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lie s Mariannes. après quelques instans de repos, il fut conduit à Agagna, où il raconta
Histoire. cette triste aventure.
16 7 4 (suite ). perte d’un aussi infatigable et zélé directeur fut vivement sentie
par les missionnaires. Ils espéroient à la vérité de recevoir bientôt quelques
secours; mais, le 6 juin , le vaisseau Nuestra Señora del Buen Socorro, qui
les apportoit, étant parvenu en vue d’Agagna, n’eut pas plutôt envoyé sa
chaloupe à terre avec une petite partie des objets dont ii étoit chargé,
qii’im vent violent l’entraîna loin des Mariannes, et le força de continuer
sa route vers les Philippines. Ainsi fut emmené bien malgré lui le P. Ba-
ziiio, qui, devenu supérieur de ia mission à la mort du P. Esquerra, s’étoit
rendu à bord pour recevoir les ecclésiastiques qui venoient d’arriver. Ce
contre-temps laissa à Goam les bons pères dans une disette extrême de
bien des choses indispensabies aux besoins de la vie.
Cependant iis s’estimèrent heureux que le capitaine D. Damian de
Esplana, le nouveau gouverneur, eût pu descendre à terre. Cet officier
actif et valeureux se mit à la tête des soldats ; et pour les tirer de l’oisiveté
dans laquelle il craignoit de les voir croupir, il ies occupa au défrichement
d’une forêt voisine, où ies Mariannais, en temps de guerre, venoient
souvent s’embusquer. Ceux-ci, inquiets d’une opération dont ils ne de-
vinoient pas, le but, et poussés peut-être aussi par leur inconstance et
leur légèreté ordinaires, parurent s’ennuyer de la paix, et recommencèrent
à dresser des embûches aux Espagnols. D. Damian , après avoir
inutilement fait sommer les délinqiians d’observer les traités, prit la ré
solution de les intimider par la destruction complète de Chschogo, lieu
presque inaccessible, où se retiroient tous les débauchés et ies séditieux de
Goam. Il partit, en conséquence, d’Agagna dans la nuit du 26 juillet,
avec une troupe de 30 hommes choisis. Après une marche laborieuse, ses
gens et lui entrèrent dans le seul défilé qui pût conduire à ce village, et que
dominent de tous côtés des hauteurs dont l’ennemi s’étoit emparé :,à peine
s’y furent-ils engagés, qu’on les assaillit d’une grêle de traits et de pierres,
à laquelle ils répondirent par une décharge de mousqueterie ; mais les
soldats tirant de bas en haut, et combattant d’ailleurs dans un espace
resserré où ils se gênoient ies uns les autres, ne savoient comment se dérober
aux coups qui tomboient constamment sur eux, quand le P. Aionzo
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 187
Lopès, après avoir imploré ie secours du ciel, les excita par son exemple lies Mariannes,
à gravir ies rochers. Effrayés autant que surpris de cette résolution gravir intré- Histoire.
pide, ies barbares prirent la fuite, et abandonnèrent Chachogo aux as-
saillans, qui ie réduisirent en cendres.
Revenu à Agagna, et sans laisser aux Mariannais le temps de se reconnoître,
D. Damian fit une excursion du côté de Ffflgna, où l’esprit de
révolte commençoit à fermenter encore : il brûla quelques villages mutinés
qui avoient refusé de se soumettre; dans le nombre on compta ceux
de Polops), Saga, Sidia, Hati, et deux autres de moindre importance des
environs. Abattus par ces exécutions cruelles, mais qu’on jugeoit nécessaires,
portés d’ailleurs à ia soumission par Agoarin, un de ieurs chefs,
et i’un des plus nobies et des plus fidèles amis des Espagnols, ils demandèrent
et obtinrent de nouveau la paix. Eile fut consacrée à établir à
Agagna deux nouvelles écoles pour ies enfans des deux sexes, à finir une
église commencée à Ritidian, et à en construire une nouvelle à Taragay.
Ces établissemens propagèrent la foi dans la partie septentrionale de
l’île , plus rapidement qu’on n’avoit eu lieu de l’espérer ; le zèle religieux
s’alluma même à un tel point dans les bourgades de Ritidian et de T a ragay,
qu’il y eut des défis à qui répondroit le mieux, dans des conférences
publiques , sur des matières religieuses : ces conférences avoient iieu alter-
nativ-ement dans l’un de ces villages où se rendoient processionneliement,
en chantant des cantiques et couronnés de fleurs , les garçons et les filles
de l’autre viilage. Les missionnaires, juges de cette lutte mystique, décer-
noient les prix à ceux qui avoient le mieux répondu. Ces exercices, et
l’espèce de pompe dont on avoit soin de les entourer, attirèrent tant de
monde, et rallumèrent tellement l’amour de la religion dans cette portion
de l’île, qu’on résolut d’en établir de semblables dans les autres paroisses.
D. Damian de Esplana, à qui on étoit redevable de ces succès , ne put,
à cause d’une nouvelle sédition dont Goam fut encore ie théâtre, continuer
l’exécution du projet qu’il avoit formé de passer aux autres îles.
Les Chfflchfflgais, et quelques villages des montagnes voisines, complotèrent
de massacrer les religieux et le peu d’Espagnois qui devoient
rester après le départ du gouverneur. Malheureusement pour les rebelles,
ce projet fut découvert par des avis secrets, et sur-tout par ie meurtre
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