
Iles des Papous, zerne ( i ) : « Parcourez les nations de tous les pays,'suivez-ies dans tous
D e l’homme « ies siècles ; vous les verrez toutes, policées et barbares, instruites et
en société. ignorantes, recueillir respectueusement les dépouilles corporelles de
» leurs morts, révérer, décorer, embellir les tombeaux où ils les ren-
» ferment, regarder comme un attentat, souvent même comme un sacri-
» iége, de les violer. »
Gouvernement. Rgs Papous deVaigiou et des îles pius petites qui en dépendent, sont
gouvernés par des rois qu’ils nomment koiano, et par des chefs subalternes,
intermédiaires entre le souverain et le peuple. Ces rois relèvent
du suitan deTidor, qui s’attribue ia suzeraineté de toutes ces îles ; et les
Guébéens, qui sont eux-mêmes sous sa dépendance, viennent à certaines
époques lever les taxes auxquelles les habitans s.ont soumis. Ces tributs,
exigés à ce qu’il sembie d’une manière un peu rude, consistent, je crois,
en sagou, en esclaves , en écaille de tortue, et peut-être aussi en oiseaux
de paradis; mais il ne nous a pas été possible d’obtenir sur ce point les
lumières que nous eussions desirées. Nous avons jugé du moins que ia
présence du kimalaha de Guébé jetoit parmi les naturels une terreur
extraordinaire; car, comme nous l’avons déjà dit, tous ceux qui nous
fournissoient des provisions de bouche prirent la fuite aussitôt après son
arrivée.
Ces malheureux Papous nous ont paru peu belliqueux ; ils n’ont
pour armes que des flèches, une sorte de javelot et des boucliers longs
et fort étroits, parfaitement semblables à ceux des Guébéens, dont on
peut voir une représentation fidèle sur notre planche n.” 4o ; tout annonce
qu’iis se servent aussi de conques pour se réunir et s’exciter au
combat.
§. VII.
Industrie.
Agriculture. Ees ouvrages répandus sur ces diverses îles , déposent en faveur de
l’esprit industrieux des habitans. Nous ne saurions dire d’une manière
positive s’ils se livrent à l’agriculture; cependant, plusieurs produits
( I ) Considérations sur divers points de la morale chrétienne ^ t . I.
Chasse
et pêche.
LIVRE III. — De T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t , 59
végétaux qu’iis nous ont apportés, tels que les ognons, les ananas, les lies des Papous,
cannes à sucre, &c., nous donnent iieu de le supposer; ce sont là, il In d u s tr ie ,,
est vrai, de foibies indices, mais ce sont les seuls que nous ayons pu nous
procurer.
La chasse est probablement plus en vigueur ; néanmoins leur occupation
favorite, celle à laquelle ils s’adonnent avec le plus d’habileté et de succès,
c’est sans contredit la pêche. La manière dont ils y procèdent, les engins
dont ils se servent, sont absolument les mêmes que chez les Guébéens.
Souvent nous jetions nos grands filets sans pouvoir rien prendre, tandis
que, dans les mêmes lieux, ils se procuroient, par leur adresse et avec
de petits instrumens , une grande quantité de poissons. Ils emploient
de préférence la fouène, espèce de harpon en fer; elle est légère et
emmanchée d’un long roseau, auquel est fixée, pour la retirer, une ligne
ou une corde mince ; ils ia lancent avec tant de justesse, que rarement
ils manquent leur coup. Cette arme, quoique foible, peut tuer de fort
gros poissons, et même percer d’écaille la plus dure des grosses tortues :
iis s’en servent pour poursuivre ieur proie dans ie creux des rochers sous-
marins et sur les battures où la mer brise; pêche qui se fait ordinairement
la nuit et au flambeau, et paroît être pour eux très-productive. Ils
ont plusieurs sortes de filets en fil de coton : l’un, semblable à un saveneau,
est destiné à prendre le frétin dans de certaines localités ; l’autre est un
épervier fort bien travaillé; quelquefois, mais plus rarement, ils font usage
de ia seine. Leurs lignes, faites aussi de coton, sont souvent filées avec
l’écorce même du figuier dont ils se font des langoutis. Iis fabriquent des
hameçons avec de l’écaille , de la nacre de perle, ou d’autres morceaux
de coquillages, mais trop défectueux encore pour qu'ils puissent en tirer
un grand parti. Plusieurs fois nous avons vu, avec un plaisir mêlé
d’admiration, ces habiles pêcheurs debout sur l’avant de leur pirogue,
chercher de l’oeil le poisson qui nage près de la côte, i’apercevoir, même
à la distance de dix à douze pas, lui lancer la fouène avec une rare précision
, et l’atteindre, cjuoique fréquemment l’animai n’excède pas six
pouces en longueur. Aussitôt iis reprennent leur arme, dont ie manche
léger flotte verticalement sur l’eau, s’emparent de leur capture, et continuent
le même exercice.
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