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256 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Iles Mariannes. de toute idée de comparaison; et c’est peut-être à un prestige analogue,
F e r t ilu é du sol ; quoique en sens contraire, qu’on doit les éloges outrés que certains navigateurs
ont fait d’une partie des terres qui sont l’objet de ce chapitre.
Mais passons au résumé de nos propres remarques.
Gaam. — Les forêts de Goam, en général bien fournies, n’ont cependant
pas cet aspect brûlant et gigantesque qui semble être plus particulièrement
l’apanage des contrées équatoriales ; néanmoins nous y avons
vu queiquefois se reproduire un phénomène qui nous avoit beaucoup
surpris à Rawak, celui d’une végétation arborescente sur un sol entièrement
privé d’humus : ià c’étoit ie figuier multipliant qui couvroit de
ses rejets des roches arides ; ailleurs, des cycas qui se développoient sur
les falaises ies pius abruptes et les plus dépouillées.
Plusieurs cantons n’offrent que des forêts ; d’autres sont livrés à l’agriculture
ou abandonnés aux grands bestiaux, qui y trouvent de précieux
pâturages ; peu de localités portent un caractère de stérilité absolue.
Si l’on imagine une bande qui, partant d’Ynarahan, s’élève au Nord, en
suivant la côte, sur une largeur de deux milles, passe à Tarofofo, Tachia,
Ylic, pour se rendre ensuite à Tachogna, elle aura parcouru ies terrains
les plus boisés de la partie méridionale de l’île ; tirant ensuite un trait
de démarcation d’Agagna à Pago, tout ce qui restera au Nord-Est de
cette ligne sera encore couvert d’une immense forêt. A ia vérité, ies arbres
n’y sont point enlacés dans ces lianes sans fin qui ailleurs envahissent
en tout sens les intervalles qu’ils laissent entre eux, ou qui, pendant
de leur sommet, simulent ies manoeuvres d’un vaisseau; mais il n’est
pas pius facile de parcourir les terrains que ceux-ci occupent. « Un
arbuste importé dans l’île depuis quarante ans environ, le limoncito, a
singulièrement multiplié par l’intermédiaire des oiseaux, qui, aimant beaucoup
les baies rouges et succulentes qu’ii porte, en sèment les graines,
qu’ils ne peuvent pas digérer, sur toute la surface du sol ; or cette
plante étant armée de fortes épines, il devient impossible de traverser
les fourrés qu’elle forme. » ( M. Quoy. )
Les savanes les plus remarquables par leur étendue sont, sur la même
île, i.° celle de Lagoigna, qui se développe sur tout l’espace compris
entre ia rivière de Sempahone et celle de Tarofofo, en commençant à
LIVRE III. — De T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 257
une demi-iieue de la mer, et tirant au Nord-Ouest jusqu’au village Iles Mariannes.
d’Agat; 2.“ celie qui, de la rivière de Sempahone, va d’abord à Ta-
chfflgna, puis jusqu’à Tinkio. Quand de ià tirant au Sud et suivant la
crête des montagnes, on passe à Talisay, pour rallier les hauteurs qui
dominent ©mata, et qu’on tourne ensuite à l’Est vers Ynarahan et ies
plaines de Dandan, on ne voit guère que des savanes. Il s’en trouve
aussi, à Santa-Rosa, une de peu d’étendue. Outre ieurs pâturages, tous
ces terrains nourrissent des arbrisseaux dun bois dur; mais il n y croît
ni arbres à pain, ni cocotiers, ni racines nutritives, à l’exception toutefois
du gapgap; çà et là encore, et à de grands intervalles, on rencontre
des bouquets d’arbres.
Quelques défrichemens ont été faits au milieu des bois par ies Espagnols,
dans le but de créer des savanes artificielles, où les nombreuses
bêtes à cornes dont on leur doit la naturalisation, pussent trouver un
abri contre les ardeurs d’un soieil dévorant.
Les districts ies plus fertiles de Goam sont ceux de Mérizo, ©mata,
Assan, Agat, Sinahagna et Ynaharan; cependant Agagna l’emporte par
le développement de ses cultures , ainsi que nous le ferons voir plus bas.
De tous ies sites que nous avons visités, le plus agréable, par son paysage
et sa belle végétation, est l’espace compris entre Tépongan et ia ville
capitaie. Le joli dessin que M. Peilion a donné d’une des vallées quon y
rencontre, a été gravé pL yo de notre Atlas.
Agaigan. — « Avec des flancs entièrement rocailleux , cette îie est
cependant couronnée d’un bois épais cjui s’étend jusqu a ses parties les
plus élevées. Vue à grande distance, eile paroît sèche et aride ; mais
quand on s’en approche, on la juge bien différemment.
Rota. — « Les points inhabités sont ici tellement hérissés de broussailles,
qu’il est difficile d’y pénétrer; l’aspect de ces épais hailiers auroit meme
quelque chose de fort triste, si des groupes de rimas, de dogdogs , de
tamariniers , de figuiers miiltiplians , de cocotiers , et d autres beaux
arbres, disséminés de loin à loin, n’en rompoient agréablement la fatigante
uniformité. En général, la vue s’arrête avec plaisir sur les terrains
boisés de l’île ; les traînées de roches qui parfois les traversent, et dans
lesquelles de grands végétaux incrustent ieurs racines pour y puiser ia
Voyage ik l’U mu ie. — Historique. T . II. k E