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400 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Iles Mariannes. comme chez les Carolinois, un moyen de signaler la position respective
De l’homme des barques qui naviguent de conserve, et de transmettre des ordres à
en société. guerre, qu’un véritable instrument de musique. Nous reviendrons sur
cet objet.
Les Mariannaises avoient autrefois des assemblées particulières où eiles
ailoient fort parées, et où seules elies étoient admises. « Réunies douze
» ou treize en rond, debout et sans se remuer, elles chantent, dit le
» Gobien, ies vers fabuleux de ieurs poëtes, avec un agrément et une
» justesse qui piairoient en Europe. L ’accord de leurs voix est admirable ,
» et ne cède en rien à ia musique ia mieux concertée. Elles ont dans
» les mains de petites coquilles, dont elles se servent avec beaucoup
» d’adresse au iieu de castagnettes. Mais ce qui est plus surprenant,
» c’est qu’elles soutiennent leurs voix et qu’elles animent ieur chant avec
» une action si vive et des gestes si expressifs , qu’eiies charment tous
” ceux qui les entendent. »
On doit aux Espagnols, et aux Philippinois sur-tout, l’introduction des
combats de coqs ( i) , de certains jeux de combinaison (2) et de hasard,
et pius particulièrement celle des jeux de carte. A Agagna, dit-on, une
maison spéciale est consacrée à la réunion des personnes qui ne craignent
pas de confier aux cartes le sort de ieur fortune.
§. VIII.
Industrie agricole.
Nous destinons ce paragraphe à i’exposé des connoissances dans l’art
agricole que possédoient anciennement les Mariannais, et au développement
de quelques pratiques européennes introduites plus récemment
chez eux par ies Espagnols. Hagriculture proprement dite, ia chasse et
la pêche, en formeront ies principaies subdivisions.
Agriculture. L’enfance où se trouvent aujourd’hui les procédés relatifs à la culture
(2) Voye^ ci-dessus, p. 143.
(3) Le tchonka ( voyez 1 . 1, p. 666 ) est de ce nombre ; mais je n’ai pu savoir quel nom
ce jeu portoit ici.
In d u s trie
agricole.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 401
des terres , dépend des besoins fort bornés de ia population , du défaut ‘ 1« Mariannes.
15 / I J r • • ^ presque absolu de débouchés pour 1 écoulement des produits, non moins
que de l’incurie et de la paresse excessive des basses classes de ia société.
Instrumens d’agriculture. — Jadis les indigènes employoient des outils
simples et peu nombreux, parmi lesquels le dagaa tenoit le premier rang:
c’étoit un bâton de 2 pouces i de diamètre sur 4 pieds f de longueur,
ordinairement en bois dur de manglier ou de gago [casuarina], et taillé
en sifflet, sur deux pans, à une de ses extrémités (pl. 79 , fig. 4 ); ü
servoit à-la-fois de pioche, de pic et de plantoir, de barre pour porter
ies fardeaux, et même, dans un cas fortuit, d’arme défensive. Le tanam,
autre instrument cylindrique de ia même dimension, étoit employé pour
planter ie sani [ chou-caraïbe ] et pour briser les noix de coco destinées
à la fabrication de i’huile. Hakoa avoit quelque ressemblance avec notre
bêche; son manche, de 5 pieds de long, étoit armé, en guise de fer,
d’une pierre de 3 pouces de large sur i f d’épaisseur, plate, dure et
tranchante, fixée au bois par une forte ligature en petite tresse de kair.
( Voyez pi- 62.)
Au nombre des objets dont les Européens ont enrichi l’industrie
agricole des Mariannes , nous citerons le c u h o dont le manche, de i à
2 pieds de long, et garni à un bout d’une pointe en fer (pi. 80 , fig. 0 ),
remplace avantageusement le dagao, pour déterrer les racines nutritives;
ie pic, instrument bien connu, la focigno , espèce de racloir à long-
manche, qu’on pousse devant soi (pi. 80, fig. i ), le cordeau, appliqué
à i’alignement des plants de tabac, et le rateau, dont on fait sur-tout
usage pour ia culture du riz. La focigno , instrument usuei en Galice,
fut introduite de bonne heure à Geam par les missionnaires; on l’em-
pioie pour donner aux terres un léger labour.
On nommoit anciennement damang une espèce de coutelas , composé
d’un manche en bois garni d’une pierre ou d’un os tranchant; on en
faisoit usage, non-seulement en agriculture et à ia guerre, mais encore
dans un très-grand nombre d’autres circonstances. Depuis long-temps
abandonné, cet instrument a été remplacé, chez les insuiaires, par la
machete espagnole (pl. 8 0 , fig. a). Tout habitant porte aujourd’hui à
son côté une machete garnie de son fourreau et de son ceinturon en cuir,
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