
i8j9' à se rétablir, j’espérois que bientôt nous jouirions tous d’une santé par-
Jan v ie r . navigation sous la ligne équinoxiale, où l’on
aui^M^riànnts. cut des pluies continuelles, occasionna beaucoup de rechutes ; deux
hommes succombèrent ; i’un, le maître maçon, âge de 4.9 ans, dune
santé frêle et délicate, chez qui la fièvre se joignit à un catarrhe pulmonaire,
tomba dans l’adynamie et mourut le dixième jour; l’autre, matelot
de 50 ans, usé par de longues campagnes et de fréquentes affections
vénériennes , dont il subissoit encore les suites, atteint d’une pneumonie
lorsque l’épidémie le frappa, ne put résister à cette double attaque, et
mourut d’une manière qu’on pourroit dire accidentelle. Son poumon
gauche étoit rempli d’une sérosité purulente, et carnifié dans quelques
points (0 - ”
De nouvelles contrariétés ne tardèrent pas à nous assaillir dans cette
( I ) V o ic i quelques Observations de M . le docteur Q u o y sur une fièvre pernicieuse compliquée
de vers. « François H u gu e s , jeune homme âgé de dix-huit ans, et bien constitué, avoit depuis
peu de temps u’ ne diarrhée accompagnée de douleurs abdominales assez fortes. L es anodins et
émolliens firent diminuer les déjections : ies douleurs persistèrent encore deux jou rs , jusqu’a
l’époque de l’ invasion de la fièvre. L e malade rendit un v e r par la bouche, L e len d em a in ,
10 jan v ie r , survint une difficulté de prononciation avec resserrement des mâ choire s; il ne
pouvoit se tenir debou t; ses pupilles étoient d ilatée s, et l’on remarquoit chez lui commencement
d’ hébétude et sentiment de douleurs à la tête. L e s 1 2 et 13 , les symptômes étoient dans
leur maximum d’intensité ; les m â cho ire s , de plus en plus resserrées, rendoient pénible l’administration
des médicamens. L e malade étoit sans connoissanc e, et poussoit de temps a autre
des gémissemens. C e t état dura six jo u r s , après lesquels la connoissance commença à revenir,
P e n T n t tout ce temps, l’affection vermineuse modifia tellement le caractère de la fièvre épidémique
régn an te , qu’on ne put observer aucune régularité dans sa marche. Les indications
du pouls offroient les anomalies les plus singulières; tantôt v i f , a g ité , fé b r ile , d’autres fois
tranquille ou le n t , selon que l’un ou l’autre des deux élémens qui composoient ia m a la d ie ,
venoit à dominer. " » j
« L e 3 0 j a n v i e r , Hugues étoit convalescent ; mais,, chose singulière , il avoit perdu 1 usage de
ia parole. N ous crûmes d’abord que cela p ouvoit tenir à sa foiblesse générale et un peu à sa
nonchalance ; mais nous ne tardâmes pas à reconnoître que les muscles de la langue et du
larynx avoient été frappés d’a to n ie , et qu’ils se refusoient, non-seulement à l’a rticu la tion ,
mais encore à l’émission des sons.
35 F o rc é cep en d an t, au bout de deux m o is , de s’essayèr à p a r le r , il ne réussit qu’avec b eaucoup
d’ efforts à se faire entendre. D e p u is , ses progrès vers une meilleure prononciation ont
été peu rap ides; et une année après, il falloir encore être habitué à sa manière de s’ exprimer,
pour qu’on pût comprendre, de prime a b o rd , ce qu’ il vouloit dire.
„D a n s cette maladie compliquée, qui mit pendant quelques jours la vie du malade en danger,
on joignit les anthelminthiques aux antiseptiques les plus forts. »>
LIVRE III. — D e T i m o r . a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 69
traversée, que la foiblesse des vents et l’action des courans prolongèrent
beaucoup. Bientôt nous fûmes privés de vivres frais ; tout ce que pouvoient
offrir nos tables particulières avoit été épuisé en faveur des malades ; et aux Mariannes
cependant leur état ne faisoit qu’empirer. La fièvre, qu avoient encore
plusieurs personnes, résistoit aux moyens mis en usage pour la combattre,
ou, si elle cédoit, c’étoit pour reparoître peu de temps après. L humidité,
la chaleur et i’ennui, dont l’action prolongée est toujours si débiiitante,
déterminèrent ie scorbut chez quatre individus, parmi lesquels étoit
notre aumônier, le respectable abbé de Quéien. On employa ies bains
de sable chaud contre cette affection secondaire; mais plus malheureux
que d’autres navigateurs, nous ne vîmes pas le succès répondre à notre
attente.
Cependant les torrens de pluie dont nous étions assaillis avoient leur
utilité ; iis suppléoient à répuisement de notre provision d’eau douce : on
en recevoir ie produit sur des tentes dressées à cet eftet ; puis ii étoit
aussitôt versé dans nos futailles; en deux jours seulement nous obtînmes
ainsi environ cinq milles litres de ce précieux liquide.
La longueur et ia monotonie de cette navigation furent peu interrom -
pues par la rencontre que nous fîmes, le i 2 février, des îles des Anachorètes
, e t , le lendemain , de celles de l’Amirauté. Les premières ne furent
aperçues qu’à fort grande distance. II n’en est pas de môme des secondes,
dont la principale n’étoit qu’à trois lieues de nous. Le petit nombre de
remarques que nous y fîmes ne pouvant intéresser que ies marins, nous
les avons consignées dans la partie Hydrographique de ce voyage.
En naviguant par une aussi foibie latitude, nous avions principalement
pour objet la recherche du noeud, que l’équateur magnétique pouvoit avoir
dans ces parages : mais l’état de nos malades, la rareté de nos provisions,
m’empêchèrent de persister dans ce premier dessein ; j’ordonnai de faire
route au Nord, dès le 2 5 , avec l’intention de traverser i’archipel des
Carolines, pour me rendre ensuite aux Mariannes , qui aboient devenir
pour nous le théâtre de nombreuses et d’intéressantes observations.
Le I 2 , après avoir perdu de vue ies îles de l’Amirauté, la première
terre que nous aperçûmes portoit sur nos cartes le nom de San-Bariho-
lomé; les naturels lui donnent celui de Poulousouk, que nous lui conser-
Février.
Iles
des Anachorètes.
Hes
de i’.Amirauté.
Mars,
lie s Caroline s.