
en société.
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iles Mariannes. précautions. Ils évitoicnt aussi de satisfaire à ce besoin naturel près de
D e 1 homme Ja maison d’un autre, ni même le matin; ce dont ils apportent, dit
ie Gobien, je ne sais quelles raisons qu’on n’a pas exactement pénétrées.
Un mangatchang se gardoit bien de passer tête levée devant un noble
ou matoa ; il s’inclinoit en pareil cas au point de marcher presque à
quatre pattes ( voyez p'- 62), Pour lui parler, il falioit qu’ii se tînt
accroupi : un matoa, de son côté, eût cru se dégrader en demeurant assis
devant un de ses inférieurs. Le mangatchang n’étoit pas tenu à de si
humiliantes déférences à l’égard de i’atchaot.
Depuis l’entière pacification des Mariannes, la plupart des habitans
de Goam ont adopté plusieurs des manières espa noies. « Aujourd’hui
lorsqu’une jeune personne rencontre dans la rue ou à la maison un supérieur
ou un parent à qui elle doit des égards, elle met un genou en
terre, et baise la main que celui-ci lui présente gravement.
» Après ïangélus du soir, on a la coutume, à Agagna, de souhaiter une
bonne nuit aux personnes auprès desquelles on se trouve; et c’est à quoi
les enfans se conforment scrupuleusement envers leurs grands parens ,
auxquels ils disent simplement, en faisant une légère inclination de tête,
señor ou señora, sans ajouter huena noche [bon soir] . » (M . Guérin).
Education chez anciens. — Tout se bornoit, dans le premier âge, à
quelques soins physiques de la part des parens ; plus tard, les jeunes gens
s instruisoient en voyant travailler des ouvriers expérimentés, pourvu que
ceux-ci voulussent le permettre. Un habile constructeur de pirogue, par-
exemple, étoit ordinairement jaloux de son talent, et il se gardoit bien
d’en divulguer à tout venant les procédés : il falloit avant tout qu’il eût
reconnu dans celui qui réciamoit ses leçons, fût-il même son fils, des
dispositions heureuses ; alors seulement il se résignoit à l’initier aux
secrets du métier. Or, un goût décidé pour une profession se décèle
rarement dans 1 enfance ; ii devoit donc être homme fait pour entrer
en apprentissage.
Les jeunes pilotes, destinés aux grandes navigations, recevoient, aux
memes conditions, les instructions de leurs proches. Presque toujours le
fils heritoit de I emploi de son père, parce qu’on pensoit que l’enfant d’un
homme heureux dans ses entreprises devoit l’être aussi dans les siennes.
E duca tion.
LIVRE III. — De T im o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 3 7 9
Toutefois il n’y avoit rien d’obligatoire, et l’on a vu nombre de jeunes Ile s Mariannes.
gens suivre une carrière opposée à celle des auteurs de leurs jours. D e l’homme
Education chez les modernes. — Le précis historique qui précède ce cha-
pitre donne une idée suffisante des efforts que les missionnaires firent,
dès les premiers jours de leur arrivée à Goam, pour civiliser et instruire
les habitans. Indépendamment de l’éducation religieuse, on envoya dans
les villages, avons-nous dit (pag. 19 7 ) , des artisans pour y enseigner à
fabriquer le fil et la toile, à coudre, à tanner les peaux et les cuirs,
forger le fer, tailler les pierres, bâtir, et mettre en pratique de meilleures
méthodes d’agriculture.
Maintenant toutes les bourgades de quelque importance ont une école
primaire royale pour les garçons et une école libre et gratuite pour ies
filles ; les enfans y sont envoyés , dès qu’iis sont en âge d’en profiter , et y
apprennent les principes de la religion , la lecture , l’écriture, le castillan ,
le calcul ; les filles sont en outre dressées aux travaux de leur sexe.
On a de plus à Agagna le collège royal de Saint-Jean-de-Latran ,
où l’instruction est donnée à un nombre d’élèves illimité ; il y en avoit
30 en 1 8 1 8, pris dans les familles les plus distinguées de l’île, ou parmi
ceux qui se destinoient à ia carrière d’artisan. En sus de ce qu’on montre
aux élèves dans les écoles primaires, on leur enseigne ici la musique
vocale et instrumentale, ainsi que les professions mécaniques de charpentier,
forgeron, serrurier, cordonnier et tailleur d’habits. Ils sont tenus
à leur tour de chanter et de jouer des instrumens dans l’église d’Agagna,
les jours de cérémonie. « C ’étoit une surprise agréable et toujours nouvelle
pour nous, dit le rédacteur du Voyage de Marion, lorsque nous assistions
» au service divin, les dimanches et fêtes, d’y trouver l’église pleine de
’> musiciens, et d’y entendre une symphonie de tous les instrumens. »
On a remarqué ici la facilité et la promptitude avec laquelle les jeunes
gens acquièrent 1 instruction qui leur est communiquée, tant sous ie rapport
littéraire que sous celui des professions manuelles.
A la manière des Chinois ( i ) , les Mariannais comptoient autrefois les C alendrier.
( 1 ) <■ L ’année des Chinois commence par la conjonction du soleil avec la lu n e , ou par la
» nouvelle lune ia plus proche du i j . " degré d’uqaarius ( le verseau ) , qui est selon nous u,ï
.. signe où le soleil entre vers la fin de jan v ie r , et y demeure presque tout le mois de fé vrier :
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