
Iles Mariannes. à tisser, sont parvenues à faire une toiie de coton très - commune, qn’ils
Industrie emploient à leurs usages domestiques,
manufacturière. ° >
Cordonniers, tailleurs. — A Agagna, on trouve un seui cordonnier, qui
fait en cuir du pays des chaussures et des chapeaux, et quelques tailleurs
assez habiles, mais qui ne sont pas, comme les nôtres, des ministres de
la mode.
Ouvriers travaillant ïécaille. — II y avoit à Tinian un village aujourd’hui
détruit, qui possédoit le singulier privilège de la fabrication des
rouelles et des colliers en écaille, employés à-la-fois comme ornement
et comme monnoie : on le nommoit Fanotagan-Alas [iieu où l’on enfile
les alas] (voyez pù 59 )• talent des ouvriers, l’extrême précision avec
laquelle toutes leurs pièces étoient poiies et assemblées, sont vraiment
dignes d’admiration. II n’existe presque plus de ces anciens ouvrages; à
peine même peut-on en trouver encore çà et ià quelques fragmens.
Ouvrages en feuilles de vacoua et en bambou. — Aucune classe spéciale
d’ouvriers ne s’occupe ici de la multitude d’objets variés qui se confectionnent
avec ia feuille du vacoua et le bambou; j ’ai donné ailleurs
(p . 3 I 7 et 3 I 8 ) un aperçu des principaux de ces ouvrages.
L ’histoire et la tradition se réunissent pour nous montrer ies anciens
Mariannais comme des marins hardis et expérimentés , possesseurs de
pirogues merveilleusement calculées pour tenir le plus près et naviguer
avec vitesse; on en a vu faire des trajets déplus de 400 lieues en mer,
et déployer des talens et des ressources qui étonnent.
Voici, sur ces singulières embarcations, les détails que nous donne
Gemelli Careri (i), qui, en 16 9 6 , eut occasion de les examiner lui-
même, à une époque où l’art étoit dans toute sa splendeur chez ces
insulaires, et où la décadence, survenue depuis dans les usages, n’avoit
pas encore commencé.
«Les petits bateaux (2) de ces îles sont faits de deux troncs d’arbre
» courbes et creux, qui sont cousus et joints avec de la canne des Indes.
( I ) D an s so n Voyage amour du inonde.
( 2 ) On verra plus bas que Gemelli C a re ri parle évidemment ici des pirogues nommées
dadmli par les M arian na is ; il y en avoit de beaucoup plus grande s, dont la longueur
excédoit probablement 30 pieds.
Construction
navale.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 459
Leur longueur est de 15 ou 18 pieds; et comme leur iargeur est de lie s Marianne.«.
» 4 palmes [environ 3 pieds] et qu’ils pourroient tourner fort facilement. Industrie
A . r I I - I- I • I ■ . . manufacturière. » on joint aux cotes des pieces de bois solides qui les tiennent en equi-
» libre. Quant aux passagers, le bateau pouvant à peine contenir les trois
» matelots indiens, on fait un plancher dans le milieu, qui s’avance de
» chaque côté sur l’eau, où se mettent ceux qui veulent aller d’un lieu
» à un autre. De ces trois matelots, il y en a toujours un dans le milieu,
» occupé à jeter l’eau qui entre par dehors et par ies fentes; les deux autres
» sont aux extrémités , pour conduire ie bateau. La voile est comme ceile
» que nous appelons latine, faite de nattes et longue comme le bateau;
» c’est ce qui fait qu’ils évitent, autant qu’ils peuvent, d’avoir le vent en
» poupe, parce que cela les feroit renverser facilement.... Lorsqu’ils ont
» à retourner d’un endroit à un autre, ils ne font que changer ia voile,
» sans tourner le bateau; la poupe devient ia proue, et celui qui y étoit
>• devient le limonier. »
On doit conciure de ce qui précède que les pirogues des anciens
Mariannais avoient une analogie frappante avec celles dont les Carolinois,
ieurs voisins, font encore usage aujourd’hui; et c’est ce que confirment
les renseignemens recueillis par nous à Goam.
Nos insulaires nommoient sagman leurs grandes barques ou pros;
quand elles étoient disposées pour porter la voile, on leur donnoit le
nom de ladjak, mot qui signifie proprement voile. Les pirogues d’une
capacité plus petite s’appeloient lelek ; venoient ensuite ies dadings ,
embarcations de dimensions moyennes. Le dadali s’entendoit d’un pros
de grandeur moindre encore que les précédens , mais qui étoit disposé
pour porter la voile ; ceux de la même capacité , mais sans voile, s’appeloient
panga, la gardidc enfin , qui occupoit le dernier rang, est la seule
dont on trouve encore des vestiges à Goam : M. Duperrey en a fait un
dessin exact, qu’on peut voir sur notre planche 80 (fig. r et r).
Les embarcations dont on fait usage maintenant pour la navigation
d’île en île, sont de construction carolinoise, et même elles sont ma-
noeuvrées par des marins de cette nation. Il en existe pourtant d'autres
d’une espèce différente.
«Les pirogues appelées gara'ides dans le pays, dit M. Duperrey,
.m ni ni *