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250 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
lies Mariannes. » De là à Pago, qui se trouve précisément à l’étranglement de
G e olo g ie . ¡’¡lg ^ g j point où finit notre première division géologique, le
terrain s’abaisse insensiblement, et i’on ne rencontre plus de montagnes.
Dans quelques endroits seulement, le calcaire forme de hautes falaises.
A Hypane est une caverne ( i ) où il n’y a rien de bien remarquable ;
ce qui l’est davantage, c’est le sable du rivage voisin, qui est volcanique,
tandis que les rochers dont on est entouré sont de caicaire
madréporique ; preuve qu’il existe une couche de laves sur laquelle ce
calcaire aura été déposé à des époques où le niveau de la mer étoit
plus élevé.
» La petite île Apapa , et une presqu’île assez considérable de calcaire
madréporique ( la presqu’île Oroté, pl. jp ) , appartiennent encore
à la partie de Gaam que nous venons de décrire; elles ne présentent
rien de bien essentiel sous le rapport géologique.
» Nous avons dit que la division septentrionale de cette dernière île
est calcaire, et en général uniformément plane. Cette ressemblance dans
tous les points fait que nous passerons légèrement sur sa description
particulière. Les bords de la mer, très-élevés et escarpés, sont souvent
sans plage. Un seul lieu, vers l’extrémité Nord, a été brûlé; c’est Santa-
Rosa, où se trouve un monticule dominant la contrée, et dont le cône
semble avoir sailli brusquement au travers du caicaire dont il a soulevé
les couches et entraîné des fragmens jusqu’à son sommet, où se
trouvent aussi des madrépores entiers. Rien n’indique que cette petite
montagne ait jeté des flammes ; l’éruption se sera préparée sous les eaux,
sans qu’il y ait eu des coulées de laves solides. Ce sont des bancs entiers
de marne schisteuse qui ont été brûlés, calcinés, soulevés et bouleversés
dans plusieurs sens différens. Un seul de ces bancs, assez puissant, se dirigeant
N. E. et S. O., paroîtroit se rendre à la mer sous ia terre végétale ;
ies autres n’ont pas un ensemble de direction qu’on puisse indiquer : les
feuillets des couches sont excessivement minces, friables et légers; ils
ne présentent pas moins de différences dans leur couleur, qui est rouge,
jaune ou verdâtre. Tout à côté sont des amas de jets terreux et pul-
( I ) On trouve dans cette caverne une source d ’eau assez bonne à b o ir e , ainsi que des sta-
iactites.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 2 5 1
véruiens, et çà et là des boules de laves compactes en décomposi- Ile s Mariannes,
tion. Géolo g ie .
» En parcourant cette partie de l’île , nous rencontrions quelquefois de
très-gros blocs isolés de basalte, posés sur le calcaire, loin de tout
centre d’éruption ( i ). Comme ils sont précieux pour les habitans, qui
s’en servent à faire des mortiers à piler le riz , plusieurs ont été creusés
sur piace à cet effet; mais la difficulté de les emporter ensuite au travers
des bois les y a fait abandonner. Si l’on vouloit admettre l’existence
très-ancienne d’habitations aux alentours de ces lieux, on pourroit dire
que ces pierres y ont été transportées ; mais la privation totale d’eau potable
éloigne cette conjecture, et ii faut nécessairement croire quelles
ont été lancées là par des éruptions.
» Dans les enfoncemens de la côte abrités des vents et préservés de
l’action des flots, se trouvent des madrépores vivans qui tendent à en
diminuer la surface. Ces petits animaux ont déjà comblé, pour ainsi
dire, la vaste enceinte du port San-Luis , où ies vaisseaux ne trouvent
guère maintenant que d’étroites issues pour se rendre au mouillage.
Rota et Saypan. — » Quoique nous n’ayons fait qu’entrevoir quelques-
unes des îles mariannaises situées au Nord de G aam, nous avons cependant
passé assez près de leurs côtes, pour distinguer qu’elles ont beaucoup
de rapports de constitution avec cette dernière, c’est-à-dire qu’elles sont
tout simplement formées de calcaire madréporique, ou bien de calcaire
avec des montagnes volcaniques. Rota est dans ie premier cas, et Saypan
dans le second. Ceux de nos observateurs qui ont visité la première de
ces îles, en ont rapporté des branches de madrépores proprement dits
qu’ils ont détachées du calcaire à une grande élévation au-dessus de la mer.
Agaigan et Tinian. — » Les îies Agffligan et Tinian ont entre elles de
grandes similitudes, tant pour le sol, qui est tout caicaire, que pour
la végétation, qui est maigre et pauvre en général. Ces deux îies,
de formation analogue , sembleroient n’en avoir fait autrefois qu’une
seule d’une égaie élévation. II faudroit supposer, dans ce cas, que toute
( I ) M. D u p e r re y , q u i a examiné ces espèces de sphères, leur donne 3 pieds de diamètre.
« On en tro u ve , d it-il, dans presque toutes les parties de l’ île , et même sur les fonds de coraux
sous-marins compris entre les récifs et la côte. »
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