
Iles .Mariannes, de la population. Aussi, dans un gTand nombre de cas, l’instruction du
^ n s o d T fo * dogme lui-même est-elie confiée à des laïques, qui, malgré leur zèle,
sont loin d'avoir de constans succès. Par-tout, cependant, la foi est vive
et le respect pour ies choses saintes absolu : chacun, autant qu’il le peut,
tâche de i-emplir ses devoirs religieux, et l’on nous a cité de repectabies
familles de Tinian et de Rota qui, lorsque leur pasteur est empêché de
faire sa tournée annuelle dans l’archipel, s’aventurent en mer sur de
Irêles pirogues, pour venir à Goam faire leurs dévotions.
Agagna, Pago, Agat et ômata sont aujourd'hui ies seules villes où se
célèbre le service divin ( i ) ; encore est-ce alternativement, par ia raison
que j’ai dite. « Outre les offices des dimanches et des fêtes que prescrit
la liturgie, on remplit avec ponctualité diverses pratiques usuelles de
dévotion. I H angélus est annoncé, au lever et au coucher du soleil ,
par ie son de la cloche et du tambour : à ce signal, toute conversation
, toute occupation cessent ; chacun se découvre la tête, se tourne
du côté de l’église , et récite sa prière debout et à voix basse.
2.° A huit heures du soir, le son de la cloche de i’église avertit de prier
pour le repos de ï ame des tre'passe's ; au premier coup , tous ies habitans
tombent à genoux et répondent à haute voix aux oraisons que prononce,
dans chaque familie, lechefou piutôtl’homme ieplus ancien de ia maison.
» 3.° Tous les samedis soir, après la nuit close, ies marguiliiers de
la paroisse et les élèves du collège de Saint-Jean-de-Latran , promènent
dans Agagna, à la lueur des flambeaux, l’effigie de ia Sainte-Vierge ,
à qui sont consacrés ies rosaires , et implorent sa protection par ieurs
cantiques ou ieurs litanies. » ( M. Guérin. )
Amusemen,. Réjouissances publiques. — Les solennités générales, nommées gapot,
avoient iieu pour célébrer, soit un mariage ou ia naissance d’un fils dans
ia familie de quelque chef, soit ia conclusion d’une paix, ia mise à i’eau
d’une pirogue nouveilement construite, la capture d’une tortue à écaille
ou de quelque gros poisson, &c. On joignoit la danse et le chant à toutes
ces cérémonies.
Supposons qu’il fût question d’un événement de la dernière espèce.
( I ) JI y a des chapelles dans les hôpitaux de lépreux , où l’ on dit la messe et l’on administre
les sacremens lorsque des circonstances impérieuses l’exigent.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 395
Avant d’entrer dans le port , ie pêcheur faisoit un signal particulier,
qui, dès qu’il étoit aperçu, attiroit sur ia piage la population du village ,
munie de guirlandes de fleurs et de jeunes feuilles de palmier. La fouie
le conduisoit chez lui comme en triomphe, en le félicitant sur son heureuse
réussite. Là, il faisoit hommage du colosse marin à sa femme, qui
s’empressoit de le faire porter à la plus proche parente de son mari ; celle-ci
l’envoyoit à la plus proche parente du sien, laquelle en faisoit autant à
l’égard d’une autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que le fruit de la pêche
arrivât chez une femme qui, d’après i’ordre établi, ne put pius 1 envoyer
à personne. Le poisson se partagoit alors et étoit distribué entre celui
qui l’avoit pris et les personnes à qui on en avoit successivement fait
l’offrande. Des règles invariables étoient scrupuleusement fixées pour les
circuits que ce poisson devoit suivre avant d’arriver à sa destination : les
enfreindre eût été s’exposer à s’attirer sur les bras d’implacabies ennemis.
Peu importe, au reste, que, pendant cette longue promenade, i’animal
finît par tomber dans une putréfaction compiète.
Lorsqu’une tortue à écaille avoit été prise, on la faisoit porter suivant
les mêmes régies chez ies proches parentes de la famille. Celle d’entre
elles à qui la prérogative d’en faire ia distribution étoit dévolue , envoyoit
de l’écailie à toutes ies personnes qui y avoient droit. Un seui homme
étoit-il l’auteur de cette capture, les treize écailles de ia tortue étoient préalablement
percées chacune d’un trou circuiaire de ia dimension du poignet.
A la seconde pêche de ce genre qu’il avoit faite seul, on perçoit
chaque écaille de deux trous , l’un du diamètre précédent, i’autre de ia
largeur du petit doigt; on perçoit trois trous quand c’étoit la troisième, &c.
Enfin, plus ces écailles étoient trouées, pius elles acquéroient de valeur.
[Voyez pl. 79, fig- 16.)
S i , comme il arrivoit le plus souvent , plusieurs pêcheurs avoient
concouru à la prise de la tortue, le forage des écailles n’avoit point iieu;
ils se partageoient entre eux i’animai par égales portions , et chacun
faisoit pompeusement hommage de ia sienne aux diverses femmes de
sa parenté.
Dans les grandes cérémonies, motivées soit par des raisons politiques,
soit par des considérations de famille, les personnes riches et
Ddd*
D e Thomme
en société.