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Iles Mariannes. funeste apathie, qu’il n’y ait plus pour eux de guérison possible. C’est
De l’homme aiors Seulement que , gênés plutôt par l’abondance de la suppuration
et la difficulté de se servir de leurs membres que par la douleur, ils
essaient divers remèdes. Mais quels remèdes! des plantes prises au hasard,
priées ensemble avec des substances nuisibles ou inertes, comme des
holothuries, qu’on laisse fermenter plusieurs jours , et dont on recouvre
les plaies. A cette irritation mécanique se joint celle des herbes malfaisantes,
iorsqu’ii en entre dans le méiange, comme j’ai eu occasion de le
voir nne fois.
» Les femmes en général, avons-nous d it, sont bien moins souvent
atteintes de cette lèpre ulcéreuse ; sur un grand nombre d’individus , à
peine en avons-nous trouvé deux ou trois, encore étoient-elies avancées
en âge. Chez une d’eiies, les ulcères, quoique anciens, avoient fait peu
de progrès, et même s’étoient cicatrisés pendant un certain temps, puis
s’étoient rouverts ; mais la suppuration avoit fini par se rétablir ensuite.
Appelé auprès d’une vieille femme dont les genoux étoient criblés de
petits uicères qui occupoient toute la partie supérieure de l’articulation,
je ne voulus pas, en me retirant sans rien ordonner, lui faire.sentir que
sa position étoit désespérée; je lui recommandai donc un repos absolu,
et fis mettre sur les plaies du cérat fait-avec de l’huile de coco. Au bout
de huit jours les genoux ailoient beaucoup mieux, la suppuration étoit
devenue moins abondante, en sorte que ia malade espéroit de guérir
sous peu de temps. Je dis ce que j’en pensois à ses parens, auxquels je
fis entendre qu’ils avoient eux-mêmes aggravé le mal par des remèdes
appliqués inconsidérément, et que ceux que je venois d’ordonner l’avoient
rétabli dans son état le plus simple.
» C ’est à cela que se bornoit notre pouvoir ; en vain eussions - nous
voulu essayer quelques moyens de guérison. Quand on ne fait que passer
dans un pays où divers genres de travaux partagent toute votre attention,
peut-on tenter de combattre une maladie qui, en Europe et dans les
Antilles , est presque reconnue sans remède, et qui demande à être iong-
temps étudiée dans toutes ses modifications ! Aussi éprouvions-nous une
peine secrète à ia vue de tant de malheureux pleins de confiance dans
les moyens innocens, mais inactifs, que nous leur prescrivions, et s’en
LIVRE III. — D e T imor au x M ariannes in c lu s iv em en t . 2 9 1
allant avec l’espoir d’un prompt soulagement. Bientôt, déçus de leur lies Mariannes.
espérance, ils auront dit : « La médecine des Européens n’est pas pius De l’homme
^ ^ N II • comme individu. efficace que celle de nos pères ; retournons a celle-ci. «
M a l de Saint-Lazare. — « Nous procédons par degrés, en faisant,
d’après leur intensité, l’énumération des diverses espèces de lèpre qui
affligent les habitans de Goam. Ainsi, une peau écailleuse comme ceile
d’un serpent ou plutôt d’un poisson, inspire moins de dégoût et de
pitié que les boutons lépreux qui, déjà repoussans par eux - mêmes ,
donnent naissance à des ulcères plus repoussans encore. Mais lorsqu’on
arrive au dernier période du pian, ou mal de Saint-Lazare, il faut être
habitué à observer les infirmités humaines pour ne pas reculer d’effroi
devant ses horribies ravages. Des hommes sans nez, sans oreilles, dont
ia bouche, réduite à moitié de ses proportions naturelles, ne présente
plus qu’un rond tout plissé; d’autres qui n’ont plus de pieds, et dont les
mains , privées totalement ou en partie des phalanges des doigts, n’offrent
que des moignons informes; d’autres, au contraire, qui ont les oreilles
déchiquetées et surchargées de gros tubercules charnus , ou dont le nez ,
dépouillé de sa partie osseuse, s’est arrondi en boule au milieu du visage ;
quelques-uns enfin qui, n’ayant pour ainsi dire plus forme humaine,
semblent offrir le type du dernier échelon de ia dégradation physique de
l’homme : tel est l’horrible et déplorable spectacle que l’intérêt de la
science nous a donné le courage de contempler. ( Voyez pù 7*^- )
» Ce mal, répandu dans la zone torride, à Lima, à Me.xico, dans les
Antilles, à Cayenne, n’est point, dit-on, inconnu en Espagne : par-tout,
malgré les encouragemens qu’ont donnés les gouvernemens pour la recherche
des moyens curatifs, il fait le désespoir des médecins. Négligeant
donc les caractères généraux sous lesquels il se présente dans ces
différentes contrées, nous nous bornerons à décrire ce qu'il offre de particulier
aux Mariannes.
» Le tissu cellulaire commence toujours par être affecté, circonstance
qui s’annonce long-temps avant le développement de ia maiadie par une
certaine dureté de cet organe, une tension et un aspect qui lui est propre.
Ces sinistres avant-coureurs se manifestent sur-tout aux pommettes, qui
prennent plus de volume, et aux environs des narines, qui, natnreile-
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