
Iles Mariannes. qu’après les petits magnahaks, il n’en vienne point de grands , et toutefois
Pêche.
cela n’est pas sans exemple. Ordinairement il en entre peiï le premier
jour; ceux qui arrivent sont comme une sorte d’avant-garde, propre à
engager ies pêcheurs à se mettre en mesure pour le lendemain.
L’atchffiman se pêche en dehors des récifs, depuis une demi-lieue
jusqu’à cinq lieues- de distance de terre : pius près, on ne prendroit rien
ou presque rien. L’opération commence au mois d’août et se continue
jusqu’en octobre , époque où ce poisson est déjà parvenu à toute sa
croissance. On s’occupe d’abord à leurrer en quelque façon l’atchoman,
afin de le forcer, avons-nous dit, à venir vivre à la surface de la mer,
où il est plus facile de le capturer. Suivons l’opération dans ses détails.
Le pêcheur remplit ia capacité d’un poïa avec la pulpe mâchée d’un
jeune coco, et le descend , à i’aide d’une ligne à laquelle l’instrument est
suspendu, jusqu’à la profondeur de 6 ou 8 brasses; on donne alors de
temps en temps à l’appareil de légères secousses, qui à chaque fois font
sortir quelques parcelles de coco mâché ; ies atchamans, qui en sont très-
friands, se réunissent tout autour en grand nombre pour en manger. Quand
le poïffl est présumévide, on le retire, on le charge de nouveau, on
le redescend à la profondeur où il étoit primitivement, et on l’y iaisse
jusqu’au soir, moment où on le retire enfin tout-à-fait. Le lendemain , ie
pêcheur revenu à son poste continue le manège de la veille, à cela près
que le poïffl descend moins bas d’environ i ou 2 pieds. Ghacjue jour on
le remonte d’une quantité pareille, de façon qu’au bout d’un mois et demi
ou deux mois, en comptant les journées où le mauvais temps force à
discontinuer cette manoeuvre , l’atchoman finit par venir chercher presque
à la surface de la mer l’appât perfide qui l’allèche. G’est ordinairement
à une brasse de profondeur qu’on s’arrête.
Il est à remarquer que ie leurre des atchfflmans ne dure aussi longtemps
que lorsqu’on veut en obtenir une pêche très-abondante ; si l’on
ne commençoit l’opération qu’en septembre, époque où le poisson a
déjà atteint toute sa croissance, quinze jours de nourriture préalable
pourroient suffire. Dans ce cas, au lieu de raccourcir graduellement la
corde d’un ou deux pieds, il faudroit la raccourcir chaque jour d’une
quantité bien plus grande.
Pêche.
LIVRL III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 4 4 '
Parvenu à une brasse de profondeur, et le poïffl étant toujours en lies Mariannes,
mouvement, le pêcheur ou ses aides mettent à l’eau la vaste caudrette
[lagaa atchaman] mentionnée plus haut; ce filet, en forme de poche,
glissé avec précaution en dessous du poïffl, qui continue toujours
d’allécher le poisson, est relevé ensuite petit à petit, jusqu’à ce que le
cerceau qui en borde l’ouverture soit au niveau de l’eau. G’est alors
que des hommes vigoureux , postés à cet effet , retirent le filet
et jettent dans leur pirogue le poisson pris. On recommence aussitôt
les mêmes manoeuvres; i’atchfflman revient en fouie autour du poïffl,
et i’on peut dans la journée obtenir une seconde et même une troisième
capture. On se borne là pour l’ordinaire, car ii faut se hâter de livrer
le poisson aux femmes, qui s’occupent de le faire sécher au soleil,
après l’avoir légèrement salé. Gette pêche productive, à laquelle les
anciens consacroient un certain nombre d’heures par jour, se continuoit
jusqu’à rémigration des atchamans.
Par des alignemens pris à terre, on fixoit ies limites entre lesquelles
chaque pirogue avoit le droit de se tenir ; mais aujourd’hui les habitans
de l’île Rota étant les seuis à suivre le procédé que nous venons de
décrire, toute restriction de ce genre est tombée en désuétude.
Pêche du lagaas. — Le poisson qui porte ce nom donne lieu à deux
méthodes de pêche : i’une a lieu la nuit, l’autre se fait pendant le jour.
A l’époque des nouvelles lunes d’août, septembre, octobre, novembre
et décembre, une pirogue part isolément après le coucher du soleil,
lorsque la mer est basse et tranquille ; un homme placé de l’avant porte
à ia main une torche, à ia clarté de laquelle on aperçoit fort bien le
poisson endormi près de la limite extérieure des récifs, où il a coutume
aiors de se tenir. Le pêcheur, armé jadis d’une lance barbelée et
maintenant d’une fouène à plusieurs branches , pique le lagaas , le
jette dans sa pirogue, et continue ce manège en silence et avec précaution.
Plus ingénieuse et plus récréative, ia pêche du lagoas pendant ie
jour ne peut guère être considérée que comme une partie de plaisir.
Après s’être procuré un de ces poissons vivant, on lui perce l’os de la
mâchoire inférieure, à laquelle on fixe une ligne ou cordelle de quelques