
Industrie
agricole.
404 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Iles Mariannes. assez bien entendues , elles servent à transporter le riz et le maïs dans
les magasins de la capitale.
Un petit nombre de brouettes sont e'galement employées tant au service
de l’agriculture qu’à celui des maçons.
Les échelles sont tout-à-fait inusitées : aujourd’hui comme jadis , on
grimpe à la cime des cocotiers en pratiquant des entailles sur leur tige
même.
Engrais. — La coutume d’amender les terres n’est suivie à Goam que
depuis très-peu d’années, et dans quelques-unes des fermes du gouvernement.
Les fumiers de cheval, de mulet, de vache, & c ., sont les seuls
qui s’y emploient ; la fiente d’oiseau de mer est cependant connue aussi
comme un engrais fort actif; mais on trouve difficile de s’en procurer.
Travaux de culture. — Deux moyens sont mis en oeuvre pour défricher
un sol vierge : couper ies bois ou les brûier. Le défonçage des
terres est inconnu, dans un pays où toute préparation se borne pour ainsi
dire à en gratter la surface , et où la population peu nombreuse en a
toujours à sa disposition assez de bonnes qui soient dégagées de racines
d’arbres et de pierres.
' S’agit-ii de la culture du riz, dans les riches terres d’Assan, de
Sassa et de Fonti, les labours se font à ia charrue; par-tout ailleurs,
tant à Goam que dans les autres îies, on n’emploie que la machete et le
pic. Pour le maïs, on prépare les terres avec la machete et la focigno ;
et pour les racines féculentes, avec le tanam et le cubo. L’opération préliminaire
consiste presque toujours à débarrasser le soi des mauvaises
plantes qui pourroient gêner le jeu de la focigno ou des autres outils.
La machete sert aussi à fouiller la surface des champs destinés au semis
du riz et du maïs, dans lesquels la focigno ne pourroit que difficilement
être manoeuvrée.
On a coutume de sarcler les différentes cultures, sur-tout celies de
tabac, de maïs et de riz; cette opération a lieu deux fois, pour cette
dernière graminée, depuis l’instant où la plante a été repiquée jusqu’à
ceiui où on la récolte.
Dans les localités privées d’eau courante, on emploie, pour les arrosages,
des puits où l’on arrive par un chemin incliné, qui facilite singu-
LIVRE III. — D e T jm o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 4 ^ 5
fièrement l’opération; il est vrai que ces puits n’ont en général qu’une I ' - “ - '
petite profondeur. _ agricole.
Les aborigènes se bornoient jadis à cultiver ie riz , quelques racines
nutritives, le cocotier, ie vacoua, l’aréquier, le bananier et i arbre a
pain. On donne de plus maintenant des soins au mais, au cycas ou
fédeng, au tabac, à la vigne, et à un assez grand nombre de piantes
potagères.
L’époque la plus florissante de l’agriculture mariannaise est, sans
contredit, celle où le célèbre D. Tobias gouvernoit ces îles. « Sous
son administration, dit le capitaine Crozet ( i ) , ies Indiens de Goam
.. sont tous devenus cultivateurs. Chaque famille a sa propriété, qui est
» partagée en jardin, verger et terres labourées ou travaillées à la pioche.
.. On trouve dans les jardins presque tous les lég-umes d’Europe, sur-
» tout des melons délicieux et des pastèques ou melons d’eau qui sont
» très-rafraîchissans. Les vaisseaux y trouvent, pour leur approvi-
.. sionnement de voyage, des choux et des giraumons en très-grande
» quantité. »
Nous n’avons point vu ies choses dans un état aussi prospère ; il est
vrai que, lorsque nous y relâchâmes, une sécheresse obstinée désoloit le
pays, et que par-tout où l’eau étoit rare, ia culture des plantes potagères
sur-tout avoit cruellement à souffrir.
Le riz se cultive ici de deux manières : dans un terrain sec et dans
un terrain humide. Par la seconde méthode , après avoir préparé et
ameubli convenablement le sol, qu’il faut choisir dans une situation un
peu fraîche, on sème le grain en novembre et décembre, parce que les
grandes pluies étant alors passées, on ne risque pas de perdre celui
qu’on a confié à ia terre. Il faut avoir soin de couvrir aussitôt la semence
avec des feuilles de cocotier; la plante pousse étiolée, et se nomme en
cet état sinagm. Quinze ou vingt jours après , on arrache ces jeunes tiges ,
et on les repique dans un terrain grossier et fangeux, où elles doivent
parvenir à la hauteur d’un pied et demi, ce qui arrive ordinairement au
bout de deux ou trois semaines. A cette époque, on arrache le riz de
( i) Dans le Voyage de Marion.