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Iles Mariannes. trop précipité qu’üs firent d’un chrétien mariannais qui s’étoit toujours
Histoire.
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montré ami des Espagnols. On marcha contre ies conjurés ; et l’un de ieurs
principaux chefs ayant été tué à la première décharge, le reste prit la
fuite, et abandonna aux Espagnols un poste qui eût été imprenable s’il
eût été bien défendu. Plusieurs autres séditieux furent arrêtés et punis ; en
sorte que rien ne s’opposa à ce que l’on conclût une paix solide avec ces
montagnards, qui jusqu’alors s’étoient montrés si indociles et si opposés
aux missionnaires.
Ces succès, en multipliant le nombre des fidèles, forcèrent aussi à
bâtir des églises plus vastes; à Ritidian, on établit même des séminaires
pour 1 instruction de la jeunesse, et l’on en confia la direction à trois
missionnaires nouvellement arrivés à ©mata, avec le supérieur de la mission
et un renfort de 20 soldats, sur le galion U Santelmo.
Peu s en fallut que des établissemens si brilians ne fussent détruits dès
leur naissance parles ffllitaos. En effet, vers la fin de 1675, douze de
ces libertins s’introduisirent dans le séminaire des filles de Ritidian, et
y commirent les pius grands excès. Le frère Dias, qui en étoit le directeur,
instruit de ce scandale, se transporta sur ies lieux avec le sous-
lieutenant D. Isidoro de Léon ; mais, loin de pouvoir ramener les coupables
à ia raison , ils furent l’un et l’autre massacrés par eux. Dans leur délire,
les ffllitaos courent à l ’égiise, la dévastent, en pillent et en emporteyt ies
ornemens et ies vases sacrés, tuent un Espagnol qui vouloit leur résister,
et mettent le comble à ieurs crimes par i’incendie de l’église, du presbytère,
et des deux séminaires de ce village. Les habitans de Taragay,
guidés par le fidèle Monsongsog , accoururent à Ritidian à dessein de
se saisir des coupables, et de les punir de leur sacrilège; mais ceux-ci
.s’étoient hâtés de partir pour l’île Rota, asile nouveau de tous les rebelles.
A ces troubles, qui réveillèrent parmi les naturels i’esprit d’insurrection
et de désordre, se joignit ia triste situation des missionnaires eux-mêmes,
privés des choses ies plus utiles à la vie. Leur supérieur. Antonio Maria
de San-Bazilio, se vit obligé de faire un marché avec le Gaarnois Ké-
mado, pour quii lui fournît une certaine quantité de nika, sorte d’igname
qui se mange ici en guise de pain. Ne le voyant pas arriver au jour
marqué, quoiqu’il en eût payé d’avance le prix, il se rendit, le 5 janvier
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Histoire.
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LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . ï 89
1676, au village d’©pi, où demeuroit cet homme, et y passa la nuit. Iles Mariannes
Le lendemain Kémado, avec une insigne mauvaise foi, apporta des racines
à demi gâtées ; et comme le P. Bazilio , après lui en avoir fait
l’observation, se baissoit pour les compter, le perfide Mariannais 1 assomma
sur la place. Les chrétiens ies plus zélés de Taragay accoururent encore
pour venger ce meurtre; mais Kémado ayant pris la fuite, iis se contentèrent
de brûler sa maison et d’emporter le corps du missionnaire, pour
lui rendre les honneurs de la sépulture.
Ces tristes événemens, au commencement de l’année, furent comme
i’annonce des contrariétés qui suivirent. En effet, ies insulaires, devenus
de jour en jour plus entreprenans , insuitoient les missionnaires, et en
blessèrent quelques-uns ; le petit navire enfin qui servoit à contenir ies
Mariannais du Nord dans le respect, étant en mer avec le P. Gayozo et
une partie de ia garnison, fut emporté par un coup de vent jusqu’aux Philippines,
où il se brisa. Le gouverneur de Goam, alarmé de la fâcheuse
situation des choses, et craignant de ne pouvoir, avec le peu de soldais
qui lui restoient, faire face aux attaques dont on étoit journellement menacé,
desiroit vivement l’arrivée de son successeur : elle eut lieu ie 10 juin
suivant, sur un navire d’AcapuIco aux ordres du capitaine D. Antonio
Nietta, qui laissa en outre aux Mariannes un foible renfort de i 4 soldats.
D. Francisco d’Irrisari y V iv a r , investi du suprême commandement
, ne manquoit pas d’expérience ; mais , n’ayant point assez de
fermeté , loin de relever les affaires des Espagnols , il ne fit souvent
qu’enhardir les rebelles par sa douceur et ses ménagemens.
Dans le dessein de mieux faire sentir aux naturels l’importance du
sacrement de mariage, les missionnaires eurent l’idée de célébrer à Oroté,
avec tout l’appareil possible, l’union d’un Espagnol et d’une fille chrétienne
de ce viilage. Mais au moment convenu pour la solennité, le père
de la future vint y mettre des entraves par une opposition opiniâtre. 11
s’étoit engagé, selon ia coutume, à vendre aux ffllitaos ies prémices de
cette jeune personne. Le P. Sebastian de Mauroy , pensant qu’il regret-
toit ie prix de ce honteux marché , lui offrit un dédommagement capable
de contenter son avarice ; rien ne put lui faire entendre raison ; exaspéré
même par les contrariétés qu’on iui faisoit éprouver, et soutenu de