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4 5 4 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Iles Mariannes. histoire. Ils façonnoleiit grossièrement la terre avec leurs doigts, et en
Industrie formoient les vases divers que nous avons décrits précédemment. Quoique
manufacturière. . >
ces vases ne fussent pas vernis, ils ailoient sur le leu, tenoient bien l’eau,
et suffisoient au service de la cuisine. 11 est constant qu’ils recevoient
un certain degré de cuisson , mais on a tout-à-fait oublié par quels procédés;
probabiement ils étoient conformes à ceux qu’on suit encore aux
Philippines , et dont voici la description :
Sur un terrrain de niveau , on range , les unes à côté des autres, toutes
les pièces d’égale dimension et de même forme, qui, modelées et séchées
d’abord au soieil, sont prêtes à subir ia cuite ; au-dessus de celles-là on en
place d’autres, et i’on remplit à mesure tous les Interstices avec de la paille
de riz , tassée le plus fortement possible ; on fait, s’il y a iieu, un troisième
et un quatrième plan de poteries , toujours en procédant de la même manière
; on enveloppe le tout d’un fort amas de paille, on y met le feu,
et en quelques heures la combustion est achevée : néanmoins on ne
retire les vases du tas que le lendemain.
Dès les premiers temps de leur arrivée aux Mariannes, les Espagnols
essayèrent de fabriquer ies tuiles et les briques nécessaires à leurs constructions,
et ils le firent avec succès; un très-beau fourneau, construit
dans ce dessein, se voit encore dans un lieu voisin du village d’Assan,
et nommé par eux Texera [tuilerie] : aujourd’hui, nous ignorons
pour quel motif, ils aiment mieux en faire venir de Manille à grands
frais.
Charbon de bois. — La fabrication de ce combustible est toute moderne.
Après avoir coupé les bûches d’égale longueur, on les range debout,
de manière à en former une assise cylindrique; au-dessus, on en
établit une seconde, disposée de même et sous la même forme, mais d’un
diamètre plus petit; le diamètre de la troisième est moins grand encore,
et ainsi des autres ; en sorte que le tout ensemble forme une sorte de
masse irrégulièrement conique. Après l’avoir revêtue extérieurement
d’une couche de terre, où l’on a eu soin de ménager une ou deux ouvertures
pour servir de soupiraux, on y met le feu et on laisse brûler
le bois pendant trente heures, plus ou moins, selon le volume de la
pile. Lorsqu’on présume que la carbonisation est complète, on bouche
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LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 4 5 5
les soupiraux pour éteindre le feu; puis, après un laps de temps convenable,
on ôte ia terre.
Quand on desire peu de charbon et plus promptement, on fait une
fosse en terre; on y place d’abord de petits copeaux, des morceaux de
bois sec, puis les bûches que l’on veut carboniser; le tout étant bien
réduit en braise, on met de niveau la surface le mieux qu’il est possible,
on la couvre de grandes feuilles d’arbres, on place encore par-dessus
une couche de terre pour étouffer le feu, et le lendemain le charbon
est fait.
Poudre de guerre. — Comme le salpêtre se trouve à Goam, et qu’on
peut aisément se procurer du soufre dans les îles volcaniques de l’archipei,
rien ne s’opposeroit à ce que les Mariannais fabriquassent la
poudre de guerre nécessaire aux besoins de la coionie. Quelques personnes
l’ont tenté, et ont Bien réussi ; cependant, par des raisons de prudence,
on préfère ia tirer de Manille.
Sel. — La méthode généralement suivie maintenant de faire le sel par
l’ébullition de l’eau de mer, étoit inconnue aux anciens habitans; ils se
bornoient à-ramasser, sur la côte et dans les creux des rochers, le sel qui
s’y étoit formé naturellement. L’illustre gouverneur D. Tobias, dans l’espoir
de développer une branche d’industrie aussi importante, avoit fait
creuser des salines (i) à Gaam; mais il n’en reste pins aujoui'd’hui de
trace, et l’on s’en tient à la méthode moins productive, comme aussi
moins fatigante, qui le donne par l’ébnilition. Au point où nous avons
laissé ies choses, les Mariannes ne pouvoient se fournir du sel nécessaire
à ieurs besoins qu’en en faisant venir de Manille une certaine quantité.
Celui-ci, comparativement bien supérieur, s’emploie de préférence dans
la préparation des salaisons.
En tenant ie feu allumé nuit et jour, on peut en deux semaines obtenir,
par chaque kahaas (2) placée à l’abri du vent (3), une tinaja [34 litres
environ] de sel. Ce sel, nouvellement fabriqué, est connu sous le nom
lie s Mariannes.
Industrie
manufacturière.
( I ) Voyez C ro z e t , dans le V o y a g e de Marion.
(2) Voyeç^ plus haut, page j t ÿ .
( 3 ) Les gens qui fabriquent le sel par ce procédé , s’ installent ordinairement dans de petites
cabanes con iqu e s , semblables à celle qui a été figurée au bas de notre planche n.“ 8 i .