
Iles Mariannes, environ un quart d’heure ; la plaie se cicatrise bientôt d’elle-même. Il
Industrie
agricole.
est probable que la résine de takamahaka s’obtient par des moyens analogues
: je n’ai pu m’en assurer.
Animaux nuisibles à l’agriculture. — Aux Mariannes, comme par-tout
ailleurs sur ie globe, l’homme est forcé de faire perpétuellement la
guerre à une foule d’animaux, souvent à peine perceptibles, qui lui
disputent les fruits de son labeur avec une persévérance dont il ne peut
toujours se garantir.
Au premier rang doivent être placés les rats, dont l’engeance maudite
est ici un véritable fléau pour l’agriculteur et le magasinier : quoiqu’on
en détruise une foule avec des pièges, il s’en faut beaucoup que
ie moyen qu’on emploie suffise pour réprimer d’une manière sensible
leurs ravages. Les chats, dont le naturel se rapproche ici de celui du
renard, aiment bien mieux se ruer sans péril sur la paisible volaille des
fermes, que d’en venir aux prises avec des adversaires redoutables par
leur grosseur et par leur audace.
Les chiens marrons (i) sont à-Ia-fois les destructeurs du gibier et des
plantations; trop souvent on les voit aller chercher, dans les champs de
maïs, un supplément à la nourriture que les forêts ne ieur donnent pas
toujours.
Les lézards, les poules domestiques, les petits oiseaux eux-mêmes,
détruisent ies produits de la vigne, qu’ils recherchent avec avidité, et
parfois ils consomment en grande partie , dans les champs nouvellement
ensemencés, ce qui faisoit i’espoir du cultivateur.
On connoît ia puissance malfaisante des kankerlas et des fourmis :
ces insectes sont ici nombreux et excessivement incommodes ; malgré
des soins presque infinis, il est impossible de s’en garantir tout-à-fait ,
et même il faut une activité soutenue pour ne pas être victime de leurs
ravages. La mouche puante, nommée taghana, et une espèce de chenille
, sont encore pour l’agriculteur de terribles ennemis : i’une dépose
sa larve dans les jeunes épis de riz et les fait avorter; l’autre dévore
les germes du maïs. On ne peut combattre la pernicieuse influence de ces
( i ) Marron, expression commune dans nos colonies, où elle : qui est passé de l'état
domestique à l'état sauvage.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 4 1 5
animaux que par des visites réitérées sur les plantations, et le nettoie- Iles Mariannes,
ment minutieux des parties attaquées. IgrioeTr
Étendue des cultures. — Les fermes établies dans les localités les plus
avantageuses, celles dont ia culture a été conduite avec le pius d’intelligence
et de soins, sont dues aux anciens Jésuites, qui en devinrent les
premiers propriétaires. Rentrées, à l’expulsion de ces religieux, dans le
domaine du roi d’Espagne, elles ont depuis beaucoup perdu de leur
valeur, par suite des soins moins assidus, moins éclairés peut-être, qui
ont été donnés à ieur exploitation.
Tachagna (pl. 59 et 7 1 ), une des plus étendues, ne sert plus aujourd’hui
qu’à l’éducation des bestiaux. Santa-Rosa n’a pas une destination
pius importante, quoique ie soi en soit excellent; il est vrai que
les moyens d’arrosage y sont rares et peu commodes.
Les fermes dont les terres sont le plus productives, appartiennent aux
districts d’Agagna, Assan, Agat, ©mata, Ynarahan et Sinahagna. Les
plaines de Mérizo, ôm a ta, Agat et Assan, fournissent, en général, le
pius de riz; celles d’Agagna, le plus de maïs; enfin, celies d’Agagna,
Sinahagna, Mongmon et A g a t, le plus des racines nutritives de soni,
dago , nika, &c.
On puisera, au reste, des notions beaucoup plus détaillées sur i’état
des cultures à Goam, dans ies tableaux méthodiques qui vont suivre. Je
dois cependant les faire précéder d’une remarque; c’est qu’une partie
des champs livrés à l’agriculture étant fréquemment laissés en jachère,
on se formeroit une opinion par trop favorable de l’activité de la population
agricole, si l’on alloit croire que les terres qui sont énumérées
dans ces tableaux sont en totalité l’objet de ses travaux annuels. Une
portion, d’aiiieurs, est abandonnée à la production naturelle des racines
féculentes.