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298 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
IJes Mariannes, nous avons observé sur nous-mêmes que, pendant de longues courses le
De 1 honime long Jg la côte, par un soleil ardent, il se développoit sur nos lèvres
c om m e in d ivid u . o > r r i
des espèces d’aphtes, et que la peau du visage et des mains devenoit âpre
au toucher.
» Ainsi dans ies deux îles habitées (Goam et Rota) par une population
peu nombreuse, nous trouvons plusieurs variétés delà lèpre, dont
quelques-unes sont peut-être inconnues en Europe. Ces déguisemens du
même mal donnent lieu :
1 .° Aux écailles ondulées ou moirées ;
2 .° A u x engorgemens lymphatiques des membres inférieurs ;
3.° Aux boutons larges et élevés [b u t a s ) , qui demeurent iong-temps stationnaires
avant de s’agrandir et de former des ulcères ;
4.° A ces ulcères rongeans qui s’attachent aux articulations et en détruisent ies
mouvemens ;
5.° A ces plaies qui carient les os du nez, du palais, font tomber ceux des articulations
des pieds et des mains. Cette dernière variété ressemble beaucoup
à la précédente, et n’en diffère que dans ia chute des os ; mais elle est réelle
et reconnue même des habitans du p a y s , puisqu’ils la regardent comme
contagieuse, et séquestrent, sous ie nom espagnol de la-çarinos, ceux qui
en sont atteints ;
6.° A ia lèpre tuberculeuse, observée sur l’île Rota ; elle se complique avec les
autres, et nous avons vu un individu avoir les oreilles découpées et garnies
en outre de tumeurs. Quant à i’altération des traits de ia physionomie, je
ne ia rangerai point <i part ; elle appartient aux engorgemens lymphatiques.
Au mémoire important de M. Quoy sur la lèpre, nous ferons succéder
quelques détails additionnels à ce que nous avons déjà dit sur l’art de
guérir des naturels.
Blessures. — Rien de précis ne nous est parvenu sur l’art chirurgical
des anciens Mariannais. Aujourd’hui les habitans pansent les blessures
avec le lait de rima, qui, lorsqu’il est frais, est un véritable baume.
La résine du takamahaka [daok~\ sert utilement au même usage. Si l’on
mêle ensemble du gingembre \_asimd) pilé, de la suie tirée d’une marmite
en fer ou d’un pot de terre, du sel et de l’huile de coco , puis qu’on fasse
réduire ie tout sur le feu, dans un poêlon qui ne soit pas de cuivre, on
LIVRE III. — De T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 299
obtiendra une sorte d’onguent estimé pour la guérison des blessures lie s Mariannes.
légères. Quand elles sont profondes, ii faut préalablement couler entre ies ^Dejhomme^^
lèvres de la piaie une certaine portion du mélange ci-dessus, et ia panser
ensuite avec cet onguent lui-même.
Le fruit de l’amargosa, trituré avec l’huile de coco , est aussi un
bon topique pour la cure des petites plaies ; tel est encore le suc adhésif
des racines fraîches du figuier multipliant [t/o«®], qui, placé sur ies
coupures, en étanche promptement le sang : il faut, pour ceia, que
i’écorce, réduite en pâte, reste sur la partie malade jusqu’à parfaite guérison.
L’écorce du tronc et des branches de l’aréquier [pogoa] n’est pas
moins précieuse pour le même objet.
Est-ii question d’arrêter une hémorrhagie rebelle, on a recours, soit
à la plante nommée tolan manak, soit a 1 herbe de Santa-Maria, ou bien
enfin à l’espèce de liseron bleu [fofgo] qu’on trouve en si grande abondance
à Goam ; seulement il faut que ces simples soient préalablement
triturées.
Dans les cas où l’inflammation exige une saignée locale, on fait usage
de ventouses en corne de cerf. -— Il est fort rare que le tétanos se montre
à la suite des blessures.
Contusions. — On combat l’effet intérieur produit par une forte
contusion, en faisant boire au malade de l’eau dans laquelle on a fait
infuser parties égales de poudre de gingembre et d’écorce râpée i hagao.
La feuille du même arbre, pilée et mêlée avec i’eau-de-vie de coco,
s’emploie pour résoudre les contusions superficielles.
Ulcères de la bouche.— Le charbon de la feuille de rima bien mûre,
mêlé avec parties égales de charbon d’étouni, s emploie à la guérison des
ulcères de la bouche et des gencives : il suffit d’en frotter les parties
malades. On croit ici assez généralement que le bétel, dont l’usage
existoit aux Mariannes bien avant l’arrivée des Espagnols, peut prévenir
les incommodités de ce genre.
Rétentions d’urine. — En faisant macérer dans le vinaigre de palmier
le fruit pilé du pakao, on obtient un liniment dont les fomentations sur
le bas-ventre sont utiles dans ies cas de rétention d’urine.
Indigestions. — Pour les indigestions, il suffit ordinairement de faire
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