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Iles Mariannes. mésotype d’une assez belle blancheur , mais non cristallisée. Pour en
Géologie. trouver dans ce dernier état, il faut aller ies chercher dans ies anfractuosités
que baigne la mer.
» Le mont Ilikio, ou vigie d’ômata, est, avons-nous dit, ie point le
plus élevé de Gaam, et un de ceux aussi qu’il est le plus difficile de
gravir, à cause de la roideur de la pente. Cette montagne est formée de
trois pitons distincts, auxquels se rattachent d’autres aspérités secondaires
dont les séparations donnent lieu à de petites vallées très-fertiles : les
pius remarquables sont celles d’ômata et de Mérizo ; c’est ià qu’a dû
être le foyer des éruptions les plus considérables de ce système ; car
plusieurs des embranchemens qui en partent à angle droit se dirigent
vers le rivage en coulées plus ou moins puissantes qui vont se perdre
dans la mer. La décomposition au sommet paroît cependant si ancienne,
qu’il n’y reste plus de vestiges de cratère ; tout a été recouvert et aplani
par une argile rougeâtre. Du milieu de ce petit plateau s’élève un cône
de tuffa surmonté d’une boule irrégulière d’agglomérats , de rnême
substance, et de plus de i 5 pieds de diamètre. Parmi les morceaux de
laves dures et friables qui la composent, on distingue du calcaire, des
coquilles, des madrépores, et quelques cristaux très-courts d’amphiboie.
» Si i’on continue de prolonger l’île vers le Sud et vers l’Est, on voit
les montagnes diminuer insensiblement de hauteur, à mesure qu’elles s’avancent
davantage vers le centre. La plaine de Mérizo, qu’on traverse,
est parsemée de débris de laves très-dures ; plus loin, en approchant du
viliage d’Ynarahan, les coulées forment des caps avancés que vient
battre ia mer. La matière a pris ici un singulier aspect : ce sont des
boules irrégulières , hétérogènes, de la grosseur d’une noix, et réunies en
forme de poudingue ; j’ai remarqué , dans quelques-unes , des morceaux
d’obsidienne,
» En laissant à l’Est le village d’Ynarahan, on s’élève sur les collines de
Dandan (i), qui terminent à-peu-près ie système volcanique que nous
venons de parcourir ; elles présentent divers phénomènes de l’action des
feux souterrains. D’abord , à gauche (au Sud ) du chemin qui va de Pago
( I ) Ce nom de Dandan p ro v ien t, dit-on, d’une sorte de pierre qui se trouve sur ce p o in t,
et q u i , étant frappée , rend un son assez semblable à celui d’une cloche.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 249
à la maison de l’alcade ( i ) [pl. 59 ], on voit de gros blocs rhomboïdaux. Iles Mariannes,
ou en boule, d’une lave pesante, répandus çà et ià sur des tuffas. Un G é olo g ie ,
grand nombre de ces boules sont placées au sommet d un pédicule calciné,
et il suffit de toucher ces monticules du bout du doigt pour les
faire écrouler en fragmens, bien qu’ils aient jusqu à cinq pieds de haut
et plus. Ces sphères basaltiques, en tombant, se separoient par enveloppes
concentriques, mais le centre en étoit toujours très-dur.
» A quelques pas de là se trouve un banc de marne blanche, tellement
altérée par le feu, que cette substance a perdu la moitié de sa pesanteur
; les couches en sont régulières, peu inclinées, et épaisses de 6 à
8 pouces.
» Toujours à gauche du même chemin, en allant à la seule source
qui existe sur cette hauteur, on parcourt des enfoncemens considérables.
L ’un d’eux, creusé en entonnoir, et ayant à son centre un petit piton de
laves dures, ressemble assez bien à un cratère déformé; seul endroit où
la configuration du soi m’ait offert une telle apparence : c est aussi là que
j’ai rencontré ies plus belles couches de tuffas argiloïdes , formées d une
multitude de petites boules très-friables, dont ies couleurs variées
étoient fort agréables à i’oeil.
» II existe, aux alentours et sous terre , des couches de lignite que je n’ai
pas vues en place. Parmi les nombreux échantillons que nous nous sommes
procurés, quelques-uns étoient de la grosseur de la jambe, et tous d une
couleur brune très-foncée à l’extérieur; la cassure, noire, conchoïde ; ie
grain, très-fin et très-serré. Tous appartenoient à des arbres dicotylédones
, et l’on pouvoit encore distinguer la direction longitudinaie des
fibres du bois.
» En allant de Dandan au village d’Ynarahan , je recueillis sur le
sol, à plus de cent toises au-dessus du niveau de la mer, des morceaux
de calcaire madréporique intacts, et, un peu plus loin, d autres semblables
qui avoient été brûlés. J ’y joignis un fragment caiciné de pocillopore
bleu, en tout semblable à ceux qui vivent dans la mer. Il en étoit de
même d’une valve de spondyle remplie d’autres coquilles toutes spathisées.
( i ) C ’est l’alcade d’Ynarahan q u i, par des motifs d’agrément et de salubrité , a établi sa
demeure sur le sommet d’ une des collines de Dand an.
Yoyagc Je l'Jran ie . — Historique. T.. II, II