
Iles Mariannes. été en raison de leur surface même? Nous déduirons, par un calcul fort
De Thomme simple, de ce principe et de ce qui a été dit plus haut pages 230
en société, et 2 3 1 , que
Goam seul renfermoit au moins...................................................................... 3 5 000 habitans.
Saypan...................................................................................................................... 1 1 000.
Rota.......................................................................................................................... 8ooo-
Tinian..................................................................................................................... 7000.
Et, par aperçu, que les îles au Nord de Saypan [îles Gani ] , en avoient
en masse ( I ) environ........................... 12 000.
On aura donc pour la population générale de Tarchipel mariannais, en
Tannée 1668 , ou avant que les Espagnols s’y établissent...................... 73 000 ames.
„ , ( par lieue moyenne carrée, i 325 habitans.
Ce qui donne, I . ,
^ i psr mille marin carre, 229,
Ces nombres paroîtront peut-être excessifs ; mais on doit faire attention
que ies îlots les plus exigus du groupe des Mariannes, tels que Magna-
gassa, Apapa, Danéono, B a li, &c. &c. (pl. 59 ), depuis long-temps
tout-à-fait abandonnés, étoient alors couverts d’habitations.
Aux déterminations précédentes, qui, sans être rigoureuses, paroissent
différer peu de ia vérité, nous en opposerons quelques autres, où i’on ne
remarque pas toujours ce caractère.
Ainsi le rédacteur du Voyage d’Anson pensoit que ia population seule
de Tinian étoit, avant la conquête, de 30 000 ames , ou plus de quatre
fois ce que donnent nos calculs. Crozet, au contraire, veut qu’à la même
époque ies seuls Indiens du littoral de Goam ne s’élevassent pas à plus
de 20 000, et la population générale de l’archipel à 60 000. Le Gobien,
copié en cela par l’abbé Prévost, ne donne pas au-delà de 30 000 habitans
à cette dernière îie (2), qui n’en auroit eu que i 5 à 20000 au
dire de ie Gentil de la Barbinais (3).
(i ) En 1669, dans ies seules îles Anataxan, Sarigoan, Aiamagoan, Pagon et Grigan, le
P. Moralès baptisa 4 ooo individus. ( Voyei pius haut, page 174. )
(2) Calculant d’après cette donnée, nous trouverions que la population totale de Tarchipel
égale 62 500 ames; celle des trois îles Goam, Tinian et Rota réunies, 42 500; tandis que
Saypan et ies Gani en auroient séparément 10 0 0 0 , Rota 6 500, et Tinian 6000.
{3 ) N’affecter que 20 000 habitans à Goam seroit beaucoup trop peu, puisqu’il en resul-
teroit, pour la population collective des trois îles Goam, Tinian et Rota, 28 500 individus
seulement, sur lesquels il seroit impossible de prélever les 33 000 convertis, cités par le
P. Muriilo.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 329
Quoi qu’ii en soit de ces divergences, reste toujours à expliquer ia
cause de la diminution extraordinaire qui se fait remarquer maintenant en société.
dans ia population de cet archipel. Nous verrons bientôt (i) qu’en i 7 1 o,
ou à peine onze années après l’entière soumission de ces îles, le nombre
des naturels étoit déjà réduit de 73 000 à 3 5 39 ; qu’en 17 2 2 , époque
du second recensement officiel, ii n’y en avoit plus que i 93 5. La guerre
sans doute a dû en consommer beaucoup ; mais il est difficile de croire
que cette seule cause ait jamais pu réduire des une population brave
et entreprenante, qui, en dernière analyse, n’a jamais eu à combattre
qu’une quantité fort bornée d’Européens. L’émigration a probablement été
une cause de décroissement plus puissante. Contrariés dans ieurs habitudes,
ies Mariannais seront allés chercher sur des terres étrangères ia paix et l’indépendance
qu’iis ne rencontroient plus chez eux. Cette opinion n’est pas
une simple conjecture : Dampier dit expressément qu’à la suite de l’insurrection
de I 684 , les naturels des Mariannes , trouvant qu’ils ne pouvoient
pas résister aux Espagnols, détruisirent leurs plantations et se retirèrent
sur d’autres îles (2). 11 paroît peu douteux que les îles Égoy, dépendant
du vaste archipel des Carolines, n’aient été un des points de i’émigration;
c’est même à cette cause que fut attribuée la mort du P. Cantova, sur
Mogmog, i’une de ces îies, en 17 3 i. A l’instant qui précéda son martyre
, ce savant missionnaire ayant demandé aux furieux qui ie me-
naçoient en poussant de grands cris , pourquoi ils desiroient sa mort,
quoiqu’il ne leur eût jamais fait de mal : « Vous venez , répondirent-ils,
.. pour changer nos anciens usages, et nous ne voulons rien avoir de
» votre religion. » A ces mots, iis le percèrent de leurs iances, lui et
ses compagnons. Cet acte spontané de frénésie avoit été vraisemblablement
inspiré par ies préventions défavorables que des fiigitifs mariannais
avoient répandues dans l’île , si même quelques-uns d’entre eux ne prirent
pas une part directe à l’assassinat (3).
( I ) Voyez les tableaux de population, pag. 3 3 1 et suiv.
( 2) « The natives (of the Ladrones ), finding they could not prevail against the Spaniards,
« destroyed their plantations and went to other islands. » ( Dampier i Voyages, )
(3) Voyei les Lettres édifiantes, et le Mémoire de D. Fernando Valdez Ramon, dans
Burney, a Chronological History i f c. t. III.