
i 8 i 8 .
Dé cembre .
D e T im o r
à Raw ak.
sommes parvenus à le découvrir. Le mélange de mots malais, guébéens
et portugais qu’on y trouve, nous a long-temps arrêtés : on verra si nos
efforts ont été heureux.
Voici d abord la transcription du manuscrit en caractères ordinaires
dimprimerie; ce qn’on a mis entre parenthèses est la rectification des
mots qui précèdent, jugés être écrits avec négligence ou incorrectement
orthographiés :
( J E U ) è iU Y i l ô ' s b l / ( c f -A Y ) ( j E 12 jU . » s d l / ' liltu o t
( ô ÿ ) o y o E J l J l v y L
i drU ) o“-A ijC vjnV j j L y L ( ^(T)
0 - 6-1 (
Le même texte, écrit en lettres romaines, devant être pour beaucoup
de personnes d’une lecture plus facile, trouvera également place ici;
nous mettrons au-dessous de chaque mot son interprétation en français,
ainsi que les mots à suppléer pour satisfaire au sens, ce qui nous dispensera
de toute autre traduction.
A b d a la g a k im a lah ( i ) sn a fi d an sp a d ji (2) k ah p itan k im a lah a in p a ïa n ( 3 )
[M o i ) A b d a la g a , k im a la h s n a fi et s p a d j i c a p ita in e k im a la h [d ’une] f lo t t e !
t ig a k a p a l b e r tm o u s a to u k a p a i fra n s i k a p ita n F r e s s in i o r a n g
( d e ) trois v a i s s e a u x , ( a i ) rencontré un va is sea u f r a n ç a i s , c a p ita in e F r e y c in e t , homme
b a k t i hati p o u t ih k a s s i s a to u k a d ira (4) a k o u k a ss i
g é n é r eu x ; [son) coeur b ie n v e illa n t [m ’a ) donné une c h a is e , moi [ f a i ) donné [ à lu i)
( 1 ) T it r e honorifique et l’une des premières dignités de G u é b é ; mais nous ne connoissons
p a s, en fran ça is, d’expression équiva lente ; peut-être est-ce général. S i l’ on écrivoit ce mot
comme il se p rononce, il faudroit kimalaha.
( 2 ) Snafi et spa d ji paroissent être aussi des mots guébéens, employés probablement à développer
les titres honorifiques d’A b d ala ga.
( 3 ) L e sens de la phrase veut que ampain signifie flo t t e , division n a va le ; nous n’avons rien
trouvé en malais qui y satisfasse, d’où il a fallu conclure que ce mot appartenoit encore à
l’idiome de Guébé.
(4) K a d ir a est évidemment dérivé du portugais cadeira : les Mala is disent ho u ss i.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 7
sa to u s a ro u ( i ) t e n d a - n i a K ib i (2) d a n F r e s s in i m e n - d jo u .a d a - n i a .
sou v en ir d e G u é b é , et F r e y c in e t [m ’a ) fo u r n i d e s mets d é lic a t s . Dé cem b re .
D e T im o r
à R aw ak .
un ch a p eau ,
T am a t .
F in .
Abdalaga, qui se qualifioit aussi de kapitan Guébé, passa avec moi ia
journée toute entière, et me donna quantité de renseignemens sur la
nomenclature des îles environnantes, les souverains dont elles dépendent ;
sur la langue guébéenne et celie des Papous : nous ferons utilement usage
ailleurs de ces derniers documens. La meilleure intelligence ne cessa
pas un instant de régner entre nos équipages ; les échanges se firent avec
activité, et, en nous procurant divers objets curieux, nous mirent en
état d’apprécier i’habileté de nos nouveaux amis en matière de brocantage
et de commerce.
Le soir, après avoir dîné, Abdalaga retourna dans sa corocore, et
m’annonça qu’il continueroit de rester à ia remorque de ïUranie, pour
être plus à portée, le lendemain, de venir déjeuner avec moi. Néanmoins,
il changea d’idée pendant la nuit, et, larguant subitement ses amarres,
il s’éloigna à force de rames , et ne tarda pas à disparoître avec sa
flottille.
Arrêtons-nous un instant pour consigner ici le petit nombre de remarques
que nous avons été à portée de faire ou de recueillir sur ces
insulaires.
Qualités physiques. — <■ Quoique les Guébéens soient en général Remarques
d’une taille moyenne, quelques-uns cependant sont grands, bien faits, lesGuébéens.
musculeux , et d’une apparence athlétique ; ii y en a qui ont ies membres
grêles et une foible complexión; d’autres sont trapus, et d’un aspect
repoussant. Tous ont un teint noir olivâtre, ie nez épaté, les sourcils
peu fournis, ies yeux enfoncés, les lèvres épaisses et avancées, et les
muscles pectoraux fort saillans. Tantôt c’est la lèvre inférieure qui est
la plus proéminente; tantôt, et plus souvent, c’est la lèvre supérieure. -
( 1 ) Sraou et saro u, qui signifient chapeau, se trouvent au nombre des mots de ia langue
guébéenne que nous avons recueillis.
( 2 ) Quoique A b d ala g a ait écrit K ib i pour le nom de son î le , il le prononçoit G u ébé , ainsi
que je l’ai écrit.