
3 1 6 VO YAGE AUTOUR DU MONDE.
Iles Mariannes, précédentes, le plancher y est élevé au-dessus du sol, mais d’une quanhmaU
surpasse pas 2 ou 3 pieds. L’édifice est un carré long, ayant
I 8 pieds sur i o de côté, et séparé en deux parties inégales : l’une, qui
est de moitié moins grande que l’autre, forme la chambre à coucher des
chefs de la famille; elle communique par une porte à la pièce principale,
et deux petites lucarnes servent au renouvellement de l’air et à
l’introduction de la lumière. Cette dernière est à-Ia-fois salon, salie à
manger et dortoir pour les enfans; eile reçoit le jour par deux portes
latérales de sortie , où l’on arrive à l’aide d’échelles ou de petits escaiiers,
en bois comme le reste de l’édifice. La toiture est recouverte en feuilles
de palmier, assez serrées pour intercepter tout passage à l’eau.
La cuisine est toujours établie en dehors et à peu de distance du logis;
son foyer consiste en plusieurs pierres propres à recevoir les marmites,
et le tout est abrité par un toit léger, que soutiennent quelques perches
fichées en terre. Il y a des habitations plus vastes, sans doute; mais
toutes sont établies sur les mêmes principes : les plus grandes sont
distribuées en quatre pièces ; ia chambre à coucher, celle où l’on
mange, le magasin où i’on serre les provisions, et une saile de travail
qui sert en même temps de dortoir. Quelques fenêtres sont percées
de distance en distance ( pi. 70) ; la cuisine est toujours isolée du corps
de logis principal.
Ce dernier usage est encore suivi par quelques habitans métis , et
même par les dépositaires de l’autorité, dont les maisons sont bâties
en pierre et couvertes en tuiles, à l’instar de nos constructions européennes.
Ainsi, par exemple, dans ia maison du gouverneur, à Pago,
dont notre planche 80 offre l’esquisse , le n.° 9 indique la cuisine, qui
communique au reste du bâtiment par la chaussée ou terrasse n.“ 8. Les
maisons de ce genre, on le voit, ne sont portées ni sur des pilotis, ni
sur des piiiers en maçonnerie, et cependant le plancher sur lequel on
marche est encore exhaussé de quelques pieds. Le vide qui règne en
dessous n est ni habité ni même habitable, à cause de l’humidité qui s’y
entretient : quelques personnes néanmoins en font nn magasin pour les
objets qui ne craignent pas la moisissure. Des vitraux en nacre de perle
ou en feuilles minces de corne garnissent ies fenêtres des habitans les
D e l’homme
en famille.
Meubles
et ustensiles.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 3 17
plus riches ; chez d’autres elles sont closes avec des stores ou de simples l ie s Mariannes. V Ta _ i>i_____
nattes ou claies diversement fabriquées.
Meubles chez les anciens. — Les Mariannais ne couchoient autrefois que
sur des nattes [gaafak]-, ie hamac en filet, récemment introduit chez eux,
leur étoit inconnu (i) ; iis avoient, pour les enfans à la mamelle, une
espèce de berceau [fagapsan] tissé en feuilles de vacoua, consolidées par
de petites côtes d’un bois léger, dont on peut voir l’emploi et la forme
sur notre pianche 62. Alioient-ils en voyage, un panier de forme prismatique
[akta], garni de deux cordons croisés en diagonale, servoit
à coucher ces jeunes créatures ; le tout ensuite étoit porté au bout
d’un bâton placé sur i’épaule. Ce moyen de transport, qui n’est pius
aujourd’hui en usage, étoit encore employé à Goam dans le cours
de 1807.
Halan mamaon [boîte au bétel] est maintenant, mais sur-tout elle
étoit dans ies temps antiques , un meubie obligé, destiné à recevoir i’atti-
rail du précieux masticatoire. Cette boîte, d’une forme prismatique , et
surmontée de deux arceaux en guise d’anse, avoit 8 pouces carrés d’ouverture,
et étoit tissée en feuiiles de vacoua avec beaucoup d’éiégance et
de soin. (Voy. pl. 62.)
Pendant ies repas, ies mets étoient servis sur nue natte [téfan] qu’on
étendoit par terre. On nommoit alan tchin-o un panier qui servoit à
renfermer, au logis, les provisions de bouche; sarghi, un plateau où,
pendant certaines cérémonies, on plaçoit ie gâteau de riz nommé hinigsa
sinargan, dont il sera plus particulièrement fait mention dans la suite :
ie kotad étoit un vase rectangulaire, tissé, comme les précédens, en
feuiiies de palmier, et destiné à transporter, d’un point à un autre,
le riz qn’on envoyoit en cadeau (pl. 7 9 , fig. 9).
Nous citerons encore, comme objets analogues, ie salaa, sorte de sachet
fermant en étui et précieusement travaillé (pl. 79, fig. 2 5 ), qu’on empioyoit
, les jours de grande fête, à mettre .les boulettes de bétei qu’il
falloit offrir aux personnes de considération. Le balagbag, sac de moyenne
dimension, fermant à recouvrement, et ie hageg, énorme panier en
( i ) L es Ca rolinois des îles R ad a k s’étendent sur une pagne grossière , et un morceau de
bois leur sert d’oreiller. ( Voye^ Kotzebue , vo y ag e cité. )