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Iles Mariannes.
Histoire.
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tiennent, il est vrai, quelques dispositions sévères, mais c’est auiant contre
les colons que contre les indigènes qui troubleroient l’harmonie : elles
tendent à prévenir ies excès en tout genre, et particulièrement ceux qui
résultent de I indiscipline et des passions des soldats; elles règlent les
mesures à prendre pour réparer les ravages produits par les élémens, et
veulent enfin qu’on favorise i’introduction des arts mécaniques , pourvoyeurs
puissans des nécessités de la vie, et véhicules favorables de la
civilisation, qui adoucit les aspérités dont est parsemée ia carrière de
l’espèce humaine. •
D. Quiroga, comme ses prédécesseurs, eut à sévir contre quelques
hommes turbulens, qui s’étoient réunis à Machaoté; heureusement tout
étant bientôt rentré dans i’ordre, il parvint à s’acquérir, par sa conduite
sage et mesurée, une grande autorité parmi les insulaires.
Toutefois, 1 éloignement où les maisons mariannaises étoient l’une de
i autre, et la multitude de petits villages répandus çà et là sur les montagnes,
souvent dans des lieux d’un fort difficile accès , ne permettoient
qu’avec peine aux missionnaires de rassembler les habitans pour ieur
communiquer i’instruction religieuse. Quiroga remédia à cet inconvénient
en divisant l’iie Goam en six districts, dont trois au Nord et trois au
Midi ; on en forma un septième l’année suivante au centre de i’île.
Chaque district fut composé d’une grosse bourgade, où l’on bâtit une
égiise, de plusieurs petits villages voisins, et des maisons disséminées dans
ies intervalles. Cette mesure, contre laquelle on avoit craint d’abord de
rencontrer beaucoup d’opposition, réussit cependant. II est vrai qu’un
très-fort ouragan, qui eut lieu les 1 1 et 12 novembre, fit tant de ravage
et renversa nn si grand nombre d’édifices, qu’il ne fut pas difficile de
persuader aux insulaires de quitter d’anciennes demeures ruinées pour venir
habiter les lieux qu’on leur avoit désignés. Indépendamment de ces travaux,
et du tracé de plusieurs chemins qu’on ouvrit dans des endroits
jusque là presque inaccessibles , on acheva les églises commencées à
Pago, Inapsan , ômata, Agat, & c ., et l’on assigna à ces villages des
officiers particuliers et des hommes de justice.
A dater de cette époque, la ferveur se développa parmi les nouveaux
convertis. Les vieillards, qui jusqu’alors avoient négligé d’apprendre la
Histoire.
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LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 195
doctrine chétienne, s’y appliquèrent avec non moins d’ardeur que les lies Mariannes
enfans. Au lieu de chansons profanes et impures, on n’entendoit chanter
de tout côté que des cantiques spirituels. L’ordre le plus parfait ayant
été établi dans l’île entière, les jeudis furent particuiièrement destinés à
l’instruction et à la conversion des olitaos, qui continuoient de corrompre
la jeunesse -en l’entretenant dans ie libertinage. Les chefs les plus accrédités
de l’île favorisoient ces entreprises, qui firent concevoir pour l’avenir
de grandes espérances; enfin le nombre des fidèles augmentant sans
cesse, les missionnaires eurent iieu d’être satisfaits du résultat de leurs
travaux.
Une chose cependant les chagrinoit; c’étoit de voir que Rota servît
toujours de retraite et d’asyle aux séditieux, dont les émissaires, venant
de temps à autre à Goam , ne iaissoient pas d’y fomenter l’esprit de révolte.
Les meurtriers des missionnaires et les auteurs des derniers troubles
ayant trouvé l’impunité sur cette petite île , ne cessoient d’engager ieurs
partisans à prendre les armes contre les Espagnols.
Ce fut à la source du mal que le gouverneur résolut d’appliquer le
remède; il s’embarqua donc, et passa à Rota avec une partie de ses
troupes. Les habitans, d’abord effrayés, furent rassurés bientôt par l’assurance
qu’ii leur donna de n’en vouloir qu’aux meurtriers et aux chefs
des rebelles. Les insulaires affectionnés aux Espagnols ayant indiqué les
lieux où se cachoient les coupables, un grand nombre furent pris et
punis avec la rigueur que méritoient ieurs crimes ; Agoarin se trouva
du nombre; quant à Matapang, blessé et arrêté par les habitans de Rota
eux-mêmes, il ne put être remis vivant entre les mains des Espagnols.
Après une absence de dix jours, D. Quiroga revint à Goam, ramenant
avec lui plus de cent cinquante personnes que la peur en avoit
chassées. Cette expédition augmenta la réputation de ses armes et affermit
la paix. Un accident pensa néanmoins devoir ia troubler encore; ce fut
l’incendie de l’église d’Inapsan, qui eut iieu au commencement de 1681 .
On ne put savoir quel étoit l’auteur d’un tei attentat; mais les habitans du
village, prévoyant les recherches qui auroient lieu, se sauvèrent à Rota,
d’où, quoiqu’on les rappelât, ils n’osèrent pas revenir ; le gouverneur fut
donc encore obligé de se rendre en personne sur cette île. Après un léger
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