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Iles Mariannes. afin d ouvrir un débouché facile aux produits indigènes, il obtint cpie ces
Histoire.
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17 7 2 .
17 7 4 .
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matières seroient à l’avenir transportées aux Philippines sur les galions qui
ailoient annuellement d’AcapuIco à Manille, en passant par Goam.
Le capitaine Crozet, commandant les navires français le Mascarin
et le Marquis de Castries, expédiés de i’Ile-de-Françe pour reconduire
à Taïti l’Indien qu’avoit emmené à Paris M. de Bougainville, relâcha
à Gaam en septembre i 7 7 2 , et fut comblé d’attentions et d’égards par
D. Tobias (i).
Les fonctions de ce gouverneur durèrent trop peu de temps pour le
bonheur des insulaires; il fut remplacé en 1 774 par D. Antonio Apodaca,
qui, au lieu de i’imiter, aima mieux suivre ia voie des vexations et de
l’arbitraire que ses autres prédécesseurs lui avoient tracée.
L’agriculture étoit encore si peu développée, que ies Mariannes étoient
presque hors d’état de fournir au-delà de ia subsistance des habitans.
Aussi, iorsqu’en 17 7 5 la frégate de guerre/¿î Conception, chargée de
troupes de débarquement, eut le malheur d’échouer sur la côte de
Somaye dans le port San-Luis, le grand nombre de bouches qu’elle jeta
dans l’île y produisit la disette. L ’équipage, et ce qu’on avoit pu sauver
du matériel de ce bâtiment, ne purent être transportés à Manille que
i’année suivante.
Ii fut enjoint de nouveau aux ecclésiastiques de ne se servir auprès
des naturels que de la langue castillane : pour rendre cet ordre d’une
exécution plus facile, on prescrivit l’établissement d’écoles où cette
languie seroit enseignée, et il fut résolu de confier de préférence à cenx
qui la connoîtroient divers emplois subalternes dans les villages. La
construction d’un hôpital militaire à Goam fut aussi résolue; et l’autorité
supérieure des Philippines blâma hautement le gouverneur d’avoir,
soit dans la punition des délits militaires, soit dans sa conduite avec ies
Indiens, suivi plutôt son caprice que les réglemens.
( i ) Ce s vaisseaux laissèrent à Goam beaucoup de soufre et de pierres à fusil. E n 1 8 1 5
ou 1 8 1 6 , mourut le dernier França is des cinq qui quittèrent sur cette île le capitaine C ro z e t:
P ie r re Coutineau, c’est ainsi qu’il se n ommoit, avoit été tambour sur une des co rv e tte s, e t ,
après quelques années de séjour à G o am , il s’y étoit marié et avoit entièrement oublié sa
langue ma terne lle ; sa veuve et sa f ille , bien vieilles toutes d e u x , existoient encore à Agagna
en 1 8 19 . Les matelots de l ’ Uran ie furent reçus chez elles en amis et en compatriotes.
A D. Apodaca succéda, en 17 7 6 , D. Felipe de Cerain, homme très- Mariannes.
■ - H istoire. riche, mais original jusqu’à la folie. On concevra quels devoient être ie
caractère et le gouvernement d’un tel homme, par ce trait de sa conduite
intérieure. Occupations , repas, rien chez lui n’étoit réglé : il demandoit
à dîner n’importe à quelle heure du jour ou de la nuit, et le domestique
qui iui servoit un plat ie premier recevoit de sa main trois réaux; quelque
empressé néanmoins que fût le zèle de ses gens, son impatience le devan-
çoit parfois encore ; il couroit lui-même à ia cuisine, et mangeoit sur les
fourneaux les mets brûlans et à demi cuits. Malgré ces travers bizarres ,
plusieurs vertus le distinguoient ; il étoit humain , généreux, mais n’avoit
malheureusement aucune tenue.
Au nombre des maladies importées par les Européens aux Mariannes,
la petite vérole étoit une des plus redoutées : ses ravages furent très-
meurtriers en 17 79 ; et l’on remarque en effet, sur les états de population
de cette époque, une diminution considérable. Six ans plus tard , une
ordonnance du roi indiqua les mesures qui devoient être prises à l’avenir
contre ce fléau.
D. Cerain fut remplacé, en 17 8 6 , par ie lieutenant-colonel D. José
Arlequi y Leos, qui à un grand mérite personnel joignoit toutes les qua-
iités d’un bon gouverneur. Son administration fut salutaire et réparatrice ;
cependant tous ses soins ne purent arrêter les crimes , conséquences
nécessaires d’une démoralisation antérieure : il fit juger une femme adultère,
pour avoir fait périr le fruit de ses coupables liaisons; plusieurs
causes furent intentées aussi pour viol, voi, blessures, &c.
Le roi ordonna qu’à l’avenir la dîme perçue sur les terres possédées
par des Espagnols ou par des Indiens sujets de Sa Majesté, seroit à la
charge , non des fermiers , mais des propriétaires.
Le gouvernement de D. Arlequi est remarquable en ce qu’il vit arriver
la population de Goam au dernier terme du décroissement qu’eile
suivoit depuis long-temps ; parvenue à i 3 i 8 individus, elle a , dès
17 8 6 , pris une marche ascendante qu’ont arrêtée quelquefois mais que
n’ont pu changer de légers incidens.
Trois tamors carolinois arrivent à Goam en 17 8 7 dans deux pirogues
poussées par la tempête ; ies treize hommes qui ies montoient sont ac-
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17 7 9 .
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17 8 6 .