
Iles Carolines. Entre une multitude de faits , j’ai choisi le suivant pour montrer l’habi-
^en !ocï™té!' carolinois. L ’un d’eux revenoit de Saypan sur une goëletté
Rose des vents.
appartenant au gouverneur de Guam : le capitaine et ie second étoient
malades; le troisième officier, fort ignorant, dirigeoit mai ia route. Le
Carolinois 1 avertit qu’on venoit de dépasser ie parallèle de cette dernière
île, et que, si l’on ne changeoit de direction, on arriveroit le lendemain
aux Carolines : celui-ci, dans le premier moment, ne voulut pas écouter
cet avis; mais l’insulaire ayant insisté à piusieurs reprises, un sergent
fit virer de bord d’autorité, et l’on vint en effet attérir directement sur
Guam. J ’ai vu cet homme; c’est lui qui m’a fait connoître la boussole ca-
robnoise, ou plutôt la manière dont ses compatriotes divisent la rose des
vents.
D’abord l’horizon est partagé en quatre parties cardinales, le Nord,
le Sud, l’Est et l’Ouest; puis chacune d’elles en trois; total douze rumbs
de vent ayant tous une dénomination spéciale : enfin , chacun de ces
douzièmes étant divisé encore en deux parties égales, le rumb qui en
résulte porte le nom des deux autres entre lesquels il se trouve posé;
seulement 011 sépare ces deux noms par le mot aouleuile [milieu] . Ainsi,
yorou-lap ûgmf-voSud;yorou-leas, Sud -j Est, ou V. jo " E .; par conséquent,
yowu-Iap aouleuile yonu-leas, s’entend de S. \ S .y 0" E . , ou Y. i f E . ; ce
sont leurs plus petites subdivisions. On voit donc que la circonférence
entière de l’horizon est partagée en 24 portions égales ; or c’est justement
la rose chinoise _( i ) : rapprochement curieux, qui, je pense, n’avoit
pas encore été fait.
La boussole malaise, tracée d’après un autre système, est la même que
celle dont nous faisons usage en Europe. Effectivement, chacun des quatre
points cardinaux étant divisé en deux, le tour de l’horizon comprend
huit parties diversement nommées. Ces rumbs de 45" se coupent encore
en deux autres qui prennent le nom de ceux entre iesquels ils tombent,
en les séparant par le mot sa-mata, dont la signification littérale est un
oeil, mais qui exprime ici une pointe entre les noms primitifs. Par conséquent,
le Sud étant sdlatan, et le Sud -E st, tànggara, le rumb intermédiaire
sera sdlatan sa-mata tdnggara, ce qui pour nous correspond au
( J ) Voyez Syntagma d'issertationum, de Thomas Hyde, & c ., t. II.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 105
Sud-Sud-Est, ou S. 2 2 ” 30' E. Les Maiais connoissent cependant aussi la Iles Carolines,
division du quadrant en trois parties ( i) , à ia manière des Chinois. De l’homme
en société.
( Ouest. ) L o to oiap . -
Y'""
Voici la rose des vents caroli-
noise, que j ’ai bornée aux douze
points principaux ; les autres
noms peuvent aisément être conclus
de ce qui précède.
M. Duperrey assui'e que ces insulaires
nomment collectivement
Les trois rumbs de ia
bande du N o rd . . . . Pouh-ou,
C eu x du Sud................... Pouh-ilong, [ | "i
C eu x de l’L s t ................. Pouh-itag, ^ ïè
E t ceux de rO u e s t.. . . Pouh-itog. ^
A ce compte , panghi-lessoné, panghi-lap et panghi-le'as seroient les
trois rumbs de la bande pouh-ou, ou du Nord ; et ainsi des autres.
Il est certain que, sur iarose que je donne, les rumbs , pris ainsi de trois
en trois, ont toujours un nom commun, qui est panglii pour la bande du
Nord , kotiou pour celle de i’E s t , yorou pour ie Sud, et loto pour i’Ouest.
Quatre autres mots, le'as, afané, are et lessoné, servent à particulariser
davantage les aires de vent.
D’après ies renseignemens que nous avons recueillis à Guam (2 ), l’année
carolinoise ne seroit composée que de dix mois, partagés en deux
groupes ainsi qu’il suit :
Toungour,
M o l ,
M a h e la p ,
So ta,
L a .
Ces cinq Jiiois sont troublés par de fréquentes tempêtes,
et se nomment Lléfang. Ils doivent répondre à nos
mois de ju in , juillet, août, septembre, octobre et
novembre.
( I ) Voyez C raw furd , H is t . e f the Ind ian archip. t . L
(2) Il m’a été impossible d’obtenir la moindre explication de la personne qui m’a remis
cette note; c’étoit, je crois, l’alcade de la ville d’Agat. Tout son savoir, en ceci, se bornoit à
la note elle-même, qu’il s’étott procurée je ne sais comment.
Vqyngc de l ’Uranie. — Historic|uc. T. II.
Division
de l’année.
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