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Iles des Papous, active sur les montagnes que dans la plaine; et toutefois les roches qui
Fe rtilité du sol. composent les premières, sont, ainsi que nous l’avons déjà dit, totalement
dénuées de terreau. Au Nord de l’ile, où cette particularité est sur-tout
sensible, on ne voit guère, il est vrai, de plantes herbacées, mais il y
croît des arbres de dimensions colossales. Aussi ne peut-on se défendre
d’admirer ces géans du règne végétal cramponnés sur un soi durci et raboteux,
et dont les racines, pour puiser dans son sein comme à sa surface
l’humidité dont iis sé nourrissent, serpentent çà et là, s’enfoncent
dans tous les interstices, et queiquefois se fraient un passage en perçant
i’enveloppe encroûtée. « (M. Gaudichaud)
Le littoral de Vaigiou est garni de beaux arbres qui, quoique baignés
par l’eau saiée lorsque la marée est haute, semblent rivaliser de force
avec ceux de l’intérieur : ies parties que la mer ne recouvre pas, offrent
sur-tout i’image de la plus riche fertilité.
La végétation de Manouaran, dit M. Duperrey, diffère de celle de
Vaigiou, en ce sens qu’elle permet à l’homme de pénétrer au moins
jusqu’au pied des montagnes centrales.
Productions « Les espèces d’arbres qui bordent le iittoral sont en grand nombre à
végétales. Rawak. On y remarque le harringtonia, dont le tronc volumineux est
toujours incliné vers la mer, au point d’y baigner ies extrémités de ses
branches; ie scavola lobelia, beaucoup plus petit, qui reste souvent arbrisseau
, et dont les rameaux verts et succulens affectent ia même inclinaison;
plusieurs figuiers, dont quelques-uns sont d’une hauteur immense,
et développent une masse considérable de rameaux; une fouie d’arbres
portant le nom vulgaire de palétuviers ; des casuarinas, dont les tiges
droites et déiiées s’élèvent à plus de quarante pieds, &c. Dans l’intérieur
de i’île, on rencontre le rima, dont les racines verticalement apiaties et
cioisonnées forment autour de lui, à la surface du soi,, un cercle de
plusieurs toises; le takamahaka, qui acquiert plus de 20 pieds de circonférence;
le cynomètre, arbre singulier de la famille des légumineuses,
dont le tronc, aussi très-droit, est garni du sommet à ia base de fleurs
rosées et de fruits roux-doré, d’un fort joli aspect; deux espèces de
mimosas, arbres de 100 à 120 pieds de hauteur; plusieurs palmiers,
entre autres le cocotier, le cycas, le vacoua, &c. Le muscadier aussi y
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vient naturellement, mais porte des noix plus petites que celui qu’on lie s des Papous,
cultive. D’immenses jambosiers à fruits rouges et blancs, et un grand P roductions,
nombre de bananiers fort recherchés des naturels, se plaisent dans les
lieux bas et humides. « (M. Gaudichaud.)
Nos matelots rapportèrent de Manouaran l’amande d’une espèce de ximénie,
qui est agréable au goût; plusieurs d’entre eux en mangèrent, et même
en assez grande quantité, sans en être incommodés : cependant quelques
personnes à bord ayant voulu goûter aussi à ce quils appeloient des pistaches,
furent prises de vomissemens réitérés, suivis d’une diarrhée abondante
; les acides et les caïmans n’arrêtèrent pas cette superpurgation, qui
cessa d’elle-même ie second jour. Les habitans de Guébé nomment ce fruit
fofolaoiü, et prétendent qu’il n’est bon à manger que lorsqu’il est mûr. On
n’a point vu à Manouaran de cocotiers ; les arbres les plus communs sont le
rima ou arbre à pain, le sagoutier, les palétuviers et le muscadier sur-tout.
Nous achetâmes de nos insulaires de petites mangues ; mais nous
n’avons pas vu à Vaigiou ies arbres qui les portent, non plus que les
sagoutiers, quoiqu’ils y soient très-multipliés, au rapport des naturels. Les
cocotiers, les bananiers, les papayers, les pimens, les cannes à sucre, ies
ananas, les ognons et les giraumons, paroissent être les seuls végétaux .
cultivés par les habitans.
Pour augmenter sur ces bords ie nombre des plantes utiles à rhomme ,
et nous acquitter, en quelque sorte, envers les légitimes propriétaires des
fruits que nous avions enlevés, M. Gaudichaud crut devoir y semer,
avant notre départ, une partie des graines potagères qui nous avoient été
fournies par le gouvernement. « J ’y joignis , dit-ii, quelques-unes de celles
que je devois à l’extrême complaisance de M. Robert, l’estimable directeur
du jardin de la marine à Touion. Du cresson, du cresson-alénois, du
cochléaria , des radis, des carottes, des choux, du pourpier, du persil,
du cerfeuil, de la chicorée sauvage, du céleri, & c ., composent la collection
des graines que j’ai déposées autour des habitations, et notamment
près des petites sources ou mares situées derrière les maisons de Rawak. »
« Nous n’avons trouvé, sur cette dernière île, aucun quadrupède, à Productions
• I T t t I I • T T animales. 1 exception des pbalangers, et de quelques chiens de la race des chiens de
berger, qui y mènent une vie à demi sauvage. A Vaigiou, il y a, outre