cadeaux, à exciter son zèle ou à récompenser sa bonne conduite.
Il n’en étoit pas de même du mangatchang, qui devoit se suffire à
lui-même et n’avoit droit à aucun salaire. L’espèce de mépris auquel il
étoit voué, ne lui permettoit pas de prendre part à certains travaux
regardés comme une prérogative des hautes classes. Sa coopération étoitde
lu tte , et les femmes y dansent en liberté la tiniorodee [t im o ro d i] , afin d’exciter en elles
des désirs qu’ elles satisfont souvent sur-le-champ. » (C o o k , i . “'v o y a g e , collect. d’Hawkesw.
t. I I . )
( 1 ) Ci-d e ssu s , page 18 4 .
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 3 7 1
elle jugée néces.saire, ii étoit obligé d’accourir; on en a même vu supplier
leur seigneur de les employer, et s’informer s’ils avoient eu le
malheur de déplaire, lorsqu’ils se croyoient délaissés.
Invariablement attaché à ia glèbe, le mangatchang faisoit de la culture
des champs sa principale occupation. II travailioit aussi à la bâtisse des
grands hangars sous iesquels s’abritent les pirogues , au nettoyage et à la
réparation des chemins, au transport des vivres pendant la guerre, et
des matériaux nécessaires à la construction des maisons : en général, les
détails les pius abjects et les plus pénibles lui étoient dévolus.
La pêche sur mer lui étant entièrement interdite, il falloit qu’il se
réduisît à celle des rivières ; encore l’anguille, poisson qui se plaît dans
la vase, étoit-il ie seul qu’il iui fût permis de prendre. Cet excellent poisson
étoit en horreur aux personnes des castes supérieures ; antipathie
inexplicable, et qui, quoique affoiblie parmi la population moderne , y
subsiste encore en partie. Le mangatchang étoit obligé de saisir les anguilles
avec ia main, après les avoir étourdies dun coup de bâton, la
nuit, pendant une pêche au flambeau : l’usage de l’hameçon, du filet
et de la fouène lui étoit sévèrement interdit.
Les femmes des matoas et des atchaots ne daignoient pas employer
à leur usage personnel et à celui de leur famille des ustensiles confectionnés
par les mangatchangs ; elles préféroient travailler elles-mêmes aux
nattes, berceaux d’enfant, paniers, & c ., qui avoient cette destination.
Les ouvrages faits par ces êtres dégradés servoient aux étrangers quelles
hébergeoient.
11 étoit aussi certains mets dont elles se réservoient la préparation, de
peur qu’ils ne fussent souillés par les mains impures de leurs mangatchangs;
la cuisson du riz, des racines, et d’un petit nombre d’autres
alimens, étoit seule confiée aux soins de ceux-ci.
Les tresses pour amarrages, les cordes pour grément d’embarcations,
l’étoupe ou grosse tresse propre au calfatage, les nattes de diverses sortes ,
cette multitude de paniers , sacs , boîtes et autres tissus dont nous avons
ailleurs présenté la liste, étoient l’objet du travail habituel des femmes
de la basse classe.
Degrés de parenté. — Considérée en général, ia famille se nommoit
D e rhomme
en société.
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