
ile s Mariannes. Mariannes, ieur fit rassembler soigneusement toutes ces anciennes monnoies
An cien
gouvernement.
Guerre.
d’écaille, qu’ils portèrent ensuite et vendirent en Chine ; aujourd’hui
il seroit, comme je i’ai déjà dit, extrêmement difficile d’en trouver;
et moi-même, malgré les recherches obligeantes du gouverneur et du
major D. Luis de Torrès, j’ai eu ia plus grande peine à m’en procurer
quelques fragmens.
Nature et durée des guerres, — Les guerres que les Mariannais se
faisoient entre eux n’étoient ni fort meurtrières, ni de bien longue
durée. Jamais eiles n’étoient suscitées par i’esprit de conquête : iis ne
prenoient ies armes que pour se venger d’une insuite grave, ou pour
se soustraire au caprice et aux vexations de leurs voisins. Une tribu
de l’intérieur détournoit-elle ou arrêtoit-eile ies eaux qui abreuvoient
une peuplade placée sur un terrain moins .élevé, c’étoit un sujet de
guerre, à moins qu’à l’amiable on ne parvînt à régler le différent.
Manière de combattre.— Prompts à s’irriter pour la moindre chose,
les habitans n’hésitoient point à courir aux armes, mais ils les quittoient
avec autant de facilité. Lorsqu’ils se mettoient en campagne, leur usage
étoit de pousser de grands cris, pius encore peut-être pour s’animer eux-
mêmes que pour effrayer leurs ennemis, car iis n’étoient pas naturellement
fort braves (i). Ils marchoient sous les ordres d’un des principaux
chefs de leur tribu, e t, en cas de ligue entre plusieurs peuplades, on
déféroit le commandement à celui qui, d’un commun accord, en étoit
jugé le plus digne par ses exploits, son courage et les ressources de son
génie.
La hiérarchie, telle que nous l’avons signalée dans le gouvernement
civii, existoit encore pendant la guerre; le maga-iahi, commandant né
des troupes, avoit sous ses ordres, d’abord son frère aîné , puis ses autres
frères par rang d’âge, ses cousins germains, &c.
Au reste, la discipline de l’armée, l’ordre à suivre pendant la marche
et l’attacjue, n’avoient rien de commun avec la tactique européenne.
Chaque guerrier, à-la-fois officier et soldat, proposoit ses idées comme
elles lui venoient à l’esprit, dans l’intérêt de l’entreprise, et payoit de
sa personne à l’instant du danger. La troupe se rallioit au son de la
( i) Voye:^ le G o b ien , op. cit.
LIVRE III. — De T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t .
conque (i), et marchoit sous une bannière appelée babaa (2), dont on
ignore aujourd’hui la forme précise et la couleur.
Les mataas et les atchaots s’arinoient seuls lorsqu’il s’agissoit d’ailer
soutenir une guerre. Les mangatchangs, privés de cet honneur, étoient,
dans les expéditions sur terre, chargés du transport des munitions et des
vivres (3) : au reste, quant au second article, iis n’avoient pas de grandes
fatigues à essuyer; car dans une campagne ordinaire, dont ia durée
n’excédoit guère trois ou quatre jours , ia nourriture des guerriers se
réduisoit à presque rien (4 )- Observer avec un soin extrême les mouvemens
de l’ennemi, déployer une sagacité vraiment étonnante pour le faire
tomber dans quelque embuscade ( 5) : telle étoit ia base de ieur stratégie.
« Il semble, dit le Gobien [op. cit.), qu’ils ne se mettent en cam-
» pagne que pour se surprendre les tins ies autres. Ils n’en viennent
» aux mains qu’avec peine, et, s’ils ie font, ce n’est que pour ne pas
» avoir la honte de se retirer sans rien faire. On diroit qu’ils ont peur
» de se faire mal ou d’ensanglanter le champ de bataille (6). Deux
» ou trois hommes tués ou grièvement blessés décident la victoire.
» La peur les saisit à la vue du sang répandu ; ils prennent la fuite, et
’> se dispersent dans un moment (7).
( i ) L a conque (pl. 5 8 , fig. 7 ) s e rv o it, aux Mariannes comme aux C a ro lin e s , non-seulement
à rassembler ies comba ttans, mais encore à appeler leur attention sur un mouvement
qui alloit se fa ir e , sur un ordre qu’on a iioit donner. S i le son de cet instrument partoit de
la demeure du maga-iahi ou ch e f de la tr ib u , c’ étoit un avertissement à tous Íes habitans de
se réunir chez lu i , pour recevoir quelque communication; lorsqu’ il se faisoit entendre d’ une
maison p a rticu liè re , c’ étoit un signal pour demander du secours.
( 2 ) II existe encore à G o am une famille dont le nom de Ba baota signifie qui a bien défendu
notre bannière. Imposé peut-être par ia reconnoissance d’un peuple à un homme v a le u re u x , ce
nom offre , ce me sem b le, une preuve que les anciens tenoient à honneur, comme nous, la
défens,e de leur drapeau.
( 3 ) Ils se servoient, à cet effe t, des grands paniers en vacoua nommés hagog, figurés pl, 7 9 ,
fig. 26. Voyez pag. 3 1 7 .
(4 ) L es mêmes hommes qui donnoient à la guerre des preuves d’ une excessive sob rié té , se
montroient, dans d’autres circonstance s, des mangeurs insatiables. ( Voyei ce qui a été dit des
C a ro lin o is , page 16 0 .)
( 5 ) plus h aut, pag. 1 7 I et 179.
(6) L e célèbre Quiroga avoit remarqué que les Mariannais étoient d ’autant plus timides
qu’on leur montroit plus d’audace. ( pag. 2 0 2 .)
( 7 ) C e c i ne peut s’entendre que de leurs démêlés entre compatriotes ; car on les a v m s s o u -
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go u v e rn em en t.