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1819.
M a rs .
D e R a v a k
aux Mariannes.
mais mon étonnement et ma gratitude furent au comble lorsque j’aperçus
dans son canot une ample provision de rafraîchissemens de toute espèce,
que le digne gouverneur de ces îles nous envoyoit pour subvenir aux
premières nécessités. La manne du désert ne fut pas accueillie, par les
Israélites, avec tant de joie et de reconnoissance; ce n’étoit là cependant
que le prélude de sa généreuse assistance : l’équipage, dans tout le cours
de notre relâche , ne cessa de bénir sa bonté inépuisable et son zèle
obligeant ; mais dès aujourd’hui chacun de nous put oublier les privations
et ies peines auxquelles il avoit été livré, et s’abandonner à la joie
que faisoit naître l’abondance. Nos malades, naguère découragés, se
ranimèrent à l’espoir d’un rétablissement prochain, tandis que ceux de
nos compagnons que l’épidémie avoit épargnés, se félicitoient d'avoir
échappé à ce fléau, et goûtoient d’avance le bonheur de voir consolider
leur santé, rendue chancelante par une aussi pénible traversée. Continuelles
vicissitudes, telle est la vie du marin.' Dangers aussitôt oubliés
que passés, tels sont les hommes 1
CHAPITRE XXIII.
Détails sur les îles Carolines.
Avant de mettre le pied sur le soi hospitalier des Mariannes , occupons-
nous, dans ce chapitre, du petit nombre de faits qui ont été le résultat
de nos observations sur les Carolinois et sur leurs des. La plupart ont
été recueillis dans le cours de notre navigation; le reste, pendant notre
relâche à Guam, où ces intrépides insulaires viennent aujourd’hui assez
fréquemment. Ce que nous n’avons pu voir par nous-memes a etc tiie
de documens authentiques.
§.
Notice historique sur les Carolines, antérieurement à 18 20 .
Porté, par la nature de mes travaux, à discuter les faits qui composent
la plus grande partie de cette notice ( i ), j’ai cru qu’il ne seroit pas sans
intérêt pour le lecteur de les lui présenter sommairement. Je n’entrerai
toutefois dans aucune discussion technique; il me suffit d annoncer ici que
mon opinion sur la route qu’ont suivie et sur les îles qu’ont rencontrées
les anciens voyageurs dont je parle, n’a été fixée qu’après l’examen attentif
et raisonné de leur navigation , qui, faite à une époque où les méthodes
de pilotage étoient peu perfectionnées, devoit nécessairement laisser
beaucoup d’incertitude dans la position des vaisseau.x qu’ils montoient.
On doit attribuer au capitaine portugais Diego da Rocha l’honneur
d’avoir ouvert, en 1526, la liste des navigateurs auxquels est due la
( i ) Les principales sources où j’ai puisé , s o n t : les Archiv es du gouvernement, à Guam ;
les Lettres édifiantes ; VHistoire des navigations aux Terres australes , du président de Brosses;
l'H is to ria general de F ilip in a s , por el P . F r . Ju an de la C o n c e p tio n ; les Voyages aux Indes
occidentales, de François C o ré a l; VHistoire générale des Voyages, de l’abbé Vréwost \ a Chronological
history o f the voyages an d discoveries in the South s e a , by J . B urn ey , & c . <Slc.
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