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Iles Mariannes. qui les distingue (i); et si chez les animaux eux-mêmes , certaines habitudes
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n’ont pas été souvent transmises par voie de génération (2).
«Ce n’est pas seulement dans ces rencontres, dit le Gobien [op. cit.),
» que ies nobies font paroître le mépris qu’ils ont pour ie peuple ; ils
» le poussent si loin, que c’est un crime d’approcher de la maison d’un
» noble ou de sa personne.... Cet entêtement est si grand, qu’un noble
» croiroit sa maison déshonorée, si une personne du peuple y avoit bu
» ou mangé. »
Un mangatchang qui auroit passé sans s’incliner profondément devant
nn matoa, eût été considéré comme i’ayant défié au combat, et pour
cela seul puni de mort. ( Voyez pag. 368).
L adoption d’un enfant n’avoit lieu qu’après avoir consulté les deux
familles et pris d’avance l’avis du maga-lahi : on recherchoit scrupuleusement
l’origine de celui qui devoit en être i’objet; enfin ie contrat ne
recevoit sa sanction que iorsque toutes ies conséquences de cet acte
important avoient été pesées et discutées. L’adopté, jouissant dès-lors des
prérogatives d’enfant légitime, participoit aux droits et aux obligations
tracées par les lois aux membres de sa nouveile famille. Un seui
point étoit réservé; c’est qu’à la mort du père, i’enfant adoptif ne pouvoit
devenir chef de ia famiile au détriment d’un fils atchaf^ag ou issu
du mariage; il eût été pareillement inhabile à succéder au souverain
pouvoir.
Une formule de civilité qui, dans nos usages, est considérée comme
une marque d’intérêt, prenoit ici le caractère du sarcasme et même d’une
injure punissable. Si, en reconduisant une dame qui étoit venue rendre
visite à son parent, celui-ci avoit l’impertinence de lui dire, Prenezgarde
de tomber en descendant l’escalier, c’en étoit assez pour mettre en rumeur
toute la parenté. Cette étrange susceptibilité avoit pour principe la solidarité
établie entre tous les membres d’une même famille , à l’effet de
veiller en commun au bon entretien de la maison de chacun d’entre eux ;
{ I ) Voyez Girou de Buzareingues, Philosophie physiologique, politique et morale.
( 2 ) On trouvera, dans les z inn a /fj Æ i i ’i-ÎOT. „ a i . pour 1 829, un curieux Mémoire de M . le
docteur R oulin , S u r quelques changemens observés dans les animaux domestiques transportés de
l ’ancien monde dans k nouveau , où cette question et quelques autres sont passées en revue.
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Ancien
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LIVRE III. — De T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 483
admettant sans doute la supposition qu’on ne sauroit tomber dans un Iles Ma
escalier tenu en bon état, un tel avertissement étoit censé n’être qu’un
reproche indirect d’incurie adressé à ia parenté entière, une insuite enfin,
dont le ressentiment ne pouvoit être calmé que p a r. une réparation
authentique.
Tout homme qui se seroit battu avec une des lances barbelées
destinées à la pêche, étoit condamné à mort, à moins qu’il ne pût
prouver que, se trouvant engagé dans un guet-apens, il s’étoit vu forcé,
pour défendre sa vie, à faire usage de cette arme prohibée, ia seuie qu’il
eût alors sous la main.
Lois relatives aux étrangers. — Un étranger q u i, arrivant en plein jour
dans une bourgade, n’alloit pas à l’instant demander au maga-lahi ia
permission d’y séjourner, étoit arrêté jusqu’à ce qu’on eût pu exactement
connoître l’objet de sa venue. Mais s’il annonçoit des intentions
bienveillantes et amicales ( i ; , cette déclaration suffisoit pour le faire
favorablement accueillir.
L ’imprudent, toutefois, qui pendant la nuit eût cherché à s’introduire
sans précaution dans un village, auroit couru risque d’être tué par les
premiers habitans qui l’eussent découvert. Pour y pénétrer à ces heures-là
avec sécurité , il falloit s’arrêter sous le hangar des pirogues, tâcher de
se faire entendre de quelque habitant, soit en sonnant de ia conque,
soit en appelant à haute voix, et le prier d’aller obtenir du chef de Ja
tribu une permission d’entrer: ces formalités remplies, l’étranger pouvoit
aller par-tout sans aucune crainte.
Selon la tradition, une barque dont on ignore l’origine se perdit,
à line époque très-reculée, sur l’île Saypan. L ’équipage entier fut
égorgé, à l’exception d’un enfant qui, ayant plu à la femme du maga-
lahi, obtint à ce titre d’avoir la vie sauve. Le motif de cette horrible
cruauté fut la crainte qu’inspiroit la présence de ce grand nombre d’étrangers
inconnus, dans un lien où ils n’avoient aucun moyen d’existence,
et qui eussent probablement tenté de dénaturer les moeurs et les usages
du pays.