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19 6 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Iles Maiiannes. engagement, qui mit les habitans en fuite , ii brûia le village où étoient
Histoire. D« fugitifs, ainsi que plusieurs de leurs embarcations, et repassa à
1 6 8 1 (suite). Goam. A peine délivrés de cette crainte, les séditieux firent, par esprit
de vengeance, des excursions sur les terres des amis des Espagnols, qu’ils
ravagèrent, en y massacrant quelques personnes. Quiroga j irrité, alla
promptement à Rota, et parvint, après beaucoup de fatigues et de difficultés,
à réduire ces barbares, dont les plus opiniâtres furent tués et le
reste mis en déroute.
A peine l’expédition étoit de retour à Goam, quand le vaisseau qui
portoit le remplaçant du gouverneur D. Juan de Salas, mouilla à ©mata :
il se nommoit D. Antonio de Saravia. Contre l’usage étabii jusqu’à ce
jour, il tenoit du roi lui-même sa commission de gouverneur général des
Mariannes et des îles adjacentes , tandis que précédemment c’étoit ie
vice-roi du Mexique qui en avoit seul signé ies brevets. Dès qu’il fut
entré en fonctions, le nouveau gouverneur occupa ses soldats à construire
à Agagna une forteresse capable de mettre la ville à couvert de toute
.surprise ; il perfectionna aussi le mode d’administration de l’île, en nommant,
pour principaux officiers de chaque bourgade, ceux des chefs
mariannais qui s’étoient montrés jusqu’alors plus attachés et plus affectionnés
aux Espagnols. Antonio Ayihi, qui s’étoit sur-tout signalé à cet
égard, fut mis en quelque sorte à la tête de sa nation, en recevant le
titre de maréchal de camp des armées du roi, qui iui fut conféré.
Après leur conversion , un grand nombre des principaux Mariannais
avoient demandé par leurs députés, au vice-roi du Mexique et au gouverneur
des Philippines , la protection du roi d’Espagne : quoiqu’elle leur eût
été alors accordée, D. Saravia jugea devoir faire confirmer cette suzeraineté
par un acte encore pius authentique. Dans une assemblée générale,
convoquée le 8 septembre, et à laquelle furent réunis tous les notables
du pays et une multitude cohsidérable de peuple, un nouveau serment
de fidélité fut prêté au monarque des Espagnes et des Indes. Le procès-
verbai, signé de chacun des contractans, fut scellé du sceau de la colonie.
Cette cérémonie terminée, ie gouverneur traita splendidement tous
les chefs qui y avoient pris part, et fit de grandes largesses au peuple.
Les Mariannais, à partir de cette époque, entrèrent avec moins de ré-
16 8 1 (suite).
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 197
sistance dans les moeurs et les usages des Espagnols ; on ies habitua à lies Mariannes,
se vêtir , à semer le maïs , à en faire une espèce de pain on de galette, Histoire,
et à manger de ia viande; des artisans, ayant été envoyés dans les vi llages,
leur montrèrent aussi à filer, à faire la toile, coudre, tanner les
peaux et les cuirs, forger ie fer, tailler ies pierres, bâtir à la manière
d’Europe, &c. Les enfans, élevés dans les séminaires, furent bientôt
habiles dans toutes ces professions, et servirent pius tard de maîtres à
ieurs compatriotes. L à , on leur enseignoit en outre à lire et écrire, à
chanter, à jouer du violon et de la basse, instrumens que la plupart meme
savoient fabriquer avec beaucoup d’adresse. Les jeunes filles, instruites
également dans ies travaux de ieur sexe, devinrent sur-tout remarquables
par leur chasteté et leur modestie. Les moeurs des femmes mariées ne
furent pas moins édifiantes.
Un changement si extraordinaire chez tous les habitans de i’île , la
docilité qu’ils montroient et ieur soumission, laissèrent le temps aux
missionnaires, toujours avides de nouveaux travaux, de voler à la conversion
des Indiens qui peupioient ies îies situées au Nord de Goam , qu’ils
avoient été forcés d’abandonner à cause des troubles. Le P. Commans
partit en conséquence , visita d’abord Rota avec succès , puis continua son
voyage avec les officiers qui lui avoient été adjoints : mais ie gouverneur,
jugeant pius tard devoir faire le voyage Iui-même , pour être plus à portée
d’aplanir les difficultés qui surviendroient, il s’embarqua et emmena
D. Quiroga avec lui. Malheureusement un fort coup de vent les obligea
de chercher un refuge à Rota; et D. Saravia, d’une santé déjà affoiblie,
ne pouvant résister à ces nouvelles fatigues, succomba après quatre jours
de maladie, le 3 novembre 1683.
D. Damian de Esplana, qui déjà avoit régi une fois les Mariannes, venoit
d’arriver de Manille à Agagna, avec le titre de gouverneur, et un secours
considérable en troupes et en munitions : à la mort de D. Saravia, il se
mit naturellement à la tête des affaires ; et poursuivant les pians de
son prédécesseur, il expédia, ie 22 mars 1684, pour les îles du Nord ,
D. Quiroga, à la tête d’une petite escadre composée d’une corvette à
trois mâts et d’une vingtaine de pros ; un supplément de vingt autres
pirogues fut pris en passant à Rota, Parvenu , ie 1 3 avril , devant
iéS4.