
iles Mariannes. Gof-sipik [ adroit pêcheur] ; Taï-a^iao [intre'pide] ; Taï-gaalo [paresseux] ;
D e l’ homme Faolos-^a [navigateur heureux]-, Goi-t>cha [adroit à jeter la lance]-,
en société.
Misngon [ patient ] ; Ninéti [ ingénieux ] ; Massongsong [ qui a peuplé
une bourgade]-, Gof-higam [adroit à manier Îliigam ( i) ] ; A g ad -^a (2)
[ habile à donner la tonture aux pirogues] ; Ki-ighi [ qu’on ne peut surpasser] ;
Matapang [ coco tendre et mou, mais dont le lait n est pas doux ] ; Pentan
[ coco mûr et qui commence à sécher sur l’arbre ] ; Djoda ou Tchod-a
[bananier]-, &c.
Funérailles. — La tradition locale conserve peu de détails sur ce qui se
pratiquoit jadis aux Mariannes à i’occasion des funérailles ; cependant,
et iors même que l’histoire ne viendroit pas ici à notre secours , on pourroit
présumer que, dans un pays où tout ce qui tient à la famille étoit
si soigneusement respecté, où les lois mêmes faisoient un crime aux
habitans des omissions ies plus simples, que dans un tei pays, dis-je,
la douleur des parens à la mort de quelqu’un d’entre eux devoit être
exprimée par les signes d’un profond chagrin. Voyons ce que nous
transmet, à ce sujet, un auteur dont nous avons plusieurs fois cité
l’ouvrage.
« Il n’y a guère de peuples pius éloquens à marquer ieur dou-
» leur, ni pius expressifs dans leur air et dans leurs manières. Rien
» n’est pius iugubre que leurs enterremens (3) : ils y versent des tor-
» rens de larmes ; iis y font des cris capables de pénétrer de dou-
» leur les plus endurcis; ils demeurent long-temps sans manger, et
» s’épuisent tellement par leurs cris et leurs longues abstinences, qu’iis
■> ne sont pas reconnoissabies. Leur deuii dure sept ou huit jours, et
» quelquefois davantage ; ils le proportionnent ordinairement à i’affection
» qu’ils avoient pour le défunt, ou aux grâces qu’ils en avoient reçues.
» Tout ce temps se passe en pleurs et en chants lugubres. Ils font
» quelques repas autour du tombeau du défunt (4) ; car on éiève toujours
(O H ig am , outil pour creuser les embarcations, espèce d’henninette; voye^ pl. 7 9 , fig. i .
( 2 ) A g a d -g n a , dont, par corruption, on a isdt A g a gn a : c’est le nom du ch e f qui a fondé la
villede ce nom.
{ 3 ) T o u te la famille du mort y assiste.
(4 ) Ses proches parens fournissoient, quand il étoit nécessaire, des vivres pour les personnes
LIVRE III. — De T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 391
» un tombeau sur le iieu où le corps est enterré, ou du moins à côté (i).
» On ie charge de fleurs, de branches de paimier, de coquillages , et de
” tout ce qu’ils ont de plus précieux. La désolation des mères qui ont
» jrerdu leurs enfans, est inconcevable : comme elles ne cherchent qu à
.. entretenir ieur douleur, elles coupent quelques cheveux de leurs enfans
.. qu’elles gardent chèrement; et elles portent à leur cou une corde, à
» laquelle elles font autant de noeuds qu’il y a de nuits que ieur enfant
» est mort. »
« Si la personne qui meurt appartient à ia haute noblesse, leur douleur
» est alors sans mesure. Ils entrent dans une espece de fureur et de
» désespoir ; ils arrachent leurs arbres , ils brûlent leurs maisons, iis
» rompent leurs bateaux, ils déchirent leurs voiles et en attachent les
» morceaux au devant de ieurs maisons, lis jonchent les chemins de
» branches de palmier, et élèvent des machines iugmbres en l’honneur du
» défunt. Si le défunt s’est signalé par la pêche ou par les armes, qui
» sont deux professions de distinction parmi eux, iis couronnent son
» tombeau de rames ou de iances, pour marquer sa valeur, ou son habi-
» leté dans la pêche. S’il s’est rendu illustre par ces deux professions,
» on entrelace ies iances et les rames, et on lui en fait une espèce de
» trophée.
» Tout ceia est accompagné de lamentations vives et de sentimens
» touchans que la douleur ieur inspire, et qu’eile leur fait exprimer d’une
» manière fort spirituelie. I l n’y a plus de vie pour moi, dit i’un; ce qui
» m’en reste ne sera qu’ennui et qu’amertume. Le soleil qui m’animoit s’est
» éclipsé. La lune qui m’éclairait s’est obscurcie. L ’étoile qui me conduisoit a
» disparu. J e vais être enseveli dans une nuit profonde, et abîmé dans une mer
» de pleurs et d’amertume. A peine l’un a-t-il cessé, que l’autre s’écrie :
•> Hélas ! j'ai tout perdu ! Je ne verrai plus ce qui faisoit le bonheur de mes
» jours et la joie de mon coeur. Quoi, la valeur de nos guerriers, lhonneur
» de notre race, la gloire de notre pays , le héros de notre nation n est plus!
D e l’homme
en société.
présentes à la cérémonie , en observant un ordre et des conditions que nous expliquerons
bientôt.
( i ) L ’enterrement avoit lieu ordinairement tout auprès et en dehors de la demeure du
mort, quelquefois aussi dans sa maison même.